lundi 24 septembre 2012

Sentences !


25 T.O. Lundi 12/B       -      Proverbes !       (Prov. 3.27-34  - Mth 8.16-18)

J’avoue que le livre des Proverbes…                                 [ainsi que les livres dit “sapientiaux“,
Qohéleth (Ecclésiaste), Siracide (Ecclésiastique) etc…]
…ne m’est pas très familier. Il s’agit de “sentences“ que la mémoire d’un peuple sémitique, d’un “peuple de l’oreille“ a glané ici ou là, au cours de son existence mouvementée, au contact de peuples divers (Egypte, Assyrie, Babylone…).

Il faut parcourir ce livre, car, me semble-t-il, nombre de sentences concernent le savoir “bien-vivre“, et le savoir “bien-vivre ensemble“ ! Et certaines de ces sentences seraient certainement très profitables encore aujourd’hui pour de bons rapports entre les hommes, entre les nations… ! C’est toute une sagesse expérimentale des anciens qui est transmise !

Il faut retenir le titre de ce livre : “Proverbes de Salomon, fils de David, roi d’Israël !“

- “Proverbes de Salomon“ ! On ne prête qu’aux riches ! Et ce roi, Salomon, par ailleurs très discutable, passait pour avoir eu des dons littéraires, des dons de discernement, de gouvernement, et avoir été l’auteur de nombreuses sentences ! Soit !

- Mais l’écrivain ajoute - et c’est significatif - : “fils de David, roi s’Israël !“. C’est d’abord souligner une conception fort admise en Orient ancien : la Sagesse (l’art de “bien-vivre“) ne pouvait venir que du roi ! Et le “roi d’Israël“ n’était-il pas le “Seigneur“, en ce sens qu’il était, devait être l’oracle de Dieu lui-même : il parlait, devait parler au nom de Dieu !
Naturellement, il pouvait y avoir de mauvais rois (Cela arrive n’est-ce pas ? Disons de mauvais responsables, politiques ou autres… !). Cependant, en spécifiant “fils de David“ qui fut l’“Oint du Seigneur“ par excellence, l’auteur sacralisait un livre que son contenu risquait de confiner dans la sphère du profane. C’était une manière d’inviter l’auditeur ou le lecteur à reprendre ces sentences venues de divers âges et endroits comme venant surtout de la part de Dieu qui s’adresse à l’homme comme un père à son fils, comme un père aimant : “Mon fils, est-il dit, n’oublie pas mon enseignement“ (3.1), l’enseignement de Dieu, la Loi ! On retrouve là, déjà, les accents de l’enseignement de Jésus lui-même, nous présentant Dieu comme un Père aimant, comme “Notre Père“ !
N’est-ce pas ce qu’a voulu souligner St Benoît également en commençant la rédaction de sa Règle : “Ecoute, ô mon fils !“. Ecouter ! Ecouter filialement Dieu notre Père. “Ecoute mon fils… ; tend l’oreille de ton cœur“ !

Il est bon de relire ces sentences si actuelles : “Ne refuse pas un bienfait !“ – “Ne dis pas à ton prochain : « vas-t-en, tu reviendras demain… ! »“ – “Ne projette pas le mal contre ton prochain… !“ – “Ne te dispute pas sans motif… !“
Et puis : “Le Seigneur a horreur les hommes pervertis ; mais il ouvre son cœur aux hommes droits… !“.

C’est probablement dans ce contexte qu’il faudrait accueillir la sentence du Seigneur dans l’évangile, une sentence - car c’est bien une sentence ! -  qui, par sa concision, paraît abrupte : “Si quelqu’un possède, on lui donnera ; et si quelqu’un ne possède rien, on lui enlèvera même ce qu’il croit posséder !“.

Cette sentence est formulée dans les évangiles, avec quelques nuances, soit à propos de la parabole de la semence (c’est-à-dire à propos de l’enseignement de Jésus), soit à propos de la parabole des talents. Et, en cette occasion, Luc lui-même sera encore plus abrupte : “à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé !“. (19.26).

Cette formule exprime - comme un proverbe - le caractère provisoire de tout avoir temporel : il faut faire valoir son bien, sous peine de le perdre. “C’est en forgeant qu’on devient forgeron“, disons-nous. Faute de travailler, nous perdons tout. Et cela se vérifie autant dans le domaine des biens matériels,  artistiques, intellectuels… ou autres… !

En notre texte, il s’agit du bien spirituel qui nous est donné pour éclairer notre vie. Or une lampe doit être mise en évidence pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont ou qui entrent dans la maison. Sinon elle est inutile !
C’est le même enseignement en Mathieu, à propos de la semence qui doit fructifier : celui qui a possède, dans la foi en Jésus, la connaissance du Royaume ; et il lui sera accordée une plus  complète encore : sinon - et Matthieu de citer Isaïe - :
certains “regardent sans regarder“ : ce sont des aveugles !
“ils entendent sans entendre et comprendre“ : ce sont des sourds !
“… alors, le cœur de ce peuple s’est endurci…“ : peut-être est-ce chez Mathieu une allusion à l’infidélité d’Israël ; n’ayant pas écouté le Messie, il lui a été enlevé même ce que ce peuple  avait ! Ce fut la ruine de Jérusalem !

St Marc (4.23) conclura : “Faites donc attention à ce que vous entendez“ : l’objet de l’écoute, chez Marc, c’est l’enseignement du Seigneur, sa parole qui exige obligatoirement attention !
St Luc portera la sentence davantage sur l’attitude de celui qui écoute : “faites donc attention à la manière dont vous écoutez“, sinon tout vous sera enlevé !

On pourrait conclure par d’autres sentences significatives et qui devaient se transmettre en l’Eglise primitive :
“Vous avez reçu gratuitement, donnez donc gratuitement“ (Mth 10.8), sinon tout sera repris !
“Dieu aime celui qui donne avec joie !“ (2 Co. 9.7) “comme le Christ s’est donné lui-même pour nous !“ (Tite 2.14).
“Jésus a donné sa vie pour nous, nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères“ (I Jn 3.16).

Autrement dit, avec Jésus, avec Dieu,
on ne s’enrichit qu’en donnant, qu’en se donnant !
Sinon, c’est la ruine !

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