samedi 29 septembre 2012

Les Anges !


29 Septembre : Fête des Saints Michel, Gabriel, et Raphaël, archanges
Ap 12,7-12 - Jn, 47-51

La fête d’aujourd’hui nous rappelle tout d’abord que, selon la révélation biblique, les hommes ne sont pas les seuls acteurs de l’histoire du monde. C’est un article de foi ! Et par ailleurs, comment rendre compte, sans toutefois l’expliquer, du mal qui règne dans la création et du déroulement de l’histoire où le bien et le mal croissent en même temps, comme l’ivraie et le bon grain de la parabole, si intimement entremêlés qu’aucune solution simpliste ne peut résoudre les problèmes qui se posent. Il faut attendre, dans l’espérance, le temps où - par le Christ, en Lui, avec Lui - les discernements seront possibles. Il nous sera alors pleinement signifié : “Voici le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ !“ (lecture).

Le serpent du paradis terrestre évoque déjà - quand il dit à Eve : “vous serez comme des dieux“ -, que, antérieurement à l’existence de l’humanité, des puissances célestes ont abusé de la liberté que Dieu, en son amour éternel, avait donnée, … ils en ont abusé pour introduire la zizanie dans le monde. Ce serpent des origines fait pendant au dragon de l’Apocalypse, qui, “furieux contre la Femme, s’en va guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus“. (Ap 12,17)

Ainsi, la Femme et sa descendance, en butte avec les puissances du mal, sont là, à l’Alpha et à l’Oméga de notre histoire. De bons exégètes pensent qu’ils sont là aussi au centre, au pied de la Croix, figurés par Marie et le disciple bien aimé - “Voici ta mère…, voici ton fils…“ -. Ils sont là dans l’évangile de St Jean qui est peut-être le sommet de la révélation néo-testamentaire, à l’accomplissement des Ecritures, quand il n’y a plus qu’à “regarder Celui qui a été transpercé“, élevé pour le salut du monde (comme le fut le Serpent d’Airain pour la guérison d’Israël dans le désert).

Mais à l’opposé de ces mystérieuses puissances maléfiques, il y a aussi, et heureusement, de mystérieuses puissances bénéfiques. Dans la liturgie latine, comme dans la liturgie de l’Orient, on fête plus particulièrement certains anges : St Michel, St Gabriel et St Raphaël, avec aussi les anges gardiens. Ils sont là, les anges, pour nous accompagner d’un bout à l’autre de chacune de nos existences ; ils sont présents à chaque instant de nos cheminements personnels.

Car l’ange, dans la Bible, est avant tout celui qui guide, qui marche en avant du peuple dans le désert (Ex. 14.19sv). C’est encore un ange qui est envoyé à Moïse pour faire entrer le peuple dans la Terre promise (Ex. 23.20-21). Et le Christ lui-même est assisté d’anges d’après le ps. 91, cité par St Matthieu (4.6).
Et ici-bas - il ne faut pas s’y tromper -, certaines personnes sont investies d’une puissance angélique. Ce sont des “messagers“ (“messager“- “ange“, c’est le même mot en grec) qui, en quelque sorte, marchent en avant du Seigneur pour préparer sa venue. Tel Jean-Baptiste (Cf. Mth 11.10) qui, pour cette raison, est représenté dans l’iconographie byzantine avec des ailes d’ange. Jean-Baptiste est à la fois prophète (“prophètès“ - Mth. 3.1-4), messager (“aggelos“ - Lc 7.27)  et précurseur (“prodromos“ - Mth 3.11) (1). Ainsi donc, la vocation de tout ange - quel qu’il soit - est avant tout de préparer la venue du Seigneur dans les cœurs, hier comme aujourd’hui et demain. Il y a toujours des "Jean-Baptiste angélique" dans nos vies !

On parle facilement de Michel, Gabriel, mais moins de Raphaël. C’est dommage, me semble-t-il ! Dans le livre de Tobie, l’ange Raphaël, avant de guider le jeune Tobie sur la route, “synchronise“, au pied du trône de Dieu, les prières de deux êtres qui habitent à des milliers de kilomètres l’un de l’autre :

Au chapitre 3ème, le vieux Tobit, l’âme désolée, insulté par sa femme, pleure dans une prière poignante : “Je sais bien que Tu es juste, Seigneur…. ; mais quand même, j’en ai tellement assez que pour moi la mort vaut mieux que la vie !“.

Et un peu plus loin (Tb3,10) - notons le “synchronisme“ -, il advint que Sara, fille de Ragouël, habitant d’Ecbatane en Médie, insultée par sa servante, est, elle aussi, au bord du désespoir : “Ce jour-là, elle eut du chagrin, elle sanglota, elle monta dans la chambre de son père, avec le dessein de se pendre !“.

Et au verset 16ème du même chapitre : “Cette fois-ci, leur prière, à l'un et à l'autre, fut agréée devant la Gloire de Dieu, (grâce à l’ange Raphaël qui rassembla leurs prières devant le Seigneur, les “synchronisa“) …et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous les deux…. A ce moment-là, - voyez encore le “synchronisme“ ! - Tobit rentrait de la cour dans la maison ; et Sarra, fille de Ragouël, de son côté, était en train de descendre de la chambre“.  Raphaël ! Invisiblement, il “synchronise“ nos prières devant Dieu ! Aussi Dieu l'envoie ! Alors il guérit, guide, fait rencontrer… Il conduit vers une “terre promise“, vers  le bonheur. Et c’est la joie, la guérison…, ce sont des noces ! (entre Tobie et Sarra). (Il faut faire lire ce livre aux “fiancés“ !).

Les anges “synchronisateurs !“ ! Il faut savoir les reconnaître : faites jouer votre mémoire ; et demandez-vous, si la présence de ces anges “synchronisateurs“  n’a pas été finalement pour vous, par-ci, par-là,  dans vos existences et peut-être surtout dans  vos rencontres (comme pour Tobie et Sarra), une évidence plus qu’un objet de foi !

C’est dans cette même évidence qu’il nous est parlé de ces anges gardiens qui accompagnent la destinée de chacun d’entre nous, depuis notre conception jusqu’à notre dernier souffle. Et on peut espérer qu’au jour de notre mort, notre ange-gardien nous transportera, comme le pauvre Lazare, dans le sein d’Abraham !

Soyons comme Nathanaël invité à voir partout l’échelle de Jacob plantée en terre sur laquelle “les anges de Dieu montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme !“. Je me suis toujours demandé - irrespectueusement sans doute - comment peuvent-ils monter avant de descendre ! Mais peu importe ! Ils sont là, les anges - ces anges “synchronisateurs - pour nous faire toujours bénéficier de l’Alliance entre ciel et terre, alliance réalisée une fois pour toutes par “le Fils de l’homme“, le Christ ! A lui, gloire éternelle !

(1) Cf. Ysabel de Andia : “La Voie et le Voyageur“ p.23

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