jeudi 20 septembre 2012

La Résurrection !


24 T.O. Jeudi 12/B       -   (I Co. 15.1sv)

Il semble que St Paul avait répondu à tous les problèmes que posait la Communauté de Corinthe. – Mais très probablement - et on ne sait ni comment ni par qui -, l’Apôtre a eu connaissance d’un danger qui, s’il prenait corps, serait bien plus grave que ceux qu’il vient de contrer !

Il est des “sages“, des “Spirituels“ n’est-ce pas (des “Pneumatiques“) ou des libertins qui, tout en admettant la résurrection du Christ, montrent un certain scepticisme à l’égard de ce qui fait l’objet de l’espérance chrétienne : la résurrection des corps !
Sans doute y sont-ils amenés, ces fameux “sages“ pourtant inconséquents, par les préjugés de la sagesse grecque qui tient la matière comme méprisable. Et le corps fait partie de cette matière méprisable dont la mort nous délivrera (cf. mythe de la caverne chez Platon). De ce fait, à ces “sages“ l’immortalité de l’âme leur suffit ! (1) Ces “Spirituels“ (ou “Pneumatiques“) ne voient pas, une fois de plus, ou ne veulent pas voir l’inconséquence de leur raisonnement ; car, de façon toute logique, niant la résurrection des corps, ils devraient nier tout autant la résurrection de Jésus ! Mais alors, la preuve que le Christ est le Maître de la vie et de la mort, qu’il est venu nous “racheter“…, bref, toute la foi chrétienne perdrait ses fondements, ne serait qu’une illusion parmi tant d’autres.

L’apôtre Paul veut remettre la Communauté chrétienne sur le chemin d’une bonne intelligence de la foi en évitant impérieusement deux embûches :
- ou bien se figurer une résurrection qui serait le prolongement des mesquines conditions corporelles de la vie présente…
- ou bien attendre un corps qui ne serait plus le nôtre - par excès de “spiritualisation“ (1) - ; il ne répondrait plus alors à notre réelle personnalité !

                Aussi son discours suit un schéma simple :
- d’abord, il rappelle les attestations détaillées de la résurrection du Seigneur ! C’est notre lecture.
- Puis il va argumenter : la résurrection du Christ atteste la possibilité de résurrection de tout corps humain. Car si on nie cette dernière possibilité, il faut nier la résurrection du Christ. Ce sera la lecture de demain.
- Enfin, il parlera du mode de résurrection.

Il fixe donc tout d’abord l’attention sur un point capital de son évangile : “Je vous ai transmis ce que j’ai reçu moi-même ! “Je vous ai transmis…“. Le verbe rappelle le mot de “Tradition“.
Les auteurs qui pensent que Paul aurait joui d’une révélation directe, privée, particulière sont gênés par le sens précis du verbe, du mot “Tradition“ qui véhicule tout ce que la Providence divine a transmis et transmet aux hommes depuis les origines (Ce que les Orientaux appelle l’“Economie divine“) – Evidemment, cette “Tradition“ est bien plus importante que la tradition d’une révélation privée que Paul mettrait en exergue !
Aussi, vaut-il mieux penser que le converti de Damas a été simplement instruit, surnaturellement peut-être mais ecclésialement certainement et d’abord par Ananias à Damas (Act 9 17-18) de cette immense vérité du Christ, Dieu fait homme, qui lui est apparu, vérité tout à fait conforme à la Tradition, conforme aux Ecritures (expression qu’il reprendra d’ailleurs deux fois de suite).

A cette occasion il me plaît de demander parfois quel fut le temps écoulé entre l’instant du chemin de Damas et l’instant où Barnabé vint chercher Paul à Tarse (Act. 11.25) pour “l’œuvre de l’Esprit Saint“ (Act. 13.2) : l’évangélisation des païens.  Un certain temps, me dit-on ! Oui, un temps assez long : une bonne dizaine d’années. Alors, autre question : Qu’a donc pu faire, pendant tout ce temps, le bouillant et actif Paul ? Il me plaît encore de penser que ce “pharisien, fils de pharisien“ (Act. 23.6), cet ancien élève de Gamaliel à Jérusalem (Act. 22.3), relut et relut encore toutes les Ecritures à la lumière du Christ ressuscité. Il fit, dirions-nous, une longue et profonde “lectio divina“, au point que plus tard, pendant ses longs voyages apostoliques, il n’avait nul besoin de parchemins pour citer les nombreux passages de la Bible qui émaillent ses écrits et ses discours. Une grande et belle leçon paulinienne, me semble-t-il…

Ceci étant dit entre parenthèses, Paul a transmis, en tous les cas, le message essentiel de la foi : “le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Ecritures ; il a été enseveli…“ : précision d’un fait qui semble indiscutable et qui exprime la certitude de la mort du Christ ! “Il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Ecritures“, précise-t-il encore. “Il a été vu par Pierre, puis des Douze !“. Les apôtres n’étant que onze à ce moment-là, on peut penser que l’expression “les Douze“ fut très vite une expression collégiale désignant les apôtres. “Puis, il a été vu de plus de cinq cents frères en une seule fois - la plupart sont encore vivants ! -“.

“En tout dernier lieu, il m’est aussi apparu à moi, l’avorton“. Le mot employé par l’apôtre “ektrômati“ se dit d’un enfant mort-né ou du fruit de couches prématurées qui en porte physiquement certaines conséquences. On sait que Paul n’avait pas très belle apparence ; d’après les “Actes de Paul et Thècle“ (2ème s. – Mais faut-il se fier à cet ouvrage, une “supercherie“ d’après Tertullien ?), il était petit de taille, chauve, les jambes arquées, les sourcils se rejoignant au-dessus du nez légèrement busqué. Bref, extérieurement, ce n’était pas un parangon d’humanité. Il me plait de souligner cet aspect, non parce que moi-même fus un grand prématuré - on annonça ma mort avant ma naissance ; je ne sais s’il en reste quelque chose ; mais, de ce fait, aussitôt né, aussitôt baptisé et par une femme de surcroît ! Oh ! Rassurez-vous une “sage femme“ !  -, … mais il me plaît de souligner cet aspect physique de l’apôtre parce que certains, certaines dénués de beauté extérieure révèle une beauté intérieure qui transfigure admirablement leur aspect physique plus ou moins défavorable. D’ailleurs, “la beauté physique ne dure pas“, dit le livre des Proverbe (31.30), - “l’espace d’un matin“, dirait Ronsard -. Et le sombre mais réaliste Siracide d’ajouter : “Ne loue pas un homme pour sa beauté“ (11.2), “ne te laisse pas entraîner par la beauté d’une femme“ (25.21) ; et surtout, “qu’elle ne te captive pas par ses œillades“, précise le livre des proverbes (6.25). Ceci étant dit avec humour (2), je veux souligner que la véritable beauté est intérieure ! D’ailleurs, les mêmes “Actes de Paul et de Thècle“ disent de Paul que “parfois il avait l’air d’un homme et parfois sa figure était celle d’un ange“ (même si on n’a jamais vu un ange… peu importe !). - “Je suis noire (halée par les travaux des champs, sans doute), mais je suis belle“, disait la bien-aimée du Cantique des cantiques (1.5). La véritable beauté, révèle St Pierre (I Pet 3.4) est une “disposition cachée dans le cœur“.

Mais peut-être et même certainement, par le mot employé - “avorton“ -, St Paul fait allusion au caractère anormal, violent - je dirais chirurgical - de sa naissance à la foi chrétienne sur le chemin de Damas, d’autant plus qu’il exprimera toujours son indignité ayant été persécuteur de l’Eglise ; aussi, ajoute-t-il, “je ne suis pas digne d’être appelé apôtre“. Mais mon message, avec celui des autres apôtres, n’en a pas moins de portée : Oui, le Christ est vraiment ressuscité… Voilà mon message et ce que vous avez cru !

(1) Cette pensée est demeurée parfois en chrétienté !
(2) ce qui va certainement me valoir quelques récriminations féminines… !


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