lundi 3 septembre 2012

le "Désir" de Dieu !


22 T.O. Lundi 12/B       -      Le “Saint Désir !“ -  St Grégoire le Grand

A partir de quelques notes, je voudrais - trop rapidement et imparfaitement certes -, vous encourager à sans cesse redécouvrir ce que les Anciens appelaient - dans la tradition monastique - “le désir de Dieu“. St Grégoire m’y encourage, lui qu’on a souvent appelé “le docteur du désir“. La componction (1) et le désir sont des manifestations de l’amour qui tend sans cesse à l’union à Dieu.
“Celui qui de tout son esprit désire Dieu a déjà certainement celui qu’il aime“.      Hom. in Evang. 30, 1

Grégoire donne souvent comme exemple Ste Marie-Madeleine chez qui tous les thèmes se mêlent : recherche de Dieu, pleurs d’amour (componction), et grand désir de Dieu :
“Elle pleurait en cherchant, enflammée du feu de son amour, elle brûlait de désir… À celle qui aime, il ne peut suffire de regarder une seule fois car la force de l’amour multiplie l’ardeur de la recherche…“. Et ce désir intense, dit Grégoire, est capable de saisir déjà ce que l’on cherche.  Hom. in Evang. 25

Oui, le désir augmente notre capacité de Dieu. Aussi, ne soyons que “désir“, car ce désir - qui est un état de prière - est la forme même de notre amour. « Anhelare, aspirare, suspirare » : St Grégoire a tout un vocabulaire limpide, pur pour exprimer ce désir de Dieu. Le désir, à mesure qu’il s’intensifie, est comme déjà comblé par une possession de Dieu qui le fait croître encore. 
                Plus encore que St Augustin, et avec un autre accent, Grégoire a chanté à chaque page de ses écrits ce désir de l’âme.
Naturellement, le désir de Dieu suppose une purification des désirs          
           Et la purification des désirs se réalise par l’ascèse. L’homme terrestre désire naturellement les délices terrestres et les choses spirituelles ne provoquent qu’ennui à celui qui les ignore.
            Désirer Dieu, c’est donc se purifier d’autres désirs, c’est se détacher pour mieux désirer Dieu et s’attacher à Lui. Ainsi, le désir de Dieu exige de nous une lutte courageuse contre les tendances contraires au “saint désir“ !

Certes, les biens terrestres sont à notre usage (ad usum), ils ne doivent pas  nous dominer : “Qu’elles soient possédées, les choses terrestres, qu’elles ne vous possèdent pas.    H. Ev. 36

      Surtout, puissions-nous ne pas aimer nos désirs mauvais, car alors :
“Nous ne voulons pas goûter au-dedans la douceur qui nous est préparée, préférant au-dehors, malheureux que nous sommes notre état d’affamés (amamus foris miserii famem nostram).   H. Ev. 36

St Grégoire poursuit en remarquant qu’il ne faut regarder que “de côté“, si l’on peut dire, tout ce qui passe :
Usez des choses temporelles durant votre pèlerinage, mais désirez les biens éternels pour le terme. Il faut ne regarder que de côté - ex latere - pour ainsi dire, tout ce qui passe dans ce monde, ne considérant que ce à quoi nous devons parvenir.    H. Ev. 36

Le désir est l’âme de la prière
“Ce qui rend nos voix puissantes (pénétrantes) aux oreilles très secrètes de Dieu, ce ne sont pas nos paroles, mais nos désirs. Si nous demandons la vie éternelle de bouche (du bout des lèvres) mais que nous ne la désirons pas du fond du cœur, nous nous taisons malgré notre clameur (tacentes clamemus). C’est dans le désir que se trouve cette secrète clameur qui ne parvient pas aux oreilles humaines mais qui remplit l’ouïe (l’oreille) du Créateur (auditum Creatoris replet).     Moralia XXII, 43
Ce “désir de Dieu“ est augmenté par la venue du Christ, Dieu fait homme !
En effet, l’Incarnation du Verbe de Dieu, le Christ, révèle l’Invisible si bien que notre désir “voit“ déjà la lumière qui nous est intérieure. Grégoire a des formules admirables et décisives pour parler de l’Incarnation révélatrice : “Par le mystère du Verbe incarné, tandis que nous connaissons Dieu sous une forme visible, nous sommes enlevés (rapiamur : c’est un rapt) dans l’amour des choses invisibles“.
L’homme, symbolisé pour St Grégoire par l’aveugle assis au bord de la route près de Jéricho, est illuminé par la présence de son Rédempteur afin qu’il puisse voir déjà par le désir les joies de la Lumière intérieure (internae lucis gaudia jam per desiderium videat) et qu’il puisse poser sur le chemin de la vie les pas de l’œuvre bonne.


Puissions-nous avoir sans cesse ce grand désir de Dieu que chantait admirablement St Grégoire, lui, affronté pourtant aux terribles épreuves de son temps, et nous entretenir sans cesse de ce désir exprimé par notre prière commune et personnelle!

(1) tristesse devant sa condition faible et pècheresse


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