dimanche 9 septembre 2012

La "revanche" de Dieu !


23ème  Dimanche du T.O. 12/B             

Eucharistie à Château du Loir - 9 Septembre 2012

-          Au début de l’Eucharistie :

Comme vous le savez, j’ai eu quelques ennuis de santé qui m’ont tenu éloigné de vous… Aussi, je suis très heureux de me retrouver, ce matin, en votre Communauté chrétienne.
            Je ne vais pas m’attarder. Mais, au seuil de cette Eucharistie, je veux très fortement vous remercier non seulement de la sollicitude que certains m’ont témoignée au nom de tous, mais encore bien davantage de vos prières à mon intention. Du fond du cœur, Merci.
            La maladie m’a appris que nous sommes tous fragiles, physiquement certes, mais spirituellement également. Aussi demandons pardon au Seigneur de nos divers manquements…

-          Homélie

“Dites aux gens qui s'affolent : Prenez courage, ne craignez pas : Voici votre Dieu, c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu”.


Voilà des mots de prophète qui pourraient nous faire frémir ! Car ce sont des mots que le monde emploie plus que jamais ; et avec quelle violence souvent dans le monde professionnelle, médiatique, politique et que sais-je encore… jusque, parfois hélas,  dans nos milieux familiaux !  La vengeance, c’est  la revanche ; et une revanche, c’est une vengeance !

Mais la vengeance de Dieu, poursuit le prophète, c'est la revanche de tous les blessés de la vie ! Quand Dieu fait irruption dans l'histoire des hommes, c'est pour prendre le parti des malades de toutes sortes, des humiliés, des écrasés. Quand il entre dans l'histoire d'un homme, c'est pour le remettre debout, le rendre à sa dignité (Cf. Ev.). Dieu est comme cela ! Dieu rêve toujours, en quelque sorte, de pouvoir, selon les expressions de l’évangile, poser sa main sur moi, mettre ses doigts dans mes oreilles et un peu de salive sur ma langue. Il rêve de me délier, de faire de moi un homme libre, un homme debout qui peut entendre et parler. Voilà la vengeance de Dieu !

Aussi, ce matin tout particulièrement, laissons Dieu entrer dans notre vie par la brèche de notre fragilité. Pour vous comme pour moi, Dieu ne cesse de renouveler cette parole d'amour qu'il nous a murmurée à l'oreille le jour de notre baptême : “Tu es mon enfant, je t'aime. Je veux te délier de tes liens. Pour toujours”.

Quand l'évêque Martin de Tours, dont il y a, ici, en cette église un magnifique mémorial, parcourait les campagnes pour annoncer Jésus Christ jusque par chez nous, il commençait par briser les idoles pour libérer les gens de leurs peurs ancestrales. Et les idoles ne manquent pas de nos jours ! Argent, pouvoir, plaisirs… et autres idoles nombreuses !

Alors, dans ce contexte, que c'est difficile pour l'Église de notre temps de trouver les mots et les gestes qui disent à l'homme d'aujourd'hui que Dieu a une “Bonne Nouvelle“ pour lui, qu'il le veut libre, debout dans sa dignité d’enfant aimé de Dieu-Père, de proclamer qu’elle propose des paroles de Vie de la part de Dieu !

La mission est un défi en notre temps, passionnant parfois, mais un défi face à notre société.

En ces premiers jours de septembre, notre communauté paroissiale, comme toutes les autres, va relancer peu à peu toutes les activités liées à l'annonce de l'Évangile et à la mission reçue du Christ. C'est la rentrée dans les écoles mais aussi à la catéchèse, dans les mouvements de prières, d’apostolat, dans les diverses équipes d’activité, et puis, aussi et surtout, en famille… ! Certes, au cours des prochains mois, nous connaîtrons à coup sûr des moments difficiles, des lassitudes, des échecs ; nous nous heurterons à l'indifférence, à notre emploi du temps surchargé... et que sais-je encore.  Mais l'enjeu est de taille : il s'agit encore et toujours de l'avenir de l'homme, de sa quête de sens et de bonheur, de sa destinée éternelle. A temps et à contretemps, il nous faut œuvrer à la transformation des cœurs et à la remise en question de notre façon de vivre en la société, en famille, en Eglise, afin d’“aider l'homme à voir le monde transfiguré par la sagesse et l'amour éternels“, selon une expression du pape Jean-Paul II.

Toute cette aventure missionnaire demande que nous soyons unis et solidaires. Quel bonheur d'avoir une communauté qui nous porte dans la prière et l’échange fraternel ! Quel bonheur de pouvoir ressourcer ensemble, chaque dimanche, tous nos efforts et nos engagements de chrétiens, de chrétiennes, à la table de la Parole et de l'Eucharistie !

Mais vous le savez, beaucoup de paroisses n’ont pas cette grâce ! Le manque de prêtres va de plus en plus se faire sentir, en notre région même. Nous pouvons le dire en ce moment puisque le P. Curé reçoit une nouvelle charge, aujourd’hui, celle de curé de la paroisse de Dissay ! A Château du Loir, il y a encore, pratiquement, l’Eucharistie tous les dimanches et en certains jours de la semaine.. C’est presque un privilège ! Mais faut-il vivre sur des privilèges ? “Les privilèges, il suffit de s’asseoir dessus pour les faire craquer”, disait Talleyrand avec son sens de la boutade. Alors, au lieu, parfois, de se lamenter en comptant trop sur un reste de privilèges, ne faut-il pas se soucier, chacun, de ce qui nous entoure, nous remettre sans cesse en question grâce cette “vengeance de Dieu” dont parlait le prophète, c’est-à-dire par cette surenchère d’amour dont chaque chrétien - et pas seulement le prêtre - est responsable ?

Je le dis avec conviction et foi : l’Eglise du Christ sera demain comme elle a été hier ; elle sera toujours là comme signe (sacrement) de l’Alliance éternelle entre Dieu et l’homme. Elle est, elle sera toujours là, avec moins de prêtres peut-être, mais avec plus de baptisés qui veulent être l’instrument de la “vengeance” d’amour de notre Dieu !

Puissions-nous tous nous sentir appelés, même les faibles… et peut-être d’abord ceux-là. Dieu ne choisit-il pas ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ?, demandait St Paul. Je pense à ceux qui sont marqués par le grand âge ou la maladie. L’Eglise leur confie le ministère de la prière. Ils font partie d’un monastère invisible la plupart du temps ; mais leur mission est importante. Merci à ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, sont fidèles à un temps d’adoration, de prière…, ne serait-ce que par quelques invocations si faciles au cours de la journée à la Vierge Marie. La prière par Marie est si efficace !

Mais je pense aussi à tous ceux qui peuvent utiliser telle ou telle arme de la “vengeance d’amour” de notre Dieu :
- la catéchèse et l’accompagnement des jeunes.
- La visite des malades, des plus anciens.
- La préparation aux sacrements…
- la préparation de la louange de Dieu, le dimanche.
- Et puis, surtout peut-être, le souci d’une présence chrétienne, en tel ou tel milieu, et même auprès de ceux et celles qui semblent si indifférents apparemment.

Il y a encore tant et tant de domaines où l’Eglise doit être présente pour témoigner de la vengeance d’amour de Dieu. Que tout baptisé se sente responsable pour transmettre cet amour de Dieu. J’entends applaudir parfois pour telle ou telle action, réalisation. On applaudit… les autres ! Et si chacun pouvait être applaudi ? Pourquoi pas ?

Notre évêque affirmait dernièrement : “Dans une société marquée par un vide intérieur, où l’on vit comme si Dieu n’existait pas, il nous faut tous nous demander comment manifester la joie de croire et d’annoncer la Parole… Peut-être, ajoutait-il avec audace, nous faut-il délaisser les “débats stériles“ relatifs au fonctionnement interne de l’Eglise pour témoigner d’abord par notre comportement. Il nous faut d’abord donner envie de croire à travers ce que nous sommes“ .- cette fameuse “revanche“ de Dieu à nous confiée -.

Aussi, je terminerai en me permettant, en ce début d’année de travail, de proposer, même à ceux qui légitimement ne peuvent s’engager en tel ou tel domaine…, de proposer  des moyens si simples qu’on les oublie facilement. Je disais que l’Eglise est le grand signe de l’amour de Dieu pour les hommes, le “sacrement” par excellence. “Faire Eglise”, c’est “faire Corps du Christ”, c’est rendre visible le Christ grâce à ses membres que nous sommes tous. Alors “faisons Eglise”,
- en n’oubliant pas l’Eucharistie dominicale - on l’omet si facilement pour des raisons souvent secondaires -.
- En “prenant le risque” aussi d’arriver plutôt trop tôt que trop tard. Quel beau risque d’amour ! Il s’agit d’un rendez-vous avec le Seigneur. Ne ratons pas le train de Dieu qui passe près de nous !
- Et puis, je le dis avec humour : en ne restant pas non plus obligatoirement au fond de l’église. Nous formons le “Corps du Christ”. Quel est donc ce Corps dont certains membres sont comme parfois écartelés. Ne soyons pas de ces chrétiens qui considèrent l’Eucharistie, selon le titre d’un opuscule de Paul Claudel, comme “La Messe, là-bas !”. Devons-nous nous tenir éloignés du Seigneur ? Non, l’Eucharistie, c’est le Seigneur près de nous, en nous !

C’est alors que nous pourrons repartir plus facilement pour une “revanche“ d’amour de la part de notre Dieu pour tout homme. En ce temps de rentrée, en ce temps où l’on parle et parlera des difficultés de l’Eglise en Occident, en France, en notre région, en cette “année de la foi“ voulue par le pape Benoît XVI, je me suis permis, je me permets de lancer un appel à tous et à chacun : “Dites aux gens qui s’affolent : Prenez courage ; voici votre Dieu ! C’est la revanche de Dieu !“. Une vengeance, une revanche d’amour à nous tous et à chacun confiée !


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