vendredi 21 septembre 2012

La Résurrection des corps !


24 T.O. Vendredi 12/B        (I Co. 15.12-20)

Certains Corinthiens, nous l’avons vu, devaient croire seulement à l’immortalité de l’âme. Et sans nier la résurrection du Christ, ils la considéraient comme un fait exceptionnel dont ils ne voyaient pas très bien la portée. Ces opinions ou tendances devaient résulter de la philosophie grecque qui manifestait des préjugés contre la matière : le corps n’était finalement qu’un tombeau dont il fallait sortir pour vivre véritablement. C’était une pensée qui a du se répandre puisque l’apôtre l’évoque à son cher Timothée : Quant aux bavardages impies, évite-les. Ceux qui s'y livrent, en effet, progresseront dans l'impiété ; leur parole est comme une gangrène qui s'étend. Tels sont Hyménée et Philétos. Ils se sont écartés de la vérité en prétendant que la résurrection a déjà eu lieu ; ils renversent ainsi la foi de plusieurs“ (II Tm 2 16-17). “La résurrection a déjà eu lieu !“, disent certains, faisant allusion au baptême conçu, reçu comme une résurrection spirituelle. Et, de ce fait, ils niaient la résurrection des corps !

Dans sa lettre - c’est notre lecture d’aujourd’hui -, Paul ne se lasse pas de répéter les mêmes mots, les mêmes expressions comme dans une argumentation pressante : certains disent, accuse-t-il, qu’il n’y a pas de résurrection des morts ! Mais s’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. Raisonnement qu’il reprend pratiquement aussitôt une seconde fois !
Paul argumente donc :
- S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et toute notre espérance s’écroule ! (v/12-19)
- Mais heureusement, le Christ est ressuscité. Et nous serons tous vivifiés par lui (V/ 20-28).
- Sinon, tout ne serait qu’inconséquence ! (V/29-30).

Sans doute, Paul argumente-t-il du fait que le Christ et les hommes ont commune nature ! Et beaucoup ont affirmé que ce lien est causal : si notre résurrection qui est donc un effet de celle du Christ ne doit pas avoir lieu, c’est que la cause n’a pas été posée. L’argument s’appuierait alors sur la notion du “Corps mystique“ du Christ : si le Corps ne ressuscite pas, pourquoi la tête (le Christ) serait-elle ressuscitée ? Cette idée est très belle et très juste en soi ! Paul l’avait probablement présente à la pensée ; il la présuppose et l’esquissera un peu plus loin et la formulera par ailleurs. Mais ici, il ne l’exprime pas expressément !

Aussi préfère-t-il, semble-t-il, appuyer son argument sur cette réflexion qui lui paraît encore plus importante : si le Christ n’est pas ressuscité, non seulement notre foi est sans appui, mais nos péchés demeurent en nous, ces péchés si impitoyablement décrits au chapitre 6ème (nous l’avons vu) et dont les Corinthiens se figuraient être délivrés ! Paul marque là une profonde et irréversible relation entre “Résurrection du Christ“ et “Rédemption“ : seul le Christ glorifié donne l’Esprit qui efface les péchés ! Un chrétien est déjà ressuscité (Rm 6.1-7 ; Col 3.1) parce que l’Esprit est, en lui, prémices du monde à venir (Rm 8.11-25 ; 2 Co. 5.5). – Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à Jésus les réunira… Ainsi nous serons avec le Seigneur, toujours“. (I Thess 4.13sv).

Un Christ vaincu par la mort ne peut avoir détruit le péché dont la pénalité est la mort ; si la mort a été plus forte que lui, c’est que le péché conserve sa domination. Bien sûr, en cette argumentation, il faut avoir à la pensée la thèse que Paul défendra toujours : il y a un lien entre la mort et le péché ! Et, dans cette optique, l’apôtre de préciser les conséquences : si le Christ n’est pas ressuscité, “ceux qui sont morts dans le Christ sont perdus !“. Et nous ici-bas, “si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes !“. Nous sommes sans espérance véritable !

Cette dernière phrase a fait - plus ou moins légitiment, me semble-t-il -, couler beaucoup d’encre, selon l’importance que l’on donne à l’adverbe “seulement“ !

- Si le Christ n’est pas ressuscité, notre espérance serait ridicule si elle ne porte que pour la vie présente, seulement ! Cela reviendrait à dire comme les chrétiens auxquels faisaient allusion Paul à Timothée : la résurrection a déjà eu lieu par le baptême. Et cette force baptismale devrait nous donner - plus ou moins, certes  -, mais devrait nous donner quand même le bonheur dès ici-bas ! Réflexion qu’un curé de paroisse entend souvent devant telle ou telle souffrance, épreuve : Si Dieu existe, si le Christ est ressuscité (en moi, par le baptême)…, tous ces malheurs ne devraient pas arriver ! Et puis, autre conséquence : renoncer aux jouissances légitimes du temps présent comme l’ont fait les apôtres - et Paul lui-même, ô combien -, les missionnaires et bien des chrétiens avec eux, comme le font actuellement bien des chrétiens, les moines et les moniales… serait alors une duperie, une stupidité si notre espérance suppose que l’on ne puisse attendre du Christ que des avantages terrestres ! Quel malheur !

- Mais on peut aussi faire porter l’adverbe “seulement“ sur le verbe “espérer“ ou mieux sur l’ensemble de la phrase  - et c’est faire droit au texte de la meilleure manière - : si nous n’avons “rien qu’une espérance“ seulement, et, bien plus - “quod absit“, loin de moi cette pensée -, “rien que pour cette vie seulement“, alors oui, “nous sommes les plus à plaindre des hommes !“

Mais non ! Nous le savons bien : notre espérance n’est pas sans objet puisque le Christ est ressuscité ! Et, dès lors, les chrétiens ont mis une fois pour toutes leur espérance dans le Christ-Sauveur, le médiateur unique !
“Il n’y a qu’un seul Dieu,
qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes,
un homme : Christ Jésus
qui s’est donné en rançon pour tous…
Voilà mon témoignage !“  (I Tim 2.5)



Aucun commentaire: