mercredi 28 mars 2012

Mystère pascal actuel !

Car. 5 Mardi 12/B - (Jn 11.1sv)

La liturgie nous permet de choisir des passages d’évangile très significatifs pour le temps du Carême que nous vivons. Et vous avez retenu pour aujourd’hui celui de la résurrection de Lazare !
Admirable récit, le plus impressionnant des miracles de Notre Seigneur, plein d'émotions.

Il constitue la première partie d'un triptyque dont les deux autres faces sont l'onction à Béthanie et l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
Le lien de ces trois faits est très significatif, à l'approche de la Passion du Christ. En effet :
- le récit d'aujourd'hui annonce la mort rédemptrice de Jésus.
- L'onction à Béthanie, sa sépulture.
- L'entrée à Jérusalem son triomphe final.

Aussi, faut-il lire notre évangile avec cette perspective de la mort toute proche du Seigneur !

La résurrection de Lazare constitue en effet le dernier des signes de Jésus, comme dit St Jean. Mais il est en même temps un point de départ de la Passion parce qu’il va pousser à l'extrême la haine des autorités juives qui vont décider la mort de Jésus. St Jean le soulignera. Voilà ce qui constitue le caractère poignant de ce miracle : Jésus sait que ce miracle sera non seulement inutile, mais encore prétexte de sa condamnation à mort. Ainsi le récit de la mort de Lazare est d'abord l'annonce, la préfiguration, l'acceptation et, en quelque sorte, l'avant-goût pour Jésus de sa mort prochaine.
Sans doute, la résurrection de Lazare montrera que Jésus est source de vie et de résurrection. Mais c'est par sa mort que Jésus donnera Vie aux hommes. Epreuve que son ami Lazare annonce. Epreuve que tout disciple doit traverser pour acquérir la gloire divine que Jésus obtient par sa mort même. N'oublions-pas cet élément essentiel de notre foi ! Car tout passage d’évangile ne relate pas seulement un souvenir, un élément d’histoire de la vie terrestre de Jésus. C’est toujours un événement d’actualité…, si nous savons “faire mémoire“ : “Faites ceci en mémoire de moi… !“.

Et tous les détails du récit vont nous rappeler cette perspective :

Quand Jésus décide de partir, les disciples lui rappellent : Maître, les Juifs veulent te lapider ! Jésus maintient cependant sa décision. Et Thomas de s'écrier : "Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui". Sentiment que doit conserver tout disciple du Christ : il devra mourir avec son Maître, mourir à lui-même, à ses péchés. Thomas, sans trop le savoir, exprime une vérité profonde. "Si nous sommes morts avec le Christ, dira St Paul, nous ressusciterons avec lui".

Jésus arrive chez Marthe, Marie et Lazare. C'est déjà une petite communauté chrétienne dont le lien d'unité n'est pas celui du sang, mais de l'amitié : "Jésus aimait Marthe et sa sœur Marie, et Lazare". Aussi, les deux sœurs avaient prévenu le Maître : "Seigneur, si tu avais été là, notre frère ne serait pas mort". Peut-être auraient-elles été plus insistantes si elles n'avaient pas été conscientes du danger auquel Jésus s'exposait en se rapprochant de Jérusalem ! La mort avait atteint Lazare et rodait également autour de Jésus. Elle rôde toujours autour de nous…, en nous… !

Mais Jésus affirme que la maladie de Lazare n'aboutirait pas à la mort mais servirait à la gloire de Dieu. Ainsi en avait-il été pour le premier signe de Jésus, à Cana, pour la guérison de l’aveugle-né…, et pour bien d’autre “signes“ de Jésus !
De même, la mort de Lazare dont la résurrection serait le dernier miracle du Seigneur, était pour la gloire de Dieu ! Paroles qui ne peuvent s'entendre qu'avec un cœur rempli de foi ! Tout ce qui arrive, même la souffrance, même la mort, et la nôtre elle-même, tout est en vue de la gloire de Dieu ! "Cette maladie n'est pas mortelle, dit Jésus ; elle est pour la gloire de Dieu !“. Or la gloire de Dieu, c'est le salut de l'homme ! La résurrection de Lazare en est le signe, en même temps qu'elle annonce la mort du Christ qui sera aussi sa glorification en vue de la nôtre. C'est le mystère pascal qui est signifier là, mystère qui est au cœur de notre foi. !

En vue de cette glorification à manifester, Jésus avait tardé à se mettre en route après l'annonce de la maladie de son ami. Dieu semble toujours tarder à nous soulager. Jésus semble n'avoir pas d'autre raison d'attendre que de déconcerter les apôtres, d'exercer leur foi et la nôtre. Jésus aimait Marthe et Marie. Et pourtant, il tarde deux jours.
C'est parce que Jésus aime les deux sœurs qu'il les fait attendre afin de leur faire un don plus magnifique. Ayons ce sentiment de foi que si Dieu permet une épreuve, c'est pour nous faire un don plus grand. Chaque page de la Bible le crie, alors que nous ne le constatons pas toujours en nos propres vies. Jésus expliquera : "Celui qui vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours".

Il y aurait encore beaucoup à dire sur les détails de cet évangile. Souvenons-nous surtout : la mort de Lazare annonce celle du Christ en qui, nous aussi, nous devons mourir pour ressusciter avec lui, comme il a ressuscité Lazare. C'est là l'essentiel de notre foi que nous allons exprimer plus explicitement encore durant les jours prochains.

Demandons au Seigneur de vivre réellement de ce mystère de mort-résurrection qui doit se réaliser en chacun des moments de notre vie et surtout en celui de notre “dies natalis“, du jour de notre véritable naissance… en la gloire de Dieu !

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