mercredi 21 mars 2012

UN en Dieu !

St Benoît – 21 Mars

“Je ne prie pas seulement pour eux (mes apôtres), je prie aussi pour ceux qui, grâce à leurs paroles, croient en moi : Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi !“.

Etre un en Dieu !

St Benoît que les moniales, les moines fêtent aujourd’hui comme leur Père dans la foi, ne disait-il pas lui-même : “esclave ou libre, tous, nous sommes “Un“ dans le Christ… Parce qu’en Dieu il n’y a pas de partialité“ (Règle : ch. sur le P. Abbé). Le Patriarche des moines fait allusion ici aux paroles de St Paul : “il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus“. (Gal. 3.28). Aussi bien “est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour être un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit“. (1 Co.12.13). En Jésus, toutes distinctions doivent s’évanouir. Malgré la diversité des natures, des conditions, des tempéraments et que sais-je encore, nous sommes tous “Un“ en Jésus Christ. En lui, nous sommes tous fils d’un même Père : “Notre Père… !“. En lui, nous avons reçu le même Esprit ; nous avons part à la même nourriture, à la même vie !

Dieu a toujours eu un seul et même projet d'unité : il met l’humanité en marche vers lui-même, vers une Ville dont il est “l’architecte et le fondateur“ (Heb 11.10). Et cette Ville sera faite de “pierres précieuses !“, dit l’Apocalypse (21.19)… Mais au lieu de rentrer dans ce projet d'unité divine -"Que tous soient Un ! - ... de rentrer en ce projet avec enthousiasme, avec foi, confiance, amour, les hommes élaborent - et aujourd’hui encore - des contre-projets orgueilleux…, à cause de leur amour-propre grandement stigmatisé par St Benoît !

Que se passe-t-il alors. Au lieu de remonter vers son Créateur dans un élan harmonieux d’unité eucharistique, le monde, de par la faute de l’homme qui veut être roi de la création mais qui oublie d’en être le prêtre, d’en faire hommage à Dieu, retombe alors dans le chaos, dans la multiplicité du chaos, comme au lendemain de l’histoire de la tour de Babel. C’est la division absolue ! Et Dieu sait si elle est grande aujourd’hui de par le monde !

Mais Dieu ne renonce pas à son projet ! Toujours, il remet l’homme en route! Toujours ! Au moment où il s’égare loin de lui, Dieu suscite des prophètes pour réactualiser son projet d’Alliance avec l’homme. Abraham, Moïse, David… et bien d’autres… Et chose curieuse, - il faut le remarquer ! -plus on avance dans l’histoire, plus se manifeste une concentration en l’Unité divine : “Que tous soient Un !“. La postérité d’Abraham se concentre en douze tribus. Puis, il n’y a qu’une seule tribu, celle de Juda ; mais elle va en captivité, à Babylone. Cependant, un “reste“ revient ! Et arrive alors un personnage mystérieux dont il est très difficile de dire s’il est une collectivité ou une personne individuelle, - c’est une “personnalité incorporante“, disent les savants -. C’est le “Serviteur“ de Dieu, le “Fils de l’homme“. Alors, pour nous, chrétiens, apparaît au centre de ce mouvement de contraction, le Christ en la personne de qui apparaît, à la “plénitude des temps“, cette formidable Unité - que les Chrétiens défendront contre tous les assauts de la raison raisonnante -, cette Unité de nature humaine et de nature divine.

Et, après la résurrection du Christ, cette réalité va être annoncée, proclamée par les apôtres et tous les missionnaires. Alors, tous ceux qui répondent à cette proclamation - “Je prie pour ceux qui, grâce à leurs paroles, croient en moi“, avait dit Jésus -, s’incorporent, par le baptême, à la Personne du Christ, du Christ désormais “répandu et communiqué“, disait Bossuet. Nous participons à cette vaste, immense “récapitulation“ du monde dans l’Unité qui a été posée par Dieu au centre de l’humanité, une récapitulation qui, grâce au Christ toujours vivant, est capable de ressusciter tous ceux qui gisent à l’ombre de la mort !

Alors la création tout entière retrouve sa vocation originelle, revêt une physionomie liturgique dans l'harmonie de l'Unité divine : l’homme entre en ce Temple divin où le Christ - Verbe de Dieu - est parfaite et éternelle louange du Père, “resplendissement de sa gloire et expression de son être“ (Heb 1.3) dans l’Unité de leur Esprit commun !

Et St Benoît, en insistant, en sa Règle, sur l’Office divin qui est, doit être l’occupation principale de tout moine, de toute moniale, nous invite à participer dès maintenant, par notre incorporation au Christ depuis notre baptême, notre profession religieuse…, nous invite à participer à cette Liturgie divine, pour offrir à la Sainte Trinité une louange d’adoration, d’action de grâces qui, déjà, remplit et le temps et l’éternité. St Pierre n’écrivait-il pas : “Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu… Vous êtes une race élue… pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière“ (I Pe. 2.5.9). Avec St Benoît, redisons : “Par lui (le Christ), ne cessons pas d’offrir à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom“. (Heb 13.15). Aussi soyons toujours réconforter par le Christ lui-même : “je prie aussi pour ceux qui, grâce à leurs paroles (de louange), croient en moi“. Quelle grande mission !

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