mercredi 14 mars 2012

Ecoute… la PAROLE !

Carême 3. Mercredi (Deut. 4.1sv)

“Maintenant, Israël, écoute les commandements…, les décrets que je vous enseigne… pour que vous viviez… !“ … “N’oublie pas… !“.

Ecouter ! On en revient toujours à cette première disposition pour être en “relation avec Dieu“. La foi ! C’est un mot abstrait trop souvent ! Mais la foi, c’est simplement “être en relation avec Dieu“ ! Et pour cela il nous faut avant tout ECOUTER ! “Shema Israël !“ - “Ausculta fili“, nous dit St Benoît.

Et je me dis parfois que si notre monde, tellement bruyant, n'entend plus Dieu, c'est parce qu'il a perdu le sens du silence sans lequel on ne peut écouter qui que ce soit. A force de bruit, à force de tintamarre, on parasite le langage…, le langage de Dieu surtout !

Il nous faut retrouver le silence… Mais le silence fait peur… ! Le silence donne d’abord l’impression d’un vide. Et comme la nature a horreur du vide, rien ne devient plus angoissant que le silence. Alors, on y remédie en faisant toutes sortes de bruit. Mais c’est là, souvent, le langage du démon. Car le bruit que font les hommes les empêche de penser et d'entendre la voix de Dieu. Et on en arrive à avoir peur, finalement, d'entendre cette voix. Moïse lui-même est pris de frayeur quand Dieu, pour la première fois, lui adresse la parole au buisson ardent (Ex 3.6). Oui, il nous faut nous habituer au silence de l'esprit, des yeux et de la langue. Impossible de trouver Dieu dans le bruit et l'agitation…

Et c’est dans le silence que l’on peut entendre alors la recommandation incessante des prophètes : “Ecoutez !“ (Am. 3.1 ; Jr 7.2). “Ecoutez !“, reprend à son tour Jésus lui-même (Mc 4.3,9).

Or, dans la pensée biblique, écouter, accueillir la parole de Dieu, ce n’est pas seulement lui prêter une oreille attentive, ce n'est pas simplement entendre,
- c’est lui ouvrir son cœur : “Donne à ton serviteur un cœur qui écoute“, demandait à Dieu Salomon (I R 3.9). Il s’agit d’être de “ceux qui entendent la Parole dans un cœur loyal et bon“ (Lc 8.15)
- c’est s’efforcer de mettre la Parole en pratique : “quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc“. (Mth 7.24 sv)

Et comme nous sommes en un lieu consacré à Marie - “La Paix-Notre-Dame“ -, regardons la Vierge Marie. Toute sa vie ne fut qu’une attitude d’écoute ! Marie est la femme de l'écoute !

Au moment de l'annonciation, nous pouvons déjà contempler en Marie l'attitude d'écoute, une écoute réelle, une écoute qui ne dit pas simplement “oui“, mais qui assimile la Parole, qui prend la Parole. Cette Parole intériorisée devient Parole en elle et pour elle, presque comme une forme de sa vie. Contemplons Marie pour vivre de son exemple, pour voir cette écoute active en nous, c'est-à-dire une écoute qui attire la Parole de façon à ce qu'elle entre et devienne en nous Parole, la reflétant et l'acceptant au plus profond du cœur. C’est ainsi, en quelque sorte, que la Parole devient incarnation. “Si Marie, commentait St Augustin, a eu la grâce de recevoir Le Verbe de Dieu en son corps, c’et qu’elle l’avait déjà reçu en son cœur !“

Nous constatons encore cette écoute de la Parole de Dieu dans le “Magnificat“ de Marie. Nous savons que ce chant est un tissu composé de paroles de l'Ancien Testament. Ainsi, Marie est réellement une femme d'écoute, qui “remuait“ en son cœur toute l’Ecriture, toutes les paroles de Dieu adressées aux hommes. Elle ne connaissait pas seulement certains textes, mais elle s'était tellement identifiée à la Parole - Verbe de Dieu - que les paroles de l'Ancien Testament devenaient comme un chant dans son cœur et sur ses lèvres. Sa vie était tellement pénétrée par la Parole, qu’elle était entrée dans la Parole, l'avait assimilée ; la Parole était devenue Vie en elle, se transformant ensuite à nouveau en paroles de louange et d'annonce de la grandeur de Dieu. N’est-ce là notre vocation : Que la Parole de Dieu chante, et par notre vie et par notre voix, les bienfaits de Dieu !

Il me semble que St Luc, se référant à Marie, dit au moins trois fois, qu'elle a assimilé et conservé les paroles de son divin Fils en son cœur. C'était, pour les Père de l’Eglise, le modèle de tout croyant qui conserve la Parole, qui porte en lui la Parole ; non seulement il la lit, mais il l'interprète avec son esprit pour savoir ce qu'elle doit nous dire aujourd’hui… … C’est alors que la Parole devient Parole en nous, Vie en nous, présence du Seigneur en nous !

Oui, que Marie nous aide à être parole d'écoute, parole silencieuse, et également parole de louange, de l'annonce, pour que la Parole, par une authentique écoute, devienne à nouveau chair en nous-mêmes, devienne ainsi présence de la grandeur de Dieu. Et c’est ainsi que nous comprendrons de plus en plus que les paroles qui ne donnent pas la lumière du Christ - Verbe de Dieu - augmentent souvent et désespérément l'obscurité en nous et autour de nous !

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