samedi 24 mars 2012

“Avec autorité !“

Carême 4 - Samedi (Jr 11,18-20 - Jn 7,40-53)

Jérémie dont il est question en la lecture de ce jour, a vécu, bien avant Jésus, l’exclusion, la persécution…
- D’une part, Il fut en butte personnellement aux conspirations que firent contre lui ses compatriotes et sa parenté elle-même dans son village d’Anatoth. Et il fut en butte aux autorités religieuses de son propre pays !
- Et d’autre part, il connut la persécution dont souffraient les juifs d’Alexandrie qui restaient fidèles à leur identité, et se trouvaient par là même en butte aux tracasseries de la part de leurs congénères qui s’assimilaient trop facilement au paganisme ambiant.
Deux formes opposées d’oppositions, de persécutions toujours actuelles !

A travers ces textes de l’Ancien Testament (et bien d’autres) se profile la figure de Celui qui sera le “roc d’achoppement“ (Rm. 9.33 – 1 Pet 2.8) qui “doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël“ (Lc 2.34), pour reprendre le langage du vieillard Syméon s’adressant à la Vierge Marie lors de la Présentation au Temple.

L’Evangile, comme celui d’hier, nous fait assister à la fête de Soukkoth, (des tentes), près de la piscine de Siloé, à ces trois chapitres de St Jean auxquels on peut donner le titre, comme le fait la Bible de Jérusalem, de “La grande révélation messianique et le grand refus“.

Jésus, est-il, oui ou non l’Envoyé ?

La foule se divise. Les uns s’écrient : “C’est vraiment Lui, le grand prophète !“. On ne relira jamais assez le texte supposé connu du Deutéronome, la promesse de Moïse, entériné par Dieu Lui-même.
“Le Seigneur ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. C'est cela même que tu as demandé au Seigneur ton Dieu, à l'Horeb, au jour de l'Assemblée : « Pour ne pas mourir, je n'écouterai plus la voix du Seigneur mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu », et le Seigneur me dit : « Ils ont bien parlé. Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai… »" (Dt 18,15-21)

Comme la Samaritaine, une partie du peuple reconnaît en Jésus le Prophète. “La femme lui dit : « Je sais que le Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout ». Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle »." ( Jn 4,25-26)

Ce sont les autorités responsables du peuple, plutôt que le peuple lui-même, qui est sceptique. Les gardes envoyés pour arrêter Jésus reviennent sans avoir accompli leur mission, et disent, comme la foule au bord du lac : “Jamais homme n’a parlé comme cet homme“. Il parle “avec autorité“. J'ai appris que sous cette expression, il y a, dans la tradition juive, la distinction entre
- les paroles que Dieu dit directement au Sinaï “avec autorité“,
- et les paroles qu’Il transmet par l’intermédiaire de Moïse.

Ici, on suggère que Jésus parle non pas comme les scribes - des intermédiaires, somme toute -, mais comme Dieu Lui-même, directement, au Sinaï : “avec autorité“ !

Et parmi les “autorités“ du peuple comme les scribes, se distingue cependant Nicodème. Celui qui, de nuit, alla trouver Jésus au cours de son premier séjour à Jérusalem, celui qui hésite longtemps, celui qui, en fin de compte, sera là à la fin de l’Evangile, pour recevoir le corps de Jésus à sa descente de Croix, avec Joseph d’Arimathie qui avait obtenu de Pilate la permission d’enlever le corps du Seigneur.

Aussi, la méditation de la liturgie d’aujourd’hui ne nous invite-t-elle pas à réfléchir sur ce fait que judaïsme et christianisme ne sont qu’apparemment deux religions. Jean Paul II l’a magnifiquement exprimé lors de sa visite à la Synagogue de Rome. Ne serait-il pas plus exact de dire que c’est un différent qui a surgi à l’intérieur du dessein de Dieu.

“La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, est devenue la pierre d’angle“ (I Pet 2.7). Cela vient de Dieu et nous invite à une méditation toujours plus approfondie sur ses voies qui ne sont pas nos voies.
“Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées“.

Il faut bien avoir en tête ces paroles divines transmises par Isaïe, pour ne pas commettre, comme je dis souvent, des “inversions sacrilèges“ : c'est-à-dire : se mettre à la place de Dieu.
Mais la suite de l’oracle est à bien retenir aussi pour notre consolation :
“De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche ! Elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission“. (Is 55, 8-11)

Puissions-nous toujours accueillir la Parole de Dieu - “Et le Verbe s’est fait chair“ -. Le Christ - Verbe de Dieu - nous parle “avec autorité“ ! Sachons l’écouter !

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