vendredi 2 mars 2012

Pardon !

Carême 1. Vendredi (Ez. 18.21sv - Math. 5.20)

On le sait, on le croit, on le crie et un peu trop facilement parfois pour alléger en quelque sorte notre sentiment de culpabilité : Notre Dieu est un Dieu de pardon ! Et il est vrai que toute la Bible proclame un “Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité… qui tolère faute, transgression et péché“ (Ex. 34.6sv). Si bien que le roi Ezéchias s’adresse ainsi à Dieu : “Mon amertume s’est changée en joie… Car tu as jeté derrière toi tous les péchés !“ (Is 38.17). Et Moïse de souvent intercéder : “Pardonne la faute de ce peuple autant que le commande la grandeur de ton amour…“ (Nb 14.9).

Et le Verbe de Dieu fait homme, le Christ n’est pas “venu pour les justes, mais pour les pécheurs“ ! (Mc 2.17). Il couronnera sa vie terrestre en versant son sang “pour le pardon des péchés“ (Mth 26.28), “lui qui, dans son propre corps, a porté nos péché sur le bois“ (I Pet. 2.24). Il est “l’agneau qui enlève le péché du monde !“ (Jn 1.29).

Mais n’oublions pas pour autant qu’il nous sollicite à prier Dieu, “Notre Père“, en ces termes : “Pardonne nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés“. Car “si vous remettez aux hommes leurs manquements votre Père céleste vous remettra aussi ; mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements“. (Mth 6.14-15). Et St Paul de nous dire : “Pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonnés en Jésus Christ“ (Ephes. 4.32). “En lui, nous sommes délivrés, nos péchés sont pardonnés“ (Col 1.14). Alors, “Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi“ (Col 3.13).

L'amour, le vrai, pardonne, dit encore St Paul ! Car le pardon est un prodige dont seul est capable l'amour qui nous est donné par l’Esprit d’Amour !
Et il y a le pardon que l'on reçoit de l'être que l'on a blessé et dont les larmes sont d'autant plus bouleversantes qu'elles sont larmes engendrées par l'amour qui nous est porté. -
Et il y a le pardon que l'on donne à l'être qui nous a blessés, parce qu'il est aimé de nous à l'infini.
Parce qu'il est totalement gratuit et n'est point donné en forme de marchandage, le pardon est rare, infiniment rare, tant il est le signe de l'amour porté à la perfection.

Regardez l’histoire de ce fils de Jacob, Joseph. Il me semble qu’elle n’est pas relatée dans les lectures liturgiques. Mais il est bon de s’y reporter ! Ce Joseph ne pardonne pas tout de suite à ses frères qui l’ont vendu à des étrangers, des marchands qui se rendaient en Egypte. En un temps de famine, ils viennent vers lui devenu grand intendant du Pharaon. Mais ils ne le reconnaissent pas. Joseph qui voit ses frères ne leur pardonne pas tout de suite. Bien plus, il leur fait même des “tours de cochon“, si je puis dire ! C’est seulement quand du cœur de l’un d’eux, Juda, s’échappe un sentiment d’humanité - "Je ne peux pas retourner chez mon père sans le petit Benjamin" - que Joseph ne se contient plus. Alors seulement il pardonne d’une façon tellement totale et gratuite que ses frères n’arrivent plus à y croire.

Peut-être qu’il y a toute une pédagogie à suivre pour arriver au pardon véritable, comme Dieu pardonne, comme le Christ pardonne.

Et je trouve très intéressant de faire un rapprochement entre ce Joseph qui pardonne finalement du fond du cœur et Jésus après la résurrection : “Là où se trouvaient les disciples, les portes étant closes par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit : " Paix à vous !" (Jn 20.19). :
- A ses apôtres qui n’avaient pas eu une attitude très honorable durant la passion - loin de là -, Jésus leur dit pourtant immédiatement : “La Paix soit avec vous !“. En leur donnant sa paix, Jésus pardonne immédiatement, gratuitement, totalement.
- Et il y a l’attitude de Joseph qu’on croyait mort et qui apparaît à ses frères et qui - après quelques détours, certes - se réconcilie avec ses frères en leur pardonnant, lui aussi, gratuitement, totalement !

Et il faut aussi remarquer la réflexion que Joseph adresse à ses frères au moment où ils se remettent en route : “Ne vous disputez pas en chemin !“ (Gen 45.24). Autrement dit : maintenant que je vous ai pardonnés, la question n’est pas de savoir qui est responsable ! Quand même !

Sans doute y a-t-il toute une pédagogie du pardon à suivre pour parvenir de celui de Joseph, total mais progressif, à celui de Jésus, total mais immédiat. Demandons à l’Esprit-Saint de nous y aider
- lui qui travaille constamment à l’unité du Corps du Christ (Cf. I Co 12)
- qui est “Esprit de Communion“ (Cf. Eph. 4.3 – Phil 2.1).
- répandant le don suprême de la charité dans les cœurs (I Co. 13.2 etc).

Appliquons-nous, comme dit St Paul, “à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix. Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tout et en tous“.

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