mardi 1 février 2011

VIE !

4 T.O. Mardi - VIE ! (Mc 5.21…)

Quelle étonnante attention, quelle profusion de détails de la part de St Marc qui raconte deux guérisons ! J’en retiens trois :

- Le choix des apôtres qui vivent avec Jésus la résurrection de la jeune fille : Pierre, Jacques et Jean ; les trois qui seront à la Transfiguration, les trois qui seront à Gethsémani. Ces trois qui sont toujours associés aux grands événements de la vie du Christ : cette résurrection de la fille de Jaïre a certainement un lien avec la mort et la résurrection de Jésus lui-même, et de ce fait nous, avec chacun de nous !

- Douze ans ! C’est le nombre d’années de la maladie de la femme dans la foule et c’est aussi l’âge de la fillette. C’est l’âge où l’enfant fait sa “profession de foi“ dans le judaïsme comme dans le Christianisme : c’est l’âge de la maturité ! Peut-être que ce double miracle qui s’explique sans doute l’un par l’autre doit se recevoir comme un acte de maturité pour nous rendre, nous aussi, adultes dans la foi.

- Et puis, il y a cette façon dont Jésus parle à cette femme comme à l’enfant morte : “ma fille“ ! Il parle comme un père parle à son enfant. Jésus en redonnant vie à celle qui perdait vie, en redonnant la vie à celle qui semblait morte agit comme un père ! “Tout fut par lui. En lui était la vie“ ! (Jn 1.4). “Oui, l’heure vient - et c’est maintenant - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui l’auront entendue vivront !“ (Jn 5.25)

Ainsi, la jeune fille retrouve la vie ; et la femme ne la perdra pas ! Jésus n’est pas venu pour la mort, mais pour la vie. Car “Dieu n’a pas fait la mort“ (Sag 1.13). Alors, pourquoi la mort ? Pourquoi notre mort ? C’est que nous sortons de cette vie précisément pour expérimenter que la mort n’est pas ce que nous croyons trop facilement. C’est la seule manière probablement de vérifier personnellement (et non comme une théorie philosophique) que la mort n’est pas une réalité puisque Dieu ne l’a pas faite… Cette page d’évangile nous est offerte pour entrer déjà, par la foi, dans cette découverte… Aussi, cette page d’évangile pourrait nous offrir deux éclairages sur la mort et notre propre affrontement à la mort.

Remarquons bien que si Jésus ressuscite cette petite fille, c’est pour que nous comprenions qu’il n’est pas étonnant qu’il ait pu guérir la femme dans la foule. C’est parce qu’il peut faire sortir de la mort cette petite fille qu’il peut aussi faire sortir de sa petite mort cette femme mûre. Qui peut le plus peut le moins, si l’on peut dire !
Il y a comme une connivence entre les deux actes de Jésus, une connivence mise en évidence par l’évangile pour que nous comprenions que Jésus ne veut pas seulement nous sauver de la grande heure de notre mort, mais aussi de tout ce qui s’écoule de nous et qui crée de la mort, du mal, de la non-vie. Peut-être faut-il probablement expérimenter ce salut dans l’ordinaire de notre vie pour pouvoir nous en convaincre pour le jour de l’au-delà !

Aussi, nous pouvons affirmer que cette guérison que le Seigneur de vie est venu nous donner se répand dans notre propre vie, par la voie de la grâce, par la voie des sacrements, ces signes de vie. Et après le baptême, l’Eucharistie nourrit en nous la vie du Ressuscité ! Cette vie du Christ en nous - “ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi“ (Gal 2.20) – nous fait grandit, nous éduque, nous transforme.
Certes, notre existence ici-bas n’est pas sans misère, sans épreuve ; mais nous recevons le pouvoir de vivre ces épreuves comme des “Gethsémani“ avec cette confiance qu’à nous aussi sera adressée la parole du Christ : “Talitha koum“ : “Lève-toi !“ La foi nous fait naître à une vie nouvelle qui ne fait pas disparaître les dures réalités d’ici-bas, mais les habille de la présence du “Seigneur de la vie“ ; elle nous fait déjà participer sur la terre à la vie même de Dieu ! Et dès maintenant, nous pouvons affirmer de façon étonnante avec le souffrant et malheureux Job : “après qu’on aura détruit cette peau qui est mienne, c’est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu. C’est moi qui le contemplerai, oui, moi. J’en brûle déjà au fond de moi ! (Job 19.26).

Nous sommes tous sortis, un jour, du ventre de notre mère pour naître à une vie nouvelle que nous ignorions totalement avant notre naissance. Ainsi, nous sortirons du ventre de la terre pour naître à une vie nouvelle et définitive dans le face à face avec notre Rédempteur et Sauveur. Depuis Jésus-Christ la mort est aussi une naissance, mais dès avant ce jour et parce qu’il nous aime, le Seigneur nous communique déjà sa puissance de vie. Il l’anticipe en quelque sorte dans ce don et dans ce cri : “Talitha koum“ - “Lève-toi !“. Tu es vivant. Tu es déjà ressuscité !

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