lundi 14 février 2011

Sottise !

6 T.O. Lundi - Sottise ! (Mc 8.11-13)

Un bref mot, ce matin, en correspondance au court passage de l’Evangile !

Le Verbe de Dieu - le Christ - s’est fait Parole d’homme ! Il enseigne. Tous sont dans l’admiration : “Personne n’a parlé comme cet homme !“. Il pose des signes qui sont aussi paroles divines : les noces de Cana, la multiplication des pains, LE SIGNE, par excellence. Et tous sont dans l’étonnement (cf. Mth 21.15)

Mais, en même temps que se répand la Parole de Dieu, que se manifeste le Christ - Verbe de Dieu -, on constate, surtout chez Marc, une situation très curieuse qui ira allant jusqu’à son paroxysme au moment du procès de Jésus : une opposition se durcit de plus en plus fortement. Les païens arrivent de l’ouest et de l’est, alors qu’au centre, en Judée, parmi les responsables du Peuple élu, on refuse…

C’est frappant en notre évangile d’aujourd’hui. Juste après la multiplication des pains, les pharisiens, comme par hasard, sortent du bois, si je puis dire, et se mettent à discuter avec Jésus. Après le signe de la multiplication des pains - le Signe par excellence -, ils lui demandent “un signe venant du ciel !“. Ils n’ont donc rien compris ou ne veulent pas comprendre ! Ou plutôt, dit le texte, c’est pour mettre Jésus à l’épreuve, le narguer. “Jésus gémit en son esprit“, est-il dit. Puis - Matthieu est plus explicite et précis -, Jésus répond avec agacement : “Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe ; et de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas !“ (Mth 16.4). On aura l’occasion, sans doute, de parler de ce “signe de Jonas“, le signe le plus universaliste qui soit dans toute la Bible ! En tous les cas, la discussion a du être vive !

En quittant les pharisiens - Matthieu dit franchement : “en les plaquant là" carrément, sans ménagement (Math 16.4) -, Jésus monte dans la barque de ses apôtres et part. Pas content du tout, Jésus ! Et on le comprend, comme on comprendra son geste impétueux face aux vendeurs du temple !

Cependant une question d’importance : ne serions-nous pas parfois, inconsciemment, du côté des orgueilleux pharisiens ou des profiteurs du temple ? Ou, plus ordinairement, la sottise ne nous empêcherait-elle pas de comprendre les signes que Dieu pose en notre temps, en notre vie, à l’exemple des pharisiens qui ne voulaient rien savoir des signes que Jésus - Verbe de Dieu - posait en son temps ? La sottise est si courante.

Dans le langage biblique, la sottise, ce n’est pas l’idiotie plus ou moins congénitale, ni la débilité plus ou moins profonde. Le sot, c’est bien autre chose qu’un imbécile. Le sot, c’est celui qui ne sait pas voir Dieu parce qu’il pense précipitamment et juge orgueilleusement personnes et choses selon ses petits critères. Ainsi “le sot s’emporte facilement, plein d’assurance“ (Pr. 14.16). “Ne juge pas trop vite, dit un midrash, sous le coup de la colère, comme un sot ; c’est mauvais pour la santé et, de plus, c’est dangereux !“.

Ainsi, ne pas comprendre ce qui se passe derrière les apparences, c’est de la sottise : ne pas se saisir de la main de Dieu là où elle se manifeste ! C’est le cas des “sages“ d’Egypte dont se gausse le prophète : “Les sages conseillers de Pharaon forment un conseil d’abrutis“ (Es 19.11). “S’ils étaient des sages, ils comprendraient“ (Dt 32.29), proclamait Moïse à propos des rebelles qui oublient les signes de délivrance que Dieu a posés en faveur de son peuple ! Tous ceux-là “se prétendant sages sont devenus fous“, disait St Paul dans un autre contexte.

Il est vrai que “le langage de la croix est folie…“, concède l’apôtre (I Co. 1.18). Mais une folie d’amour ! Or “ce qui est folie pour le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages“ (Id. 1.27). Aussi, c’est en déchiffrant les “signes“ que le Christ - Verbe de Dieu - fait à notre égard, qu’il “est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et délivrance“ (id 1.30). Et l’apôtre de conclure : si nous subissons la sottise des hommes, vous, "vous êtes (vous devez être) sages en Christ !" (Cf id 4.10).

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