jeudi 3 février 2011

Langages de Dieu

4 T.O. Jeudi - Langages de Dieu ! (Hb 12.18…)

Savez-vous que Dieu est bon polyglotte ? Bien sûr ! Et vous allez penser immédiatement - et avec raison - au jour de la Pentecôte où Dieu donne si facilement aux apôtres - et là je deviens envieux ! - de parler toutes les langues : “Comment se fait-il, demande-t-on, que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Elamites…“ (Ac. 2.8).

Mais depuis toujours Dieu emploie de multiples langages !

Il y a d’abord le langage de la nature qui, malheureusement, nous laisse plus indifférents qu’autrefois. Mais quand Dieu permet des insomnies (“Tu as retenu les paupières de mes yeux“, dit le ps. 77 : manière originale de dire : impossible de fermer l’œil…) … quand Dieu permet des insomnies, il suffit, surtout en Orient, de regarder le ciel. Et Dieu parle : “A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune, les étoiles que tu fixas, qu’est donc le mortel que tu t’en souviennes, le fils d’Adam que tu veuilles le visiter ? “ (Ps 8.4). Et le jour, il suffit de d’ouvrir l’œil pour se dire en regardant les lis des champs : “Salo-mon, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux“ (Mth 6.29).

Il y a aussi le langage des prodiges que Dieu a accomplis à notre égard. Et si votre insomnie se poursuit, vous pourrez prier comme le psalmiste : “… La nuit… , je me souviens de Dieu et je gémis ; je médite et le souffle me manque… Je me souviens des hauts faits du Seigneur ; oui, je me souviens de ses merveilles…“ (Ps 77).

Alors la nuit devient lumineuse des merveilles de Dieu ! Il est vrai qu’avec Dieu, avec Jésus se dégagent des vérités “qui marchent sur la tête pour se faire remarquer“, comme dit Chesterton. Ce sont les femmes vierges qui enfantent…, les puinés qui remplacent les aînés. Et puis, Dieu marque sa liberté de façon folle : Il descend par des démarches insensées, du ciel à la crèche, de la crèche à la croix, de la croix au tombeau et au plus profond des enfers ; et puis il rebondit jusqu’au ciel. L’amour fou de Dieu pour sa créature fait cela : “J’entends mon bien-aimé. Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines… (Cant 2.8)… de la crèche à la croix… C’est folie ! Oui, mais depuis Isaïe, Dieu dit : “Je perdrai la sagesse des sages ; et l’intelligence des intelligents s’évanouira“ (29.14 Cf. I Co. 1.19). St Paul conclura : “Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes ; et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les homes!“ (I Co 1.25).

Et de façon personnelle, chacun sait les merveilles de Dieu accomplies en sa vie. L’âge venant, on peut facilement se retourner et s’émerveiller en s’exclamant comme Jacob : Mais à tel moment, en tel endroit, “Dieu était là et je ne le savais pas !“. C’étaient des “Béthel“, des “maisons de Dieu“ où il avait la folie de nous visiter pour nous libérer de la servitude du péché, et nous engager à son service qui n’est rien moins que le “repos en Dieu“ : voir Dieu comme il nous voit présentement. Le repos laborieux du cloître nous prépare à cela. Mais ce passage de la servitude au service réalisé par le baptême et la profession religieuse est toujours à refaire, car si nous sommes chrétiens, il nous reste toujours à le devenir !

Mais nous oublions si facilement ces langages de Dieu, ses merveilles à notre égard, la mémoire étant souvent une faculté qui oublie ! Alors, après le langage dans la nature, dans les prodiges divins, dans la Providence à l’égard de chacun, il y a le langage dans les éclairs et le tonnerre, l’ouragan et les ténèbres comme au Sinaï au point que même Moïse en était effrayé ! Car si Dieu est un bon polyglotte, il est aussi un excellent pédagogue ; et il sait que nous avons besoin parfois d’être réveillés de nos abrutissements. Habituellement, Dieu n’a pas besoin de paraître - il “EST“ ; et cela suffit ! -. Mais quand il fait du bruit, de façon exceptionnelle, c’est un peu comme le père de famille qui tape sur la table pour se faire bien entendre… Et c’est ainsi que notre éducation peut s’avérer profitable. C’est ce que soulignait la lettre aux Hébreux dans la lecture d’hier que nous n’avons pas lue…

Aujourd’hui, l’auteur semble nous dire qu’après tous les langages de Dieu (ils sont multiples), nous voici arrivés en la Cité de Dieu, parmi des milliers d’anges en fête, nous sommes venus vers Dieu, comme les bergers, les Mages sont venus à la crèche ; et nous côtoyons les âmes des justes arrivés à la perfection, grâce à Jésus le Médiateur d’une Nouvelle Alliance accomplie par son mystère pascal en lequel nous sommes plongés par le baptême…

C’est que le dernier langage de Dieu est folie pour l’imagination humaine. Le début de la lettre aux Hébreux le rappelle : “Dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes ; mais dans les derniers jours, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes“ (Heb 1.1-2). “Le Verbe - La Parole de Dieu - s’est fait chair“, dira St Jean. Cette “Parole de Dieu“, “la Parole éternelle s’est faite Un de nous“, rappelle le pape Benoît XVI (Cf. exhortation). La Parole divine s’exprime vraiment à travers des Paroles humaines“ ; “Le Verbe s’est abrégé“, dit la Tradition patristique… “par condescendance“. Mais le mot "subkathabasis" n’est pas bien traduit ; il faudrait signifier : le Verbe est descendu jusqu’à nous ; il s’est mis à notre portée, à la portée des hommes. C’est ainsi que se manifeste encore la merveilleuse pédagogie divine à notre égard. Aussi, il n’est pas étonnant que l’une des rares fois que le Père se manifeste, il nous dise à propos de Jésus : “Celui-ci est mon fils bien-aimé. Ecoutez-le“ (Lc 9.7). Et Marie de nous conseiller : “Faites tout ce qu’il vous dira“ (Jn 2.5).

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