mardi 15 février 2011

Vrai homme, vrai Dieu !

6 T.O. Mardi - Jésus, vrai Dieu et vrai homme ! (Mc 8.14-21…)


“Personne n’a parlé comme cet homme !“, disait-on de Jésus qui, en même temps, pose des “signes“ de puissance divine : les noces de Cana… et, comme on l’a vu, LE SIGNE par excellence : la multiplication des pains !

C’est alors que les pharisiens l’attaquent sur ce signe précisément. La discussion a du être assez vive. Aussi, Jésus l’interrompt brusquement :
[évangile d’hier : Matthieu dit franchement : “il les plaqua“, là, carrément, sans ménagement“ (Math 16.4) -, Il monte dans la barque de ses apôtres et part. Pas content du tout, Jésus ! Et on le comprend, comme on comprendra son geste impétueux face aux vendeurs du temple !]
Il s’embarque pour l’autre rive… St Matthieu y voit le signe de Jonas, le signe le plus universaliste qui soit. Et l’“autre rive“, c’est, justement, le pays des païens !

Et à ce moment, il y a un petit événement assez curieux et qui me plaît, je l’avoue, parce qu’il dénote que Jésus n’a pas “triché“ avec la condition humaine : il était pleinement homme !
Lisons avec attention : Les apôtres, à peine éloignés du rivage, s’aperçoivent qu’ils ont oublié de prendre du pain (pas malin quand même après la multiplication des pains !) : “Ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque !“. Or, Jésus, l’esprit tout imprégné encore de la vive discussion avec les pharisiens, leur dit : “Gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode !“ (1). Mais les apôtres, préoccupés, eux, de leur garde-manger, de reprendre cette réflexion : ils n’ont pas de pain ! Jésus, en quelque sorte s’énerve : “Vous ne comprenez donc pas ; vous ne saisissez pas ? Avez-vous donc l’esprit bouché, des yeux pour ne point voir, des oreilles pour ne pas entendre. Autrement dit : vous non plus, vous n’avez pas compris le geste de la multiplication des pains ? Et il leur rappelle ce qu’il vient de faire avec quelques détails significatifs…

Vous savez ! Quand on a vivement discuté avec quelqu’un, comme Jésus avec les pharisiens, après l’entrevue, “ça continue à tourner dans la tête“, si je puis dire : on aurait du dire ceci et encore cela… Jésus a bien connu la condition humaine ! Et après son affrontement avec les pharisiens, encore tout étourdi par leurs répliques de mauvaise foi, il pense avoir quelque réconfort, quelque compréhension auprès de ses apôtres qu’il connaît depuis un certain temps déjà. Or, voilà qu’ils restent, eux, sur un registre bien inférieur, celui du pain (A remarquer, au passage, l’insistance sur le mot “pain“ !). Alors Jésus précise : c’est au levain des pharisiens, d’Hérode que je pense, moi ! Mais eux, de continuer à constater qu’ils ont bien oublié le pique-nique ! Jésus et ses apôtres ne sont pas sur la même longueur d’onde, sur le même palier d’escalier, comme on dit. Il y a quiproquo ! C’est assez courant cela, n’est-ce pas ? Et en ce cas, on ne peut se comprendre : “Ne comprenez-vous donc pas ?“

On sent combien Jésus, à l’occasion d’une mauvaise communication, se sent incompris non seulement de ses contradicteurs, non seulement de sa famille, de ses proches, mais aussi de ses apôtres. Jésus s’enfonce de plus en plus dans une solitude effroyable !

Car l’esprit de Jésus évolue toujours dans la dimension verticale de signification, une dimension divine. Pour lui, l’échelle de Jacob est dressée en permanence. Le signifié est pour lui mille fois plus important que le signifiant, plus réel ! Comprenez : il y a le vent et l’Esprit ; le vin et le sang, les noces d’un village et l’Alliance éternelle; l’eau et l’eau vive (Samaritaine). L’eau, c’est H2O, n’est-ce pas. Elle sert à se laver, à boire… Mais la signification de l’Eau : l’Eau vive que Jésus propose ! Jésus pense toujours dans la dimension de la signification. Le levain des pharisiens, c’est le pain qui ne nourrit pas, c’est la doctrine qui empêche de comprendre, qui bouche les intelligences… Jésus parlera cruellement, à d’autres endroits, de ceux qui ont pris la clef de la science, qui empêchent les autres d’entrer et ne sont pas entrés eux-mêmes (Cf .Lc 11.52). C’est terrible cela ! Et cela s’adresse bien sûr principalement aux prêtres, religieux, responsables divers… !

Et aussi à nous tous, aussi. Il ne faut pas rester sur deux registres continuellement, ce qui engendre des quiproquos : “Jusqu’à quand sauterez-vous sur deux branches ?“, demandait déjà le prophète Eli (I Rois 18.21) (2). Il faut se poser toujours la vraie question, comme St Bernard qui, entré dans la vie monastique, se posait sans cesse cette question : “Pourquoi suis-je venu ici ?“ - Pourquoi suis-je chrétien ?

(1) Hérode ! Il n’en était pas question ! On peut en conclure que l’action de ce despote contre Jésus est toujours latente.
(2) On traduit souvent : “jusqu’à quand danserez-vous d’un pied sur l’autre ?“.

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