mardi 2 décembre 2008

Temps de l’Avent – Première semaine – Lundi (suite)

« Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et prendront place au festin du Royaume de Dieu ».

Oui, cet universalisme que proclame Jésus n’est pas évident. C’est le drame de l’Histoire de l’Eglise et encore notre drame. Mais, là encore, il faut situer cet idéal dans une évolution, dans une progression qui est le résultat de toute une « pédagogie » de Dieu à notre égard. Comme pour l’éducation d’un enfant. Au début, l’enfant ne pense facilement qu’à lui-même. Il ne fait que crier ses besoins (ne seraient-ce qu’alimentaires), ses envies… Il est égoïste. Mais au fur et à mesure que sa personnalité se construit, peu à peu, il devient capable d’accueil, capable de regarder son frère, sa sœur comme un autre lui-même…

Ainsi, de même, quand le peuple d’Israël, nouvellement « enfanté » en l’Alliance du Sinaï après sa « sortie » d’Egypte, arrive entre en « Terre promise », il n’a pas d’autres moyens, pour garder sa trop jeune consistance spirituelle, sa foi au Dieu Unique, au Dieu de l’Alliance, face au polythéisme ambiant, cette « abomination des nations », que de pratiquer égoïstement (comme un enfant) l’« anathème ». Il est encore « spirituellement » égoïste.

Il suffit de se souvenir de toutes les conquêtes narrées dans le livre de Josué qui est un livre plus théologique qu’historique.

Il suffit de se souvenir d’Elie, si grand pourtant. Avec l’aide de Dieu, il confond les prêtres de Baal. Cependant l’épisode se termine ainsi : « Elie fit descendre les prêtres de Baal près du torrent de Qishôn et il les égorgea » (I Rois 18). Bigre ! Elle n’est quand même pas très normative, cette histoire-là !Malheureusement, l’histoire de l’Eglise elle-même comporte des incidents analogues. C’est qu’il faut situer tout cela dans une certaine évolution… On ne peut pas donner n’importe quelle nourriture à un grand malade. Il faut commencer par renforcer peu à peu les aptitudes d’assimilation de son corps pour qu’il devienne capable d’intégrer. Et bien, il en de même dans l’histoire de l’Eglise, dans l’histoire de l’« homme spirituel » (au sens paulinien du mot). Il faut sans cesse trouver et retrouver sa consistance dans sa foi pour ne pas être désintégré afin de mieux intégrer.

Il faut se rappeler l’épisode de Pierre à Jaffa. Il est dépassé par les événements : des païens qui viennent à la foi au Christ ! C’est après son grand « songe gastronomique », qu’il comprend : il peut baptiser ce païen de Centurion, Corneille ! Quel grand pas ! Des païens peuvent être assimilés au Corps du Christ !

Et peu à peu, l’Eglise prendra conscience de sa vocation à l’universalité.

C’est St Paul, me semble-t-il, l’apôtre « des îles lointaines » qui a donné la formule d’orientation pour une juste intégration : « Tout est à vous ; mais vous, vous êtes au Christ ; et le Christ est à Dieu ! ».

Il y a une telle puissance d’intégration dans le Christ ! Un chrétien ne doit donc avoir aucune pusillanimité devant tout ce qui est proposé au nom de l’art, de la science et face aux nations quelles qu’elles soient. Mais encore faut-il qu’il ait une personnalité d’adulte, capable d’intégration : « Vous, vous êtes au Christ ! ». C’est tout le problème de la consistance personnelle dans la foi qui donne la capacité d’intégration. Il y a toujours un risque de dislocation à cause de tout ce qui nous est offert matériellement, intellectuellement, spirituellement, à droite comme à gauche.

Alors il faut savoir pratiquer ce grand remède : Il faut, de temps à autre, savoir retourner au « désert », ce lieu privilégié où Dieu parle au cœur [Il y a un jeu de mots en hébreu, dans Amos 2.16 : "Je la conduirai au désert (rBdMi midbar) et je parlerai (yTrBdI dibarti) à son cœur » : « midbar dibarti » : « au désert, je parlerai »)]. C’est dans ce « désert » qu’on retrouve de la consistance dans notre foi afin de mieux accueillir, intégrer, digérer tout ce qui se présente…

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