1er
Octobre 12 – Ste Thérèse de Lisieux
La vie de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus est trop
connue en France, me semble-t-il, pour que je m’y attarde. Je soulignerai
seulement, en ce jour de sa fête, quelques aspects qu’il est toujours bon de
relever.
“Le Bon
Dieu, disait-elle au soir de sa vie, m’a donné un père et une mère plus dignes du ciel que de la
terre !“. Quel bonheur que de bons parents, tant il est vrai que “pères et mères sont les architectes de
l’éducation“ (Plaute).
Pour Thérèse, M. et Mme Martin, ses parents, furent,
en outre, une grâce providentielle : tous deux, ayant voulu embrasser la
vie religieuse, furent tous deux éconduits de leur projet !
Aussi, voulurent-ils leur union très chrétienne en
désirant de nombreux enfants pour le service de Dieu. Ils furent exaucés,
puisque Mme Martin mit au monde neuf filles. Les trois premières furent
religieuses (deux Carmélites et une Visitandine).
Les trois suivantes naissaient à la vie du ciel peu après leur venue à la vie d’ici-bas.
La septième imita ses trois aînées, la seule qui mourut très âgée au Carmel de
Lisieux, tandis que la huitième imitait les trois suivantes en décédant l’année
même de sa naissance. Et la neuvième est notre Sainte d’aujourd’hui. Il n’y eut
pas d’autres naissances, sa mère ayant à peine dépassé la quarantaine fut
atteinte d’un cancer et mourut après avoir supporté avec un grand courage de
dures souffrances. Thérèse n’avait alors que quatre ans ! Il va sans dire
que toute l’affection de M. Martin, son père, se reporta sur la petite Thérèse
qu’il désignait familièrement tantôt comme “sa
petite Reine“, tantôt comme “l’orpheline
de la Bérézina“ !
Malgré cette tendresse paternelle, Thérèse eut la
grâce cependant, dès treize ans, de vaincre une sensibilité compréhensible mais
excessive. Dès lors, elle apprit à tout supporter avec un air heureux. La “petite Reine“ acquit de plus en plus
une force d’âme pour mieux imiter Marie, “Reine
des martyrs“.
Comme on le sait, elle obtint la permission
exceptionnelle (même à cette époque) de rentrer
au Carmel de Lisieux à quinze ans ! Elle y entra le 10 Janvier 1989 ;
elle signa dès lors assez souvent : “Sr
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la sainte face“. Ce dernier titre se
référait aux épreuves de santé qui humiliaient alors son père, M. Martin. Elle
fit profession le 8 Septembre 1890, après un examen canonique où elle déclara
venir “pour sauver les âmes et surtout
pour prier pour les prêtres“. Elle ne fut pas l’enfant gâtée de la
Communauté, loin s’en faut. Et comme certaines de son entourage n’étaient pas
toujours édifiantes (cela arrive même dans une
Communauté religieuse), dès le début, elle trouva ce qu’elle
cherchait : la croix, une croix commune mais pesante !
Pour la fête de la Sainte Trinité, le 9 Juin 1995,
Thérèse s’offrit à être consumée entièrement par l’amour miséricordieux du Bon
Dieu. Le 14, comme elle commençait un chemin de croix, elle ressentit une
blessure d’amour comparable à la blessure de la Ste Thérèse d’Avila. Pour
Pâques 1996, elle tombait dans la nuit noire : une tentation contre la foi
qui devait durer jusqu’à sa mort, ajoutant une peine d’esprit à la maladie
douloureuse qui s’était annoncée deux jours avant par un crachement de sang.
Elle avait trop souffert physiquement pendant trop
longtemps. Le froid des hivers rudes de l’époque l’avait épuisée ; ainsi restait-elle, pour une autre raison, “l’orpheline de la Bérézina“, comme
l’avait surnommée M. Martin. Le 8 Juillet 1897, on la mena à
l’infirmerie ; le 30, elle recevait l’“extrême-onction“, comme on disait
alors ; et le 19 Août, l’Eucharistie pour la dernière fois. Le 30
septembre, vers 19 h., ses dernières paroles furent pour son crucifix : “Oh ! Je l’aime ! Mon Dieu !
Je vous aime !“. Elle s’affaissa, puis soudainement se redressa, le
regard irradié, fixé vers le haut. Puis ses yeux se fermèrent.
Dieu inspirait certainement directement l’âme de
Thérèse, car ses lectures ne furent pas très nombreuses : l’’Imitation”,
Ste Thérèse et Jean de la Croix, bien sûr, un ouvrage également peu connu mais
qu’elle cite souvent : “Fin du monde
présent et mystères du monde futur“ d’un certain Abbé Arminjon. Mais il y
avait surtout la Bible, même s’il est probable qu’elle ne jouissait pas d’un
exemplaire intégral (ce n’était pas très courant et
admis à l’époque !). Mais elle lisait et relisait, méditait surtout le
Nouveau Testament. Elle-même avait fait cette réflexion : Si elle avait été un
homme, elle aurait désiré être prêtre et aurait appris l’Hébreu et le Grec, les
deux langues qui ont véhiculé la Révélation de Dieu par Jésus Christ !
Munie ainsi de l’essentiel, elle pouvait conseiller ce qu’on a appelé “La voie de l’enfance spirituelle“ :
c’est le chemin de la confiance et du total abandon en Dieu ! “La sainteté, disait-elle, n’est pas dans telle ou telle pratique, elle
consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les
mains de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en
sa bonté de Père… Etre petit, c’est ne point s’attribuer à soi-même les vertus
qu’on pratique, se croyant capable de quelque chose, mais reconnaître que le
Bon Dieu pose ce trésor de la vertu dans la main de son enfant…“.
Et c’est ainsi, qu’après avoir lu St Paul, elle
découvrit l’essentiel de sa vocation qui la mit “en un total repos“ : “O
Jésus, mon Amour, écrivait-elle, ma
vocation, enfin je l’ai trouvée ! Ma vocation, c’est l’amour ! Oui,
j’ai trouvé ma place au sein de l’Eglise ; et cette place, ô mon Dieu,
c’est vous qui me l’avez donnée : dans le cœur de l’Eglise, je serai
l’amour ! Ainsi je serai tout ! Ainsi mon rêve sera réalisé…“.
Elle voulait “aimer et revenir sur terre
pour faire aimer l’Amour !“, faire “tomber
une pluie de roses“ d’amour “sur les
justes et les pécheurs !“.
Aussi, cette grande missionnaire par le cœur, par
l’âme, par toute sa vie, le pape Pie XI, le grand pape des missions, la
proclama “Bienheureuse“ dès 1923, et “Sainte“ en 1925. Et en 1927, elle était
promue “patronne principale, à l’égal de
St François-Xavier, de toutes les missions dans le monde“. C’était vraiment
brûler les étapes, si je puis dire ! Enfin, en 1944, Pie XII la nommait
patronne secondaire de la France !
Pour terminer, retenons cette exclamation de Thérèse, moins
connue : “On obtient de Dieu autant
qu’en en espère !“.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire