vendredi 7 juin 2013

Cœur de Dieu !

Fête du Sacré-Cœur 2013

Il me semble vous avoir déjà tracé l'histoire de la fête du Sacré-Cœur. Rappelons-nous l'apparition de Notre Seigneur à Sr Marguerite-Marie, Visitandine à Paray-le-Monial, en 1673. Il veut lui montrer l'immense amour qu'il y a dans le "cœur" de Dieu à l'égard de l'homme, ...pour chacun de nous... !

Mais quand, nous chrétiens, nous parlons du cœur, il faut faire attention ! Le "cœur" dans la Bible ou même dans toute la spiritualité chrétienne, n'est pas lié à la vie affective, du moins pas seulement, loin de là ! Le "cœur", c'est ce qu'il y a au plus intime de l'homme : ce qu'il pense, ce qui le met en branle, en activité. Le "cœur", enseignait naguère le P. Barthélémy (professeur à l'université de Fribourg), c'est une "faculté de projet". En ce sens, peut-être, où, dans le Cid de Corneille, Don Diègue demande à son fils : "Rodrigue, as-tu du cœur ?". Qu'y-a-t-il au plus intime de toi à mon égard, envers moi qui suis injurié, offensé, outragé... !

Et bien, à l'intime de Dieu, en son "cœur", il y a un projet qu'il ne cesse de nous proposer, qu'il murmure sans cesse, qu'il manifeste à Sr Marguerite-Marie : il désire que nous soyons "à son image et ressemblance". Il nous appelle à être ses fils !

Malheureusement, devant le projet éternel du "cœur" de Dieu, l'homme forme un "contre-projet". Il veut se construire lui-même sans le concours de Dieu, refusant l'appel divin. L'homme se détourne de Dieu. Il est victime d'un "aveuglement", dira le prophète Isaïe, le fameux "divertissement" dont parle Pascal. Pourtant, Dieu est là, toujours ! Rien ne serait si Dieu ne donnait pas l'existence à chaque instant par une création continue. Dieu est là ! Mais l'homme n'est pas là. "Mon peuple ne comprend pas", dit Dieu par le prophète Isaïe. "Ils deviennent, dit-il encore, comme le peuple de Sodome et Gomorrhe ! ".
Quand, dans la Bible, on évoque cette région - le point le plus bas de la terre - 400 m) -, on parle de "mahapekah Sedom". La racine du mot "Mahapekah" veut dire "contraire", "retournement". En cette région de péché, on dirait que la terre s'est comme retournée, révulsée... L'homme devenant pécheur, l'univers orchestre cette aberration et se retourne, se révulse… en quelque sorte : "mahapekah Sedom".
C'est un thème récurent dans la bible. Ezéchiel y fait une allusion dans la lecture : "Comme un pasteur, je retirerai mes brebis de tous les lieux où elles furent dispersées, au jour de brouillards et de ténèbres (comme à Sodome). Je leur ferai sortir des pays étrangers - ces enfers ! - ; je les ramènerai sur leur sol. Je les ferai paître sur les montagnes d'Israël !".

Mais chez Osée - Isaïe, Ezéchiel également - quand l'homme pèche, qu'il est dans le chaos, ce n'est plus tellement la terre qui se retourne, qui se révulse, mais c'est  le "cœur" même de Dieu : "Mon peuple, dit Dieu (Osée 11.7sv) est cramponné à son infidélité... Mon cœur en moi est bouleversé ("retourné" : même racine que pour Sodome)". Mais, dit Dieu, "je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère..., car je suis Dieu et non pas homme ; au milieu de toi je suis le Saint... !". Aussi, la brebis perdue, il va la rechercher : "Je ramènerai celle qui est égarée, je fortifierai celle qui est malade!". -  "il la met, tout joyeux, sur ses épaules, dira Jésus (Ev.), et il dit : Réjouissez-vous avec moi, car je l'ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !".

C'est, finalement, ce langage que tenait Notre Seigneur à Sr Marguerite-Marie, lui montrant son "cœur", blessé, souffrant... et Dieu ne cesse de demander : "Faites-vous un cœur nouveau !" (Ez. 18.31). Mais c'est lui-même qui fera, si je puis dire, l'opération chirurgicale : "Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés... J'ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair" (Ez. 36.25-26).
Voilà ce que Dieu fait éternellement, notre "Dieu au "cœur boulveresé, retourné, révulsé" par le péché des hommes. Il l'a manifesté en Jésus-Christ crucifié, dont le cœur fut transpercé par la lance du soldat romain.

St Jean a très bien compris cela quand il note : "Un des soldats, de sa lance, lui (Jésus) perça le côté et il en sortit aussitôt du sang et de l'eau". (Jn 19.34).
- l'eau purificatrice : thème que développera Ézéchiel à la suite d'Isaïe.
- le sang du sacrifice : une allusion peut-être au sang du "juste" par excellence que fut le roi Josias qui "fit ce qui est droit... sans dévier ni à gauche ni à droite" (2 R. 22.1-2), mais injustement "transpercé", lui aussi, par une flèche (Cf 2 Ch. 35.23), ce qui avait terriblement posé la question du mal : "la mort du Juste !".

- L'eau qui sort du côté du Christ, c'est l'eau du baptême, diront tous les Pères de l'Eglise, l'eau qui purifie comme l'eau qui sortait du temple, selon Ezéchiel, et qui, devenant un grand fleuve va purifier les terres de la mer morte, les terres de Sodome, les terres du péché... C'est encore l'eau qui abreuve comme celle qui sortait du rocher au cours de la marche du peuple élu dans le désert. Et St Paul dira : "Mais ce rocher, c'était le Christ" (I Co. 10.4), déjà ! - Le Christ qui donne "l'eau vive", dira-t-il à la Samaritaine, "jaillissant en vie éternelle !" (Jn 4.10, 14).


- Le sang, c'est le sang du don de soi qui va jusqu'au sacrifice : "Ceci est mon corps... Ceci est mon sang". C'est le mystère pascal du Christ qui nous conduit vers le Père... Et nous savons que l'institution de la fête du "Sacré-Cœur" est très liée à la fête du "Saint-Sacrement". Que toute Eucharistie soit pour nous une occasion de recevoir de plus en plus l'amour du Père transmis par le Christ et actualisé par leur  Esprit-Saint commun en nos cœurs !

Aucun commentaire: