dimanche 16 juin 2013

Classer ou aimer ?

T.O. 11  Dimanche  2013 -     Risque de tout "classer" ou... d'aimer !
              
Ce récit de l'évangile est un peu comme un drame avec trois personnages :
- Il y a Simon qui a invité Jésus et qui est catalogué comme étant pharisien.
- Il y a la femme dont on ignore le nom, cataloguée comme une pécheresse.
- Il y a Jésus que Simon a invité par curiosité car il est - dit-on - un Prophète.
Ainsi, chacun des trois protagonistes porte une étiquette : il y a le pharisien, la pècheresse, et peut-être le prophète !.

On a toujours éprouvé le besoin de classer les gens. Chacun de nous possède un grand classeur…, parfaitement invisible. Un classeur à classer les personnes en lequel les interactions entre les fiches sont, comme dans un ordinateur, multiples, variées et fréquentes. Chaque personne a souvent une place précise, typée que les conversations dévoilent parfois :
- Ici, “C'est un homme de droite ou de gauche !” ; là, un “homme de bien !”
- Ici, encore, “c’est un progressiste” ; là “un intégriste” !
Et, sans le vouloir, on en arrive à la médisance, voire la calomnie.
Une conversation animée provoque parfois à un paroxysme de qualificatifs : "Oh ! dit l'une, une telle, vraiment, c'est une 'pas grand-chose !'"  - "'Une pas grand-chose ?', rétorque une seconde. Vous voulez dire : 'Une rien du tout !'" - Et une troisième de conclure péremptoirement : "'Une rien du tout ?'. C'est même 'Une moins que rien !'". - Et la première de tout légitimer aussi sérieusement qu'invraisemblablement : "Elle passe tout son temps à dire du mal des autres !". Pesée ! Emballée ! Expédiée ! Comme l'on dit d'une marchandise ! 

Notre-Seigneur lui-même n'échappait pas à ce classement : “C'est un prophète !”, disent les uns. - “Ce n'est qu'un glouton et un ivrogne", disent les autres, "un ami des publicains et des pécheurs”.

Ce genre de classement est inné : l’autre, parce qu’il est plus ou moins méconnu, parce qu’il est différent de moi, est insécurisant ! Alors, avec un besoin de sécurité, un souci de savoir où l'on avance, à qui l’on parle, on se rassure en posant des étiquettes sur chaque personne. Et par ce moyen, nous pensons voir plus clair dans nos relations ! Notre route est ainsi balisée pour mieux avancer dans la vie…, selon également le rang qui doit nous être reconnu, un rang à estimer, évidemment ! Car, il faut le remarquer, les avis portés ainsi sur les autres, parce qu'ils sont souvent négatifs, nous permettent de nous valoriser nous-mêmes, ce qui est une manière d'affirmer qu'on est quand même meilleur, et que l'on doit nous respecter.

Ainsi, le très respectable Simon avait mis une distance entre lui, la femme et Jésus. Mais s'enfermer soi-même ou enfermer tel individu dans une catégorie, c'est en faire une "chose", non une "personne"; c'est le méconnaître totalement.

Alors, Jésus va tout déranger. Par sa seule présence, il attire à lui cette femme dans la maison ! Il se laisse approcher, embrasser ! Imaginez ! Que vont penser les amis de Simon ? Car, certainement, ils ont vu Jésus et cette femme, ensemble, chez lui ! Du coup, le "classeur" de Simon se met à tournoyer et toutes les fiches commencent sérieusement à voltiger ! Jésus est comme un "virus informatique" ; et l'ordinateur devient complètement fou. Simon avait "classé" Jésus ; il avait "classé" cette femme ; il s'était "classé" lui-même, en bonne position, bien sûr ; et voilà que Jésus brouille tout !

Alors Jésus explique :

- Simon, cette femme, tu dis que c'est une "pécheresse". C'est vrai, elle a péché. Mais, n'oublie pas : tout le monde est pécheur, plus ou moins. L'important, c'est de le reconnaître. Or, elle, elle l'a reconnu, et d'une manière exceptionnelle : elle s'est humiliée. Et parce que pardonnée, elle témoigne par son grand amour. Et n'est-ce pas cet amour qui est le plus important, finalement ? Or, entre elle et toi, entre elle et tous tes amis que tu dis "gens très bien", qui a montré le plus d'amour ? N'est-ce pas elle ? Alors, moi, je vois d'abord en elle celle qui aime à la folie, celle dont l'amour est capable de faire des saints.

- Simon, tu te demandes si je suis un prophète. Et tu es tenté de répondre : ”Non, ce n'est pas un prophète, car il se laisse approcher, toucher par une pécheresse !”. Pour toi, un homme de Dieu, c'est donc celui qui s'écarte des pécheurs et les rejette. Tu n'as donc rien compris ! C'est précisément parce que je suis un homme de Dieu, l'envoyé du Dieu “lent à la colère et plein de miséricorde” que je me laisse approcher par cette femme. Ce n'est pas pour les "parfaits" que je suis venu, mais pour les malades !

- Simon, toi “le pharisien”, qui donc es-tu réellement ? Tu t'attaches aux commandements de Dieu ; tu calcules exactement ce que tu dois faire : quand je suis entré, tu n'étais pas obligé de me rafraîchir les pieds, ni de me parfumer la tête. Tu ne fais que ce qui est obligatoire, rien de plus.
Ta religion ressemble à un livre de compte bien en règle. Mais, est-ce bien cela la vraie foi ? Est-ce simplement s'attacher à des commandements, à des règles ? N'est-ce pas s'attacher à Quelqu'un ? - “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu !”… Tu aimeras… Vis-à-vis de Dieu, nous sommes toujours des débiteurs, nous n'aurons jamais fini de répondre à son amour. La femme, toute pécheresse qu'elle était, a montré, elle, un immense amour.

Ainsi, Jésus se met toujours du côté de la vie, et jamais du côté de la mort !
Il terminera sa vie terrestre en passant de la mort à la vie. Il retire cette femme de son "tombeau" pour la placer face à la vie, face à l'amour. Car Dieu qui est Vie, est Amour.

Tous, nous sommes appelés à sortir de nos "tombeaux" plus ou moins profonds, et à vivre, à aimer véritablement !

- Simon, aurait pu conclure Notre Seigneur, qui vas-tu être, toi ? - Vas-tu en rester encore à tes classements bien ordonnés ? Vas-tu rester le pharisien “correct” ? Mais, - dis-toi le bien - cette correction, cette médiocrité, c'est ton "tombeau" à toi ! Et moi, je t'appelle à la vie ! Vas-tu découvrir la joie d'aimer, la joie d'aimer comme cette femme ?
D’aimer Dieu et de prendre le risque d’aimer comme Dieu ?


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