jeudi 27 juin 2013

Epreuve et vision de Dieu !

T.O. 12  Jeudi  2013 -              (Gen 16.1sv)

Un des leitmotiv de toute la Bible est bien celui-ci : Dieu prend l’homme “tel qu’il est et là où il en est“ - et ce n’est pas toujours joli - pour le rendre saint, le faire “marcher“ (“marche devant ton Dieu !“) vers lui, le “Trois fois Saint“ !

Dans cette optique, on peut lire l’épisode d’Abraham, de Sara et d’Agar.

- D’abord, Sara, stérile, met Agar, sa servante, dans les bras d’Abraham afin d’obtenir une descendance. C'était courant, à l'époque. Autres temps, autres mœurs ! Quoique ! Ces mœurs furent encore celles de bien des empereurs du “Saint Empire germanique“ et de très chrétiens rois de France… !
Et remarquons : ce moyen détourné pour s'assurer une descendance était quand même un manque de foi en les promesses divines de la part d'Abraham, "notre père dans la foi", pourtant ! Même les saints ne sont pas sans défaillances !

- Et lorsque Agar est enceinte de par la faute de Sara, celle-ci devint fortement jalouse. C’est quand même un peu fort !

- De plus, Abraham lui-même n’a quand même pas un comportement très noble face à la jalousie de Sara : “Ta servante est entre tes mains ; fais-lui comme il te semblera bon !“. Quand même !
Agar, tellement maltraitée, est obligée de fuir. C’est plus qu’une dispute de femmes, qu’un crêpage de chignons, ce qui, déjà, n’est pas généralement très joli ! (Une scène semblable est représentée sur la miséricorde de l'une des stalles de l'Abbaye de Montbenoît, dans le Jura).

Et c'est pourtant dans ce contexte scabreux qu'il y a un épisode merveilleux : L’ange du Seigneur rencontre Agar près d’une source salvatrice.
Il faut savoir qu'en hébreu "source" se dit “ein“ ce qui veut dire “œil“. La source, c’est “l’œil de l’eau !“.
Alors, l’ange, près de cette “source“ qui pour elle devient un “œil“ de vie, un regard, une vision de vie, lui dit : “Tu auras un fils ! Il s’appellera : “Ismaël“, ce qui veut dire : “Dieu écoute“ (ta plainte).

Et Agar, intelligente, comprend vite et s’exclame : “Tu es El Roî“ (“El“, c’est Dieu ; et “Roï“, c’est la racine du mot "voir").
Autrement dit : “Tu es le Dieu qui me voit !“.
Autrement dit : telle qu'elle est et là où elle en est, Agar reconnaît dans cette circonstance difficile la providence divine, la présence de Dieu ! Dieu est toujours là, même dans nos difficultés !

Et après, sans doute, un moment de réflexion, elle se demande : “Est-ce qu’ici (en cette circonstance difficile) j’ai vu (Dieu) après qu’il m’ait vu ?“ (1). Et elle nomme le puits “Lahaï Roï“, ce qui veut dire : “Au vivant qui me voit !“ (2).

“Etre vu“ et “voir“ ! C’est la réflexion qui traverse toute la Bible. Nous sommes comme le pèlerin du psaume 83ème qui monte vers le temple de Dieu et demande : “Quand irai-je et verrai-je la face de Dieu.“ (3)

“Quand irai-je et verrai-je la face de Dieu ?“ : Nous-mêmes, nous nous mettons en route comme Abraham, notre “père dans la foi“, sans trop savoir où nous allons, ...vers la montagne de Moriah
(encore une racine du mot “voir“ : vers la montagne de la vision, vers Jérusalem, la Jérusalem céleste de l'Apocalypse).
... Nous allons vers la montagne de Moriah ; et nous ferons l’expérience, 
peut-être dans l’absurde apparent, - comme au moment du sacrifice d’Isaac ! -,
en tous les cas, au milieu même de nos fautes, de nos égarements - comme Abraham lui-même vis-à-vis d’Agar - que Dieu ne nous a pas quitté du regard.

Et, un jour, nous serons au seuil de cette expérience, de cette vision de Celui qui nous voit maintenant : nous le verrons alors comme il nous voit. Nous seront alors “divinisés“, disaient les Pères de l’Eglise, après St Jean qui écrivait : alors, "nous serons semblables à lui", à Dieu (I Jn 3.2) !
 
Oui, Dieu prend l’homme “tel qu’il est et là où il en est“. Il est Celui qui sans cesse nous voit. Car il nous destine à “voir celui qui nous voit sans cesse !“.

Notes :

 (1) Après le verbe “voir“, il manque le complément. Ce fut sans doute le Nom de Dieu qui était écrit mais que l’on a supprimé par la suite car, selon la Loi mosaïque, “l’homme ici-bas ne saurait voir Dieu et vivre“ (Cf. Ex. 33.20).

(2) Il faut remarquer un autre passage de la Bible : le serviteur qu’Abraham, préoccupé d’assurer sa descendance, enverra pour trouver une épouse à son fils Isaac, revint avec Rebecca. Or, c’est au puits de “Lahaï Roï“ que les futurs époux se rencontrent (Gen. 24.62) : Au puits “du Vivant qui voit“…, qui prévoit, qui guide son peuple vers l’avenir. Il faut raconter cela aux fiancés. Rien n'est hasard. Tout est providence !
A remarquer encore que dans la Bible les difficultés de la vie, tous ces “combats de vie“, comme celui de Jacob, se terminent souvent par cette interrogation : “Ai-je vu celui qui me voit ?“. Jacob, après son combat avec l’ange, appelle le lieu “Penouël“, ce qui veut dire : “J’ai vu la face de Dieu !“. J’ai vu la face de Dieu et ma vie a été sauve ! (Cf. Gen. 32.30-31).

(3) Naturellement, la Tradition juive n'a pas compris ce verset en ce sens. Voir Dieu ici bas ! Non, ce n’est pas possible. Aussi les scribes (de Tibériade - la Massore -) ont corrigé le verbe transitif par le passif tout en gardant le complément d’objet direct : “Quand irais-je et serais-je vu la face de Dieu ?“ ! Curieux ! Initialement, c'était certainement : “Quand irais-je et verrais-je la face de Dieu ?“ 

Pour retrouver les principaux textes, voir Blog : http://mgsol.blogspot.com/

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