mardi 26 mars 2013

Suivre le Christ !


Mardi Saint 2013                                                                        Jn 13.21sv

J'avoue aimer les chapitres qui traitent de la dernière "soirée" de Jésus avec ses disciples..., dont je vous ai entretenu déjà, probablement. Vous excuserez donc les répétitions ; mais parfois, souvent même - "bis repetita placet" ! (Il est heureux de répéter deux fois !)  Car, pour moi du moins, la mémoire est surtout une faculté qui oublie, trop !

Il faut donc situer notre évangile dans le contexte du "dernier repas" de Jésus. Ce repas avait commencé par un geste particulier, paradoxal de Jésus : il avait voulu laver les pieds de ses disciples, comme un serviteur... Pierre avait fortement protesté. Mais Jésus lui avait dit : "Si je ne lave pas les pieds, tu ne pourras avoir part avec moi !". Autrement dit, tu ne peux pas prétendre être mon disciple ! Aussi, Pierre de s'écrier : "Alors, pas seulement les pieds, mais aussi les mains, la tête !".

Brave Pierre ! Il a toujours des réactions spontanées, admirables mais qui excèdent parfois ses propres forces (Et c'est souvent notre cas également !). Il aime Jésus. Il veut être son disciple ! Et normalement, le disciple, c'est bien celui qui se met totalement au service de son Maître !
- Il l’aide en toutes circonstances jusqu’à lui défaire ses sandales. “Je ne suis pas digne de défaire les courroies de ses sandales“, disait Jean-Baptiste. C’est-à- dire : Je ne suis pas digne d’être son disciple.
- Le disciple est comme un serviteur. Le Maître lui dit : “Va“ ; et il va. Ne serait-ce que pour prévoir “le boire et le manger“, “faire les courses“, comme le souligne l’épisode de la Samaritaine…. - Ou bien, le Maître dit : “Viens“ ; et il vient. “Venez dans un endroit désert vous reposer“, dira un jour Jésus. Et les apôtres le suivront.
- Le disciple imite son Maître. Avec lui, les apôtres apprendront à prier, à chasser les démons, à annoncer le “Royaume de Dieu“ etc… Et déjà, Jésus leur disait certainement : “Ce que je fais, faites-le, vous aussi… !“.

Oui ! Le disciple suit son Maître partout, comme l’exprimera un jour un candidat : “je te suivrai partout où tu iras !“. Autrement dit, je veux être ton disciple !

Or, Jésus dit soudainement : “Là où je vais, vous ne pouvez pas venir !“. C’est la consternation. Le primordial commandement, pour un disciple, n’est-il pas justement de suivre son Maître ? C’est comme si Jésus, après avoir dit à chacun : “Suis-moi !“, après avoir entraîné ses apôtres à sa suite trois ans durant, leur disait : “Vous n’êtes plus dignes d’être mes disciples, puisque là où je vais, vous ne pouvez pas me suivre !“.

Alors, Pierre - toujours au nom de tous - demande, avec tristesse peut-être : “Mais où vas-tu ?“. Et Jésus de lui répondre : “Tu ne peux pas me suivre, maintenant… ; plus tard !“. Nous savons, nous, où Jésus se dirige ! Vers l’accomplissement de son mystère pascal, son passage de mort à vie ! Et les disciples ne sont pas prêts à ce même passage, évidemment ! Comme nous-mêmes, souvent !

Alors, Jésus ajoute avec affection sans doute : "Petits enfants, c'est pour peu de temps que je suis encore avec vous. Vous me chercherez, et comme je l'ai dit aux Juifs : où je vais, vous ne pouvez venir". Mais il précise : Ne vous inquiétez pas ! Voici "un commandement nouveau", un commandement de substitution, si l'on peut dire, à l’accomplissement duquel vous resterez mes disciples : “Aimez-vous les uns les autres !“. “Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples !“.

Vous restez disciples parfaits si vous vous aimez les uns les autres. Car lorsque vous aurez accompli ce nouveau commandement, alors, à ce moment-là, vous pourrez accomplir le premier, le primordial qui est de me suivre même là où je vais. Car “nul n’a d’amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime !“ (Jn 15.13). Accomplissez ce commandement nouveau et vous trouverez le chemin pour accomplir le premier qui est de me suivre. Jésus, d’ailleurs, ne priait-il pas ainsi : “Père, je veux - c’est la seule fois dans l’évangile où Jésus dit : “Je veux“, en s’adressant à son Père-…, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient, eux aussi, avec moi…. Père, je leur ai fait connaître ton Nom afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux !(Jn 17.24-26).

Aimer ! Oui, mais aimer d'amour divin ! "Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux...".
Car il faut savoir distinguer la charité fraternelle de l'affection que nous pouvons porter à un ami, estimé très légitimement à cause de sa bonté, de ses richesses... etc. Mais aimer nos frères humains, en tant que frères en humanité, sans que l'intention profonde de la volonté et le mouvement qu'elle imprime à nos amours soit Dieu Lui-même, cela n'est pas un acte de charité surnaturelle. C'est une affection naturelle et compréhensible, “l'égalité et la ressemblance constituant l'affection”, enseignait Aristote ! Et en ce domaine, il peut y avoir, il y a souvent acception de personnes ! Même entre chrétiens, entre religieux !
Différente de l'amitié naturelle, même vertueuse, la charité exige que nous aimions notre prochain pour Dieu, par Lui, en Lui, avec Lui.

Aimer ! Oui, mais Aimer d'amour divin ! C'est le seul moyen de suivre le Christ jusqu'au bout, jusque dans sa gloire divine à travers son mystère pascal !

Mais comme c'est difficile ! Difficile de donner sa vie par amour, de cet amour divin qui a poussé le Christ à livrer sa vie pour nous. Il y a tout un chemin semé d'embûches. Aussi, Jésus nous prévient comme il a prévenu son disciple : "Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois !". Mais c'est de chute en chute que l'on arrive à monter, que l'on arrive finalement à aimer comme le Christ, comme Dieu nous aime !
Pierre le comprendra. Après sa résurrection, Jésus lui demande : "Pierre, m'aimes-tu ?". Et lui de répondre : "Seigneur, toi qui connais toutes choses, tu sais bien que je t'aime !". Mais Jésus de lui préciser : Alors, "pais mes brebis !" (Cf. Jn 21.17sv). Aime, conduis tout homme vers Dieu, à accueillir l'Amour de Dieu. Et cela même au prix de ta vie. Et l'on sait comment Pierre donnera sa vie à la fois pour son Seigneur et pour ses frères, tant l'amour de Dieu est inséparable de l'amour de l'homme !

Il n'y a qu'un commentaire à faire que St Jean lui-même répétait à la fin de sa vie : Aimer et aimer encore ! Mais aimer non pas d'un amour purement sensible, affectif, comme Pierre le Jeudi-Saint, mais d'un amour divin qui nous fait entendre la parole de Jésus : "Pais mes brebis". Prends soin d'elles jusqu'au don de ta vie s'il le faut... ! 

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