samedi 9 mars 2013

Le Pharisien !


Carême 3 Samedi -                                          Osée. 6.1sv

 La parabole du Pharisien et du Publicain a été interprétée assez communément de telle sorte que "pharisaïsme" est devenu synonyme d’hypocrisie, de tartufferie. Dire de quelqu'un qu'il est pharisien, c'est pratiquement une injure !

On proteste actuellement contre cet amalgame. Des auteurs qui connaissent bien l’époque des origines du christianisme disent que beaucoup de pharisiens du temps de Jésus auraient été capables de formuler contre d'autres pharisiens une caricature semblable à celle que fait Jésus dans cette parabole. Ils auraient été, ils étaient sans doute, les premiers à dénoncer la fausse route en laquelle s'étaient engagés des gens qui n’ont que l’ostentation de la piété, de la vertu : c'étaient les faux dévots du temps qui jugeaient sévèrement ceux qui n’observaient pas comme eux, minutieusement et scrupuleusement, les rites et qui condamnaient la conduite des autres sous couleur de leur rendre service.

St Paul se vantait d’avoir appartenu au pharisaïsme : "Je suis pharisien, fils de pharisien", dira-t-il avec quelque fierté (Ac 23.6). "J'ai vécu selon la tendance la plus stricte de notre religion, en pharisien" (Ac. 26.5). Il admire même le zèle des pharisiens, sans toutefois toujours l’approuver.

Si on se réfère à la racine hébraïque du mot, "Pharisien" signifie "Séparé". Il désigne les juifs qui vivaient dans la stricte observance de la Loi écrite et de la Tradition orale. Quoi de mal ? Mais ce que Jésus critique, c’est l’excès de zèle qui peut tourner facilement au formalisme et à l’hypocrisie. Actuellement, la connaissance du judaïsme au temps de Jésus devrait nous amener à corriger notre vocabulaire, à corriger nos amalgames ; et, en même temps, nous qui nous disons "séparés" pour mieux nous "consacrer" à Dieu - témoignage qui peut être dde grande importance - il nous faut fuir toute suffisance de cette condition de vie. St Benoît nous recommande tellement l'humilité, l'humilité personnelle certes, mais aussi l'humilité collective ! Aussi, l’exemple du publicain reste actuel pour chacun de nous, afin de nous amener, en ce temps de Carême, à une véritable repentance qui nous rapproche de Dieu.

Car il faut le reconnaître : nous sommes tous victimes des tergiversations dont parle le prophète Osée dans la lecture. Notre amour est fugitif "comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore à la première heure". Nous avons tous tendance à rassurer trop facilement nos consciences par des pratiques dont l’amour est facilement absent. "C’est l’amour que je désire, dit Dieu, et non les sacrifices et les holocaustes". Ce qui ne veut pas dire que les sacrifices doivent être abolis, mais ils doivent être signes d'amour envers Dieu et, selon la tradition chrétienne, signes d'une plus grande proximité avec nos frères !

De plus, Osée nous invite à interpréter les épreuves de l’existence comme des évènements qui peuvent recéler un amour indéfectible - celui de Dieu -, en ce sens qu'ils peuvent être des occasions de nous remettre de plus en plus sur le chemin de la Jérusalem céleste, de nous tenir totalement en la confiance de Dieu. Réflexion dont il ne faut pas abuser, certes, mais réflexion salvatrice si nous la plaçons dans le mystère pascal du Christ que nous allons célébrer prochainement.

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