mardi 12 mars 2013

Conclave


Carême 4 - Mardi  - Ouverture du Conclave  (Mth 16.13-19)

"Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe !". Cette région se situe au pied des majestueuses montagnes de l'Hermon dont fait allusion de psaume 68e :
"Montagne de Dieu, la montagne de Bashân !
Montagne sourcilleuse, la montagne de Bashân !
Pourquoi jalouser, montagnes sourcilleuses,
la montagne que Dieu a désirée pour séjour  
où Dieu demeurera jusqu'à la fin".
C'était et c'est toujours un lieu aux paysages grandioses, un décor montagneux de grande majesté.

Par contre, c'était une région très païenne. Et pourtant c'est là que Jésus fonde son Eglise. C'est à remarquer ! L'Eglise et le pape lui-même quel qu'il soit devront souvent s'adresser à un monde hostile. Prions à cette intention !
Flavius Josephe qui décrit ce lieu avec magnificence y situe les sources du Jourdain, ce fleuve en lequel Jésus était descendu pour prendre sur lui les péchés du monde : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde", avait affirmé Jean-Baptiste (Jn 1.29). En ce lieu, à Panéas devenu actuellement Banias (le "p" n'existant pas en arabe) et qui, au temps de Notre Seigneur, sera dénommé Césarée de Philippe, on vénérait surtout par de grandes solennités le dieu Pan, ce dieu qui jouait de la flûte et qui faisait des choses moins convenables en effrayant les nymphes qui fuyaient de peurs "paniques" (le mot "panique" vient de cette légende paîenne). C'était vraiment une terre païenne, totalement ignorante des préoccupations messianiques de Jérusalem ! … Et c'est donc en cette terre païenne que Jésus fonde son Eglise pour annoncer et célébrer le vrai Dieu. C'est la mission de l'Eglise, mission dont se chargera le futur pape, mission déjà fortement soulignée par Jean-Paul II et Benoît XVI en vue d'une "nouvelle évangélisation".

Mission qui suppose, comme l'a rappelé fortement Benoît XVI, une grande fraternité entre tous les membres de cette Eglise, fraternité décrite par le psaume 133 :
"Voyez qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères, tous ensemble.
C’est une huile excellente sur la tête qui descend sur la barbe,
qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le col de ses tuniques"
Comparaison peut-être un peu déconcertante pour des moniales. Mais la suite est plus significative :
"C'est la rosée de l'Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion.
C’est là que Dieu a voulu la bénédiction, la vie à jamais !"
C'est dans et par l'Eglise fondée en ces hauteurs que Dieu nous donne sa bénédiction...! C'est par notre vie fraternelle que cette bénédiction pour tout homme est, doit être signifiée..., vie fraternelle autour du successeur de Pierre... ! Prions encore à cette intention à l'exemple de Benoît XVI qui affirmait prier pour l'unité de l'Eglise durant ces jours importants du conclave, déclarant à l'avance sa déférence fraternelle envers le futur pape.

Alors, Jésus pose à ses disciples la grande question : "Au dire des gens, le Fils de l'homme, qui est-il ?". Avant cet épisode, la question était (chez St Marc particulièrement) : "Qui est cet homme qui..." parle..., qui agit de façon si admirable ? Désormais Jésus interpelle : "Le Fils de l'homme, qui est-il ?".
Dans la tradition biblique, dans l’Ancien Testament, cette expression "Fils de l'homme" peut vouloir dire bien davantage que Fils de Dieu. David est appelé "fils de Dieu" et beaucoup sont "fils de Dieu" : les justes, les anges...   Le Fils de l’homme, c’est un personnage mystérieux dont on parle beaucoup au temps de Jésus (Cf. livre Daniel, livre d'Hénoch non reconnu par les Juifs)...  

Et Jésus reprendra l’expression pendant son procès : "Vous verrez le Fils de l’homme..."  - "Fils de l’homme" est une expression que Jésus semble avoir employée avec prédilection, parce qu'elle lui permettait de prendre ses distances par rapport aux espérances messianiques de son époque telles qu’on les formulait souvent très maladroitement. En ce cas, "fils de l'homme", c'était un "fils d'homme", un homme quelconque. Mais cette expression pouvait aussi faire allusion, - et les gens qui connaissaient les Ecritures ne s’y trompaient pas - aux espérances messianiques : la venue d’un empire sur les ruines de tous les empires qui se sont succédés et qui ont persécuté le peuple élu…

"Que disent les gens du Fils de l’homme ?".  Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes … Mais "pour vous qui suis-je ?"
Pour vous qui suis-je ?" - Quand on a commencé le mouvement œcuménique dans les années 1920, on a cherché quel était le meilleur dénominateur commun à partir duquel on pouvait se dire chrétien. Et on a trouvé que c’était de proclamer : "Jésus est Seigneur!". C’est exactement la confession de Pierre ! "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !". Si on dit : "Jésus est un grand homme, un poète, un génie d’équilibre psychologique… et tout ce que vous voulez, vous n’êtes pas encore chrétien. Être chrétien, c’est dire, (mais on ne peut le dire que dans l’Esprit Saint) : "Jésus est Seigneur !". Prions pour que tous les chrétiens sachent affirmer cette foi avec le successeur de Pierre !

En réponse, Jésus lui dit : "Tu es heureux, Simon fils de Iôna" ("bariôna" en grec reprenant certainement l'hébreu…). Cette précision semble très probablement faire allusion au plus célèbre des grands prêtres du 2ème siècle dont on parlait souvent au temps de Jésus. Le livre du Siracide en fait largement mention : "C'est Simon fils d'Iôna, le grand prêtre, qui pendant sa vie répara le Temple et fortifia le sanctuaire. ... Qu'il était magnifique, entouré de son peuple, quand il sortait de derrière le voile (du Temple), comme l'étoile du matin au milieu des nuages, comme la lune en son plein, comme le soleil rayonnant sur le Temple du Très-Haut... Alors il descendait et élevait les mains vers toute l'assemblée des enfants d'Israël, pour donner à haute voix la bénédiction du Seigneur et avoir eu l'honneur de prononcer son nom“ (Sir 50.1sv).

Le Grand Prêtre qui est ainsi évoqué est le Grand Prêtre qui officie le jour de Kippour. En ce jour solennel, Il pénétrait - c'était une fois par an seulement - dans le Saint des Saints, derrière le voile et prononçait le "Nom" de Dieu ; et il obtenait la purification des péchés.
Pierre vient de prononcer le Nom ("Hashem") : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !"… Il est donc bien désormais le Grand Prêtre, dans la lignée d'Iôna. Et Jésus d'ajouter :"Heureux es-tu... : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux !". Autrement dit, tu as été choisi par Dieu, tu es l'élu de Dieu... et non des hommes. Ayons cette foi profonde : le pape sera l'élu de Dieu !
"Et moi, je te le déclare, continue Jésus : tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise !". Tu es Pierre, tu es caillou, caillasse, "kaiaphan" ; c'est le nom du grand Prêtre en exercice, Caïphe. Autrement dit, c'est toi désormais qui es le Grand Prêtre ; c'est sur toi que je bâtirai mon Eglise. "Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre, sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux".  Comme le Grand Prêtre, Pierre le pouvoir de purification !

Prions instamment pour que le futur pape dévoile au monde entier le grand Nom de Dieu, nous transmette sa bénédiction et purifie des hommes en les rapprochant de plus en plus de Dieu ! 

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