mercredi 18 novembre 2009

Resurrection des morts… ! - T.O. 33 imp. Mercredi - (II Macc. 7.1-11)

Comme le martyre d’Eléazar que nous avons lu hier, l’héroïsme de la mère qui exhorte ses sept fils à une mort intrépide, avant de mourir elle-même, est tiré du 2ème livre des Macchabées, et reflète le même genre de style pathétique.

Je crois que, de tout l’Ancien Testament, aucun texte ne reflète plus que celui que nous venons d’entendre, la certitude de foi en la résurrection des morts, en la résurrection de la chair !

La semaine dernière, le livre de la Sagesse nous parlait déjà de l’immortalité, mais baignait dans l’atmosphère de l’hellénisme ; il n’insistait pas sur la résurrection des corps. Car pour les Grecs, le corps est comme une prison dont il faut s’échapper pour accéder à une vie spirituelle et à une survie qui se passerait volontiers d’un corps, qu’on abandonne à la corruption définitive.

Tout autre est la mentalité juive la plus authentique. Pour elle, la résurrection de la chair devient peu à peu une certitude de foi, née de l’expérience qu’a faite le peuple élu, tout au long de son existence, d’un Dieu vivant qui se révèle par ses délivrances : « Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir de l’esclavage d’Egypte »… Les « exodes » se répètent, tout au long des siècles ; et le psalmiste peut chanter : « Notre Dieu est le Dieu des délivrances, à Lui sont les issues de la mort ». Même au-delà de toutes les épreuves et les calamités, même au-delà de la dernière des calamités, la mort elle-même, Dieu veut nous délivrer, nous veut vivants, tels que l’on est : corps et âmes, dirions-nous.

Parlant d’Abraham, et du sacrifice d’Isaac, l’épître aux Hébreux exprimera cette foi, en disant : « Dieu, pensait Abraham, est capable même de ressusciter les morts ; c’est pour cela qu’il recouvra son fils, et ce fut un symbole », une préfiguration !

Aussi, au temps de Jésus, dans les milieux pharisiens, existait déjà cette belle prière, qu’on dit encore à la synagogue, aujourd’hui : « Béni sois-tu, Seigneur, notre Dieu, Maître de l’univers, Toi qui ressuscite les morts »

Et cette belle affirmation de foi s’appuie sur l’expérience des diverses délivrances vécues dans l’histoire. On ne cherche pas à expliquer, pas des raisonnements philosophiques et des dissociations artificielles entre l’âme spirituelle et le corps matériel.

Ainsi, au point de départ de la prédication chrétienne (que l’on appelle kérygme), on proclame un fait : « Ce Jésus qui a été crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins, nous qui avons mangé et bu avec Lui, après sa résurrection »

Affronté à la mentalité grecque, que ce soit à l’aréopage d’Athènes, ou dans l’Eglise de Corinthe, St Paul se fait témoin de la foi de ses ancêtres, et de son appartenance au judaïsme. « Si le Christ n’est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes ».

Paul ne procède à aucune explication philosophique. Il n’y a, chez lui, que des comparaisons empruntées à la fécondité de la nature et surtout à l’expérience des délivrances, opérées par le Dieu Vivant, tout au long des siècles de l’histoire du peuple élu, auquel il appartient plus que jamais, même après sa conversion sur le chemin de Damas. Lui aussi, comme les douze apôtres, a rencontré le Christ ressuscité, toujours vivant : « Saül, Saül, pourquoi Me persécutes-tu ? ». Lui aussi a droit au nom d’Apôtre.

Ceux, qui sont quelque peu familiers de la Bible, peuvent remarquer que le langage où s’expriment les délivrances opérées par Dieu en faveur de son peuple tout au long de l’histoire, est souvent le même que celui des cosmogonies, c’est-à-dire des récits qui essaient de rendre compte de l’origine de l’univers. Ces cosmogonies ont beaucoup de similitudes avec celles qu’ont imaginées les peuples environnants, Egyptiens, Phéniciens, Babyloniens. Mais, tandis que dans ces cosmogonies païennes, les dieux au pluriel, sortent du chaos primitif et que l’univers résulte d’une lutte gigantesque entre ces dieux pour parvenir à une victoire sur le chaos primitif, dans le premier chapitre de la Genèse, le “Dieu Unique“, le “ Tout Autre“, en dix Paroles, et en sept jours, fait calmement disparaître le chaos, fait passer de la multitude désordonnée à l’harmonie.

Autrement dit, l’expérience des délivrances opérées dans l’histoire par le Dieu Unique et Vivant, s’est projeté aux origines du monde et va se projeter jusqu’à la fin des temps, assurant la victoire de la Vie jusqu’en nos corps mortels si souvent assujettis à un désordre initial. L’Esprit qui planait au-dessus du chaos, lors de la création, est le même Esprit des délivrances et des exodes au cours de l’histoire, est le même Esprit qui a ressuscité Jésus en chair et en os, est ce même Esprit qui donnera VIE à nos corps mortels !

- Rm 8,11 : « Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ! »

- Ph 3, 20-21 : « Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux, d'où nous attendons ardemment, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu'il a de pouvoir même se soumettre toutes choses. »

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