vendredi 13 novembre 2009

La Création, premier langage de Dieu - T.O. 32 imp. Vendredi - (Sag. 13.1sv)

“Ils sont insensés par nature, tous les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui, par les biens visibles, n’ont pas été capables de connaître Celui-qui-est, et n’ont pas reconnu l’Artisan en considérant ses œuvres“.

St Paul ne dira pas autre chose “Depuis la Création du monde, les perfections invisibles de Dieu - éternelle puissance et divinité - sont visibles dans ses œuvres pour l’intelligence ; ils sont donc inexcusables ceux qui, connaissant (ainsi) Dieu, ne lui rendent ni la gloire ni l’action de grâce qui reviennent à Dieu. Au contraire, ils se sont fourvoyés dans leurs vains raisonnements…“ (Rm 120sv).

Si on était vraiment intelligent (“intus legere“ : lire à l’intérieur), on déchiffrerait quelque chose de Dieu dans ses œuvres qui portent sa marque ; on déchiffrerait le caractère de Dieu un peu comme un graphologue déchiffre le caractère de quelqu’un à partir de son écriture. La création est bien le premier langage de Dieu, un langage exprimé “dès le début, au commencement“. Au commencement du monde comme au commencement de notre vie. Toute la création nous parle de Dieu, nous conduit à lui.

A ce sujet, je ne peux m’empêcher de vous citer un magnifique texte de St Augustin :

“J'ai interrogé la terre et elle m'a dit : «Je ne suis point Dieu.» Tout ce qui s'y rencontre m'a fait le même aveu.

J'ai interrogé la mer et ses abîmes, les êtres vivants qui s'y meuvent et ils m'ont répondu : «Nous ne sommes pas ton Dieu ; cherche au-dessus de nous» .
J'ai interrogé les vents qui soufflent ; et l'air avec ses habitants m'a dit : «Anaximène
(de Milet, philosophe du 6ème s. av. J.C. qui affirmait que le premier élément de l’Univers, c’était l’air) se trompe, je ne suis point Dieu.» J'ai interrogé le ciel, le soleil, la lune et les étoiles : «Nous ne sommes pas davantage le Dieu que tu cherches», m'ont-ils déclaré.

Et j'ai dit à tous les êtres qui assaillent les portes de mes sens : «Entretenez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l'êtes point, dites-moi quelque chose de lui».
Ils m'ont crié d'une voix éclatante : «C'est Lui qui nous a créés». Pour les interroger je n'avais qu'à les contempler, et leur réponse, c'était leur beauté“.(Confessions).

Le livre de la Sagesse ne dit pas autre chose : “Si certains ont été charmés par la beauté des œuvres du Créateur au point de les prendre pour des dieux, qu’ils apprennent combien leur Maitre est supérieur, car il est l’Auteur même de la beauté qui les a créés“.

Bien plus, le chef-d’œuvre de la création, c’est l’homme. “Dieu fit l’homme à son image et ressemblance. Il le fit homme et femme“ ! C’est - normalement - l’homme et la femme qui doivent être, dans l’amour, le plus beau reflet de Dieu Créateur ! Leur union mutuelle (malgré les “avatars“ qu’elle entraîne parfois ici-bas), reste la belle image de l’union de Dieu avec l’homme, union qui est la finalité de toute la création, qui se réalisera parfaitement dans le Christ. Aussi, Tertullien, imaginant le Créateur comme le potier créant son œuvre, selon l’image biblique, contemplait déjà le Christ, l’homme parfait voulu par Dieu dès le matin de sa création : “Représente-toi Dieu tout entier occupé à donner figure à l’œuvre de sa main : il y applique son intelligence, son action, sa sagesse et sa providence, et avant tout son affection. Car tout ce qui était imprimé dans ce limon, c’était la pensée du Christ, l’homme à venir“. (Cf. une sculpture de la cathédrale de Chartres : Quand Dieu crée Adam, il pensait au Christ, - représenté derrière Adam -, le Christ, l’homme à venir, l’homme parfait !). Aussi le Cardinal Daniélou écrivait : “La création tout entière est comme un libre et beau prolongement de la génération éternelle du Fils ; elle est comme caché en elle !“.

Sachons - même citadins !- regarder les œuvres du Créateur ; elles nous parlent de Dieu ! Diderot lui-même, ce philosophe des lumières, disait : “L’œil, l’aile d’un papillon suffisent pour détruire la négation de Dieu !“.

Dernière réflexion : puisque le premier sens du mot “grâce“ est celui de “beauté, charme, élégance“, il va de soi que le chrétien, animé par la grâce, métamorphosé par elle de “gloire en gloire“, comme dit St Paul (II Co. 3.18) devient de plus en plus beau. Il porte déjà ici-bas “la ressemblance de l’homme céleste“ (I Co. 15.49). Et St Augustin d’écrire : “Dieu qui est éternellement beau nous a aimés, nous difformes, afin de nous rendre beaux. Comment serons-nous beaux ? En aimant celui qui est toujours beau. Dans la mesure où croît ton amour, croît aussi ta beauté : car la charité elle-même est la beauté de l’âme“. C’est ainsi que le chrétien, témoignant de la beauté de Dieu comme tous les éléments de la création, peut témoigner de l’existence de Dieu. Aussi il est dit de Jésus qu’il était “le plus beau des enfants des hommes“ (“plein de grâce et de vérité“ Luc 2.40), beauté qu’il devait tenir aussi de sa mère qui, elle, la “toute belle“, “pleine de grâce“, l’Immaculée, la tenait de Dieu ! - Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet très théologique finalement. - Je conclue : Messieurs et Mesdames aussi (!), sachons où se trouve la source de toute beauté. Car pour être belle, disait un confesseur à l’une de ses pénitentes, arrête-toi une minute devant la glace, cinq devant ton âme, et quinze devant Dieu !“. Ainsi ta beauté témoignera de Dieu !

Aucun commentaire: