lundi 30 novembre 2009

De Jérusalem à Jérusalem… - Avent 1 Lundi - (Isaïe 2.1-5)

Dans la liturgie de l’Avent, plus encore que tout au long de l’année, reviennent inlassablement les évocations de Jérusalem. Si on lit quelque peu la Bible, on s’aperçoit vite du grand intérêt qu’est porté à cette “Ville Sainte“.

Dans l’Ancien Testament, tout converge vers Jérusalem qui est “le LIEU (au singulier, par excellence) que Dieu a choisi pour y faire habiter son NOM“.
  • Entre autres citations, il y a le psaume 132 qui accompagne le transfert de l’Arche à Jérusalem, par David.
  • Le Deutéronome (ch . 12) qui rapporte la réforme du saint roi Josias (quelques trente ans avant la destruction du temple par Nabuchodonosor, en 587) est inlassablement ponctuée par ce refrain : “le lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom !“.
  • Après la “véritable résurrection des morts“ que fut le retour d’exil, la motivation principale des Sionistes de l’époque est la reconstruction du Temple ; grâce aux prophètes, tous les découragements sont surmontés. Ce deuxième temple - embelli par Hérode le Grand - était célébré chaque année par une “fête de la Dédicace“ qui souligne que Jérusalem était bien le centre non seulement religieux mais national d’un peuple déjà dispersé à travers le monde. St Jean (Jn 10.22-24) nous dit que Jésus avait participé à cette fête, dans le temple de Jérusalem alors au sommet de son importance.

Aussi, on peut dire : si la Terre Sainte est au centre du monde, le “nombril du monde“ (selon l’expression d’Ezéchiel - 38.12), Jérusalem est au centre de la Terre Sainte ; le Temple est au centre de Jérusalem ; et la “pierre de fondation“ sous le “Saint des saints“, derrière le voile, est au centre de tout !

Or, pour nous, ce voile s’est déchiré quand le Christ est mort sur la croix (Mc 15.38 & //) : Il est le véritable Grand-Prêtre, qui est rentré “une fois pour toutes“ (Heb 9.12)
  • non plus dans le Saint des saints d’un temple fait de mains d’homme, mais dans la demeure même de Dieu ;
  • non plus avec le sang des animaux, mais avec son propre sang ;
  • obtenant le pardon non plus seulement des péchés d’un peuple particulier, mais obtenant la Rédemption de toute l’humanité croyante à travers le temps et l’espace. “Il a purifié nos consciences des œuvres mortes pour que nous puissions faire de notre vie une liturgie au Dieu vivant !“. (Cf. Heb 9.14).

Et tout cela est rendu présent - nous n’y pensons pas suffisamment -, de présence réelle, par l’Eucharistie qui peut être quotidienne sans qu’on puisse s’y habituer jamais…

Et c’est de Jérusalem, de ce nouveau sanctuaire inauguré par le Christ que part, à la Pentecôte, la prédication apostolique. “Car, dit notre texte, c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la Parole du Seigneur !“. La Parole de Dieu, la prédication apostolique part donc de Jérusalem, du Nouveau Temple qu’est le Christ pour aller retentir jusque dans les îles lointaines, aux extrémités du monde. Et, en écho à cette prédication, des gens de toutes langues, peuples et nations, convergeront un jour vers la véritable Jérusalem, comme l’annonçait le prophète Zacharie (ch. 14) ! “Quand je serai élevé (i.e. crucifié et ressuscité), disait Jésus, j’attirerai tout à moi !“. (Jn 12.32).

Cette nouvelle et véritable Jérusalem est désormais le cœur du monde, à travers l’espace et le temps. L’Ancien Testament converge vers Jérusalem, tandis que le Nouveau, partant de Jérusalem, répand à travers le monde des vérités qui y ont pris un sens plénier, faisant éclater les frontières du temps et de l’espace, nous introduisant déjà dans la Jérusalem céleste.

L’imitation de Jésus Christ (la “sequela Christi“ : toute la spiritualité chrétienne) est synonyme d’une “montée à Jérusalem“. Il faudrait lire ici la belle parabole du pèlerin de Hilton, ce grand spirituel anglais du 14e siècle : “Il y avait une fois un homme animé d’un grand désir de se rendre à Jérusalem. Ne sachant pas la bonne route, il s’adressa à quelqu’un de moins inexpérimenté et lui demanda s’il n’y avait pas un chemin praticable. L’autre lui répondit que le chemin était à la fois long et rempli de difficultés…“.

Oui, nous sommes tous en marche vers Jérusalem. Et dans cette marche, méditons souvent cette phrase de St Luc (21.24b) : En arrivant à Jérusalem, Jésus pleura, car elle n’avait pas connu le temps de sa “visite“ ! Que veut dire St Luc ? L’Eucharistie n’est-elle pas la visite du Seigneur en son temple ? Aujourd’hui !

Une anecdote pour terminer : il est à remarquer que notre texte d’aujourd’hui se retrouve presque mot pour mot au chapitre 4 du prophète Michée, contemporain d’Isaïe. C’est ce texte de Michée que le président Shazar avait préféré à celui d’Isaïe, en 1963, lorsqu’il accompagna le pape Paul VI à la fin de son pèlerinage en Terre Sainte. C’est que Michée ajoute à Isaïe : “Tous les peuplent marchent chacun selon le nom de son dieu ; mais nous, nous marchons au nom du Seigneur notre Dieu pour toujours et à jamais“ (Mi. 4.5). La citation pouvait être ambiguë. L’atmosphère était alors très froide. Depuis lors, le Concile a précisé que le problème des rapports du Judaïsme et du Christianisme est “intrinsèque“ au mystère de l’Eglise et de Jérusalem par le fait même…
Prions pour l’unité des croyants. Tous ensemble puissions nous manifester que nous allons vers la Jérusalem céleste, celle qu’a si bien décrite St Jean en son apocalypse. Jérusalem ! “Vision de paix !“.

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