vendredi 6 novembre 2009

Offrande, Action de grâces - T.O. 31 imp. – Vendredi - (Rm 15.14-21)

C’est la fin de la lettre aux Romains… Et comme St Paul avait préludé à son enseignement doctrinal en louant la foi de ses compatriotes - “Je rends grâce à Dieu de ce qu’on proclame votre foi dans le monde entier !“ (1.8) -, il fait suivre son exposé d’un nouvel éloge de la Communauté romaine : “Je suis convaincu que vous êtes pleins de bonnes intentions !“. On sent qu’il veut éviter l’apparence de s’imposer impérieusement à une Eglise qu’il n’a pas fondée. Et puis - je dirais avec humour - : tout apôtre qu’il soit, il témoigne, en un temps facilement qualifié de “barbare“ ou “cruel“, d’une certaine politesse que l’on aimerait voir pratiquer en notre époque dite civilisée ! Paul a été bien éduqué ; il a de “bonnes manières“ ! Il semble même s’excuser : “Cependant, pour raviver votre souvenir…,“ si besoin était, “je vous ai écrit, par endroits, avec une certaine hardiesse“. Mon but, c’était que les païens eux-mêmes “deviennent une offrande agréable à Dieu !“.

C’est peut-être le mot qu’il faut retenir aujourd’hui de notre lecture. St Paul, même s’il s’adresse à des païens, reste “bon Juif“ dont la racine de ce mot (“Juif“) veut dire “louer“, “merci“. C’est comme l’équivalent du mot grec “eucharistein“. Or, pour nous chrétiens, l’Eucharistie qui nous rassemble n’est-elle pas une “offrande“, une louange, une action de grâces, un “grand Merci“ ! Dans l’A.T., “offrir des sacrifices“, c’est une expression qui veut dire en mot-à-mot : “faire monter des choses qui montent“ : on accueille les dons de Dieu, quels qu’ils soient, pour les faire remonter vers le Seigneur !

Créés par Dieu, nous sommes “structurés“ pour tout faire rebondir dans l’action de grâce. L’action de grâce, c’est la clef de l’harmonie de la vie spirituelle. Tout notre être est fait pour rebondir vers Dieu qui nous a créés et nous crée sans cesse “à son image et ressemblance“. Les mouvements dits “charismatiques“ - même si nous ne partageons pas toujours leurs manières de procéder - nous rappellent qu’on inhibe trop, peut-être, les dynamismes affectifs les plus profonds de notre être qui est fait pour “rebondir vers Dieu“. Cela devrait se traduire sans cesse ne serait-ce que par un langage, des chants appropriés pour manifester notre louange à Dieu !

“Ta Loi, ta Parole, dit un psaume, est au plus profond de moi“ ; il faudrait traduire : “jusqu’au fond de mes entrailles“. Cela veut dire que toutes les composantes de notre corps, de notre esprit, de notre âme (pour aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme) doivent participer à toute une orchestration au bénéfice d’une louange permanente adressée à Dieu le Père, par Jésus Christ, sous l’action de l’Esprit Saint. Nous sommes trop victimes peut-être, parce que trop rationnels, de ce que le P. Marcel Jousse (un Sarthois !) appelait “l’algébrose“, le langage exsangue, anémié qui effacent toutes les expressions qui sont en nous pour louer le Seigneur. C’est en ce sens que Paul disait facilement : Faites tout pour la gloire de Dieu… Priez sans cesse…

Il y a, dans la Bible, un texte assez significatif et très imagé qui rappelle cette dimension verticale de notre vie faite pour offrir, louer, remercier. C’est dans le Deutéronome (ch 11ème) : “Le pays où tu entres n’est pas comme le pays d’Egypte où après avoir semé, il fallait arroser avec le pied comme un jardin potager“ (système de norias). Il fallait sans cesse être penché sur la terre, dans une seule préoccupation horizontale.“Le pays dont vous allez prendre possession est un pays de montagnes et de vallées arrosée par la pluie du ciel !“. … “Et si vous obéissez à mes commandements (en aimant votre Dieu…), je donnerai à votre pays la pluie en son temps, pluie d’automne et pluie de printemps“. Autrement dit, il faut savoir se relever souvent, ne pas rester sans cesse penché vers la terre dans une seule préoccupation horizontale de la vie ; il faut savoir se relever dans une dimension verticale soit pour demander au Seigneur la pluie qui féconde la terre, soit pour le remercier des récoltes grâce à la pluie que le Seigneur a envoyée.

Quand on perd la dimension verticale, on devient facilement comme les Hébreux en Egypte : des êtres rivés à la terre pour faire… des briques, et encore des briques et toujours des briques. On est victime de la production (ou du divertissement). C’est grave, cela ! L’homme devient une machine de production et non plus un être de fécondité ! Il faut savoir sortir d’Egypte et aller au désert où, dans un état de pauvreté, de dépendance, on retrouve la dimension verticale, cette dimension qui nous dispose à mieux écouter la Parole de Dieu qui, alors, telle une pluie, est active : “Ma parole qui sort de ma bouche ne retourne pas vers moi sans résultat“, dit Dieu par le prophète Isaïe (55.11).

Recevoir la Parole de Dieu pour en faire une parole d’offrande, de bénédiction, d’action de grâces.

Recevoir la “Parole faite chair“ par le sacrement de l’Eucharistie pour faire de toute notre vie une “offrande agréable à Dieu“ !

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