samedi 21 novembre 2009

Le marture…! - T.O. 33 imp. Jeudi - (I Macc. 2.15-29)

Textes difficiles, abscons que nous fait lire la liturgie tous ces jours-ci, surtout celui d’aujourd’hui ! Peut-être faut-il discerner dans la succession de ces textes toute une pédagogie divine à propos de notre fidélité à Dieu, fidélité qui peut entraîner jusqu’au martyr ! Essayons de comprendre !

Observons d’abord qu’il y a, bien sûr, beaucoup de ressemblance entre la résistance des Mattathias, le père des Maccabées, que l’Eglise nous fait lire aujourd’hui (1er livre des Macc.) et le martyr d’Eléazar qu’on a lu Mardi dernier. La différence de style apparaît cependant immédiatement. Le martyr d’Eléazar nous est raconté dans une pathétique atmosphère de foi en laquelle baigne le second livre des Martyrs d’Israël.

Ici, aujourd’hui (1er livre des Macc.), on est dans un style beaucoup plus sec et dépouillé. On est pourtant à la même époque, on relate les mêmes événements ; mais les auteurs inspirés ont ressenti les choses différemment. Et peut-être, justement, nous est-il permis de discerner une progression dans la manière de réagir de Mattathias et d’Eléazar !

Mattathias - première réaction - réagit, est-il dit, avec la violence de Pinhas qui est relatée au livre des Nombres (25.1-13). Vous pourrez vous y reporter : Comme Pinhas, Mattathias réagit violemment (d’une violence que l’on ne comprend pas chrétiennement, mais qui est toujours d’actualité) parce qu’il est “possédé d’une jalousie pour son Dieu“, parce qu’il est, dirions-nous aujourd’hui possédé par un sens exacerbé de la justice, face à ceux qui acceptent l’injustice de l’apostasie au regard de la fidélité dû à Dieu ! Son geste de violence compréhensible humainement aboutit à la révolte ; et ceux qui veulent à tout prix garder la fidélité à l’Alliance, vont se cacher dans le désert où, poursuivis par leurs persécuteurs, ils refusent de se défendre le jour du Sabbat ! C’est parfois notre réaction : pot de fer, pot de terre ! … Réactions donc de violences en chaîne.

Dans le récit d’Eléazar et dans celui de la mère des sept fils, on aboutit directement au témoignage du martyr dans la foi au Dieu Unique ! (μάρτυς, en grec veut dire : « témoin »). (2ème phase de la pédagogie divine).

Il semble, déjà, que dans la succession des événements ou du moins des récits, il faille distinguer une progression, fruit d’une pédagogie divine qui aboutira au Christ et à ce que sera le martyre chrétien, la première spiritualité chrétienne lors des temps apostoliques ! A Gethsémani, Jésus n’a-t-il pas dit à Pierre : “Rentre ton épée au fourreau : ne sais-tu pas que si je le demandais auprès du Père, il m’enverrait douze légions d’anges ?“. On passe de la réaction de violence (compréhensible humainement) au témoignage ?Comment alors s’accompliraient les Ecritures d’après lesquelles il doit en être ainsi ?“ (Mt 26.51-54).

Comment d’accompliraient les Ecritures ?“. Avec Jésus, on est au terme de cette pédagogie divine qui interpellent les hommes au niveau de leurs primitives réactions spontanées (de violence souvent)pour les faire progresser vers la morale qui reflète les mœurs divines ; Jésus expire en disant : “Père pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font !“ (Lc 23.34).

Dans cette continuité, il sera dit dans les Actes des Apôtres : “Tandis qu'ils le lapidaient, Étienne prononça cette invocation : " Seigneur Jésus, reçois mon esprit". Puis il fléchit les genoux et lança un grand cri : "Seigneur, ne leur compte pas ce péché". Et sur ces mots il mourut“.

Et, bien plus, au temps des accomplissements des Ecritures, on voit dans le martyr non seulement un “témoignage de l’Amour du Père dans la fidélité au Dieu Unique“, mais une fécondité : “Le sang des martyrs est semence de chrétiens“, disait Tertullien ! (Troisième phase de cette pédagogie de Dieu à notre égard : une fécondité comme le sang du Christ dont nous bénéficions !). En effet, qui ne dira pas le rapport de cause à effet qu’il a pu y avoir entre martyr d’Etienne et la conversion sur le chemin de Damas de celui qui, gardant les manteaux… et respirant la fureur et la menace, devint l’Apôtre des nations ?

Ainsi on est passé de la violence humaine bien compréhensible parfois à la fécondité cachée du martyre.

Leçon chrétienne par excellence pour que nous aussi nous accomplissions les Ecritures. Prendre en compte, dans nos prières, les révoltes bien compréhensibles de nos frères (et les nôtres aussi) injustement condamnés pour les transformer, avec le Christ, en sources de fécondité. Tel est le sens du martyre !

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