lundi 28 mars 2016

La Pâques ! Les pâques !

Pâques 2016 -  

La fête de Pâques, c'est d'abord la résurrection de Jésus, c.-à-d. le "passage" (sens du mot Pâques) de Jésus à la vie définitive et glorieuse en Dieu, à la vie divine avec son humanité.

[La Pâque des Hébreux] 
Mais la Bible nous parle déjà d'une première "pâque", d’un premier “passage” qui eut lieu au temps de Moïse, quatorze siècles environ avant notre ère. Mais de quel “passage” s'agissait-il ?

A cette époque, les Hébreux, en Egypte, étaient une minorité de plus en plus opprimée, condamnée aux travaux forcés, réduite en esclavage.
Alors, Dieu suscite Moïse pour obtenir leur libération. Car Dieu ne veut pas que des peuples, des hommes soient opprimés par d'autres peuples, d’autres hommes.

En effet, ce qui définit l'homme créé "à l'image de Dieu", c'est sa liberté, sa possibilité de conduire lui-même sa propre vie, - "se déterminer soi-même vers le bien qui nous convient", dit St Thomas d'Aquin -. Il s'agit d'aider l'homme à accéder à cette véritable liberté de sorte qu'il se détermine lui-même à se diriger et vers le service de Dieu et vers celui de ses frères. St Paul insistera sur ce point : une liberté sous la mouvance de l'Esprit-Saint ! En ce sens, toute contrainte - fusse-t-elle celle de la Loi - peut conduire à un esclavage.
Aussi, Dieu dit à Moïse : Tu vas faire "passer" tes frères de l'esclavage à la liberté, de la servitude au service de Dieu et des hommes. Telle fut la première pâque. Et il est toujours actuel ce “passage” de la servitude au libre service et de Dieu et des hommes tout à la fois !

Mais, pour passer de la servitude au service, il y a un immense désert. Les Hébreux mirent quarante ans (période symbolique de toute une vie) à le traverser. Ce fut une période douloureuse, apparemment mortelle.
Souvent, les Hébreux voulurent faire marche arrière, préférant la sécurité misérable de leur esclavage en Egypte à la perspective exigeante de devenir un peuple libre.

Oui, durant cette longue traversée du désert, les Hébreux eurent l'impression d'aller vers la mort. En réalité, ils allaient vers la vie, la vraie vie, la terre de la liberté.
Mais, ils ne pouvaient pas devenir un peuple libre sans passer par une sorte de mort, sans mourir à leur mentalité d'esclave, à leur passivité, leur servilité.
Oui, pour naître à la vie du service de Dieu et des hommes, il faut mourir à sa situation d'esclave, briser bien des chaînes :
- celles de l'orgueil qui fut, qui est toujours le premier péché en Adam,
- celles de l'égoïsme qui en est une conséquence.
- celles des richesses, et que sais-je encore.

Oui, il faut briser bien des chaînes !  
Cela exige efforts et courage.
La longue traversée du désert symbolisait ces exigences et cette mort.

[La Pâque de Jésus]. 
Cette Pâque des Hébreux nous apporte une lumière sur Jésus lui-même. Car il a “re-vécu” pour son propre compte ce que son peuple avait vécu auparavant.
Il monte au calvaire, vers la mort. En réalité, il va, avec toute son humanité, vers la vraie vie, la vie même de Dieu
La résurrection de Jésus n'est pas le retour à sa vie terrestre, elle est le "passage" à la vie même de Dieu ; et désormais les conditions de sa vie sont celles de la vie de Dieu, avec toute son humanité. Aussi, Jésus ressuscité n'est plus lié comme nous à tous les conditionnements de l'espace et du temps qui parfois nous entravent.

Et pourtant, c'est bien le même Jésus d'avant sa résurrection. En passant par la mort et la résurrection, le Fils de Dieu ne s'est pas dépouillé de l'humanité assumée lors de son incarnation ; il n'a pas rejeté son corps comme une chose devenue inutile, méprisable.

Non ! C'est Jésus tout entier, homme et Dieu, qui est vivant désormais au cœur même de la Sainte Trinité. Grâce à lui, on peut dire que l'humanité, prise globalement, dans son ensemble, a déjà une place dans la gloire divine.
Telle est la Pâque de Jésus, le "passage" de Jésus que nous fêtons aujourd'hui.

[La Pâque du Chrétien]. 
Mais nous aussi, nous devons faire notre “passage”, notre pâque, comme les Hébreux jadis, et comme Jésus aussi. 

Et c'est lui, Jésus, qui nous entraîne à sa suite ; c'est lui le “passeur”. Grâce à lui, la mort n'est plus une impasse, ni un retour au néant. Grâce à lui, notre mort sera pour nous aussi le "passage" à la vie définitive en Dieu pour laquelle nous avons été créés. 

Là, nous découvrirons notre véritable dimension : l'homme ne se définit pas simplement par ses seules dimensions terrestres ; Dieu nous a créés pour que, librement, nous trouvions en lui, par lui, avec lui la plénitude de notre bonheur, de la vie.
Nous en faisons l'expérience souvent : ici-bas, nous n'arrivons jamais à atteindre l'amour parfait, la beauté parfaite, la bonté parfaite, la vérité parfaite, la communication parfaite avec les autres ; tout cela reste fragile, incomplet, éphémère. Nous ne serons pleinement rassasiés qu’en Dieu, avec lui, par lui.

[Nos Pâques quotidiennes].   
Ce passage, - cette pâque définitive en Dieu -, se fera à travers notre mort, comme pour Jésus.   

Mais il nous faut le préparer, ce passage, - cette "Pâque" - chaque jour à travers toutes les décisions que nous prenons librement, tous les choix que nous faisons et qui sont autant de petites pâques, de petits “passages”, accompagnés de petites libérations.

Quand je décide d’être au service d’autrui, quand pour cela je décide de renoncer à une satisfaction, chaque fois je me libère un peu de mon égoïsme, je le fais mourir en moi.
Chaque fois que je passe par une libération, par une sorte de mort pour découvrir quelque chose de la vraie liberté et de la vraie vie, j’accomplis déjà en moi la Pâque du Christ.

De tous nos choix, de toutes nos décisions de chaque jour, nous pouvons donc faire librement autant de pâques, de “passages” de libérations vers la plénitude de vie pour laquelle nous sommes faits.

C'est ainsi qu'un Jour, grâce au Christ ressuscité, nous deviendrons des hommes vraiment complets et définitivement achevés.
Ici-bas, nous ne serons jamais que des hommes en devenir, en cours de formation ; c'est en Dieu seul que nous atteindrons notre croissance et notre taille définitives.

[La Pâque de l'univers] 
Mais, ne pensons pas qu'à nous... Pensons aussi à tous nos frères, chrétiens ou non : ne sommes-nous pas tous solidaires les uns des autres ?
“Toute âme qui s'élève élève le monde”, a-t-on dit. De même, nous pouvons affirmer : Tout homme qui passe de l'égoïsme à l'amour, du doute à la foi, du découragement à l'espérance, des ténèbres à la lumière, de l'erreur à la vérité…, tout homme qui grandit ainsi dans la vie du Christ ressuscité contribue à faire grandir avec lui l'humanité toute entière.

La résurrection du Christ ne fut pas seulement hier. Elle est aujourd'hui. Elle sera demain. La résurrection du Christ est "en marche", en accomplissement incessant. L'éternité de la vraie vie est commencée. Et l'univers tout entier aspire à cette pâque éternelle. St Paul soulignera encore cet aspect universel.
Et c'est en ce sens qu'il disait : “vous êtes ressuscités avec le Christ...!".  Oui ! Déjà ! Aussi, de ce fait, "recherchez donc les réalités d'en haut ! Tendez vers les réalités d'en haut !”.
Alors, ce sera la Pâque éternelle, plénière !

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