mardi 8 mars 2016

Le Jugement dernier !

Epsilon de Carême

Bien des textes rapportent que la "fin du monde" sera marquée par de "grandes assises judiciaires", en quelque sorte, devant lesquelles tout homme, mort ou vif, devra comparaître !
Rm 14.10 : "Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu",
II Co. 5.10 : "Il faut que tous, nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recueille le prix ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal"

Tout sera pesé - œuvres, peine, travail, pensées et actions les plus secrètes -, tout sera pesé par "Celui qui juge avec justice" (I Pet. 2.23), sans faire acception de personnes - "car Dieu ne fait pas acception des personnes" (Rm 2.11) -.
Et le jugement doit s'entendre au sens strict : un "tri" entre bons et mauvais.
Le terme "crisis", souvent employé, est l'action de séparer  : "l'un est pris, l'autre laissé" (Mth 24.40). Cf. Mth 21.32 ; 13.49. 24.5).
Et une morale en découle : Dieu - tel un Maître - a confié ses biens (Cf Mth 25.14) : Parole, Esprit-Saint, amour, grâce..., Eucharistie... Il a tout confié, à charge pour chacun de "faire fructifier" (Cf. Lc 19.13)..

Aujourd'hui, on a un peu de peine à comprendre l'importance de ces rétributions célestes. Et certains de prôner un service de Dieu gratuit, au-delà de tout espoir de récompense ou d'appréhension d'un jugement, espoir ou appréhension que caractériserait une mentalité de "mercenaire" !

Certes ! Mais il restera toujours, cependant, qu'"on ne se moque pas de Dieu". Et "ce que l'on sème, on le récolte" ! (Cf. Gal 6.7).

Aussi, on peut déduire : Certes, il y aura bien un "jugement" pour chacun
+ mais un "jugemnt" divin qui n'appartient qu'à Dieu - Or "Dieu est Amour" avant tout, ne l'oublions pas ! -,
un jugement que les premiers disciples du Christ ont sans doute trop décrit selon la mentalité de leur temps ! Evidemment !
Il n'empêche ceoendant que le Christ a souligné avec autant d'insistance la sévérité des châtiments éventuels que les séductions du bonheur céleste (voir nombre de paraboles...).
mais un "jugemnt" divin dont la description -  trop humaine, soit ! - serait encore à mettre, a-t-on dit, sur le compte d'une "pédagogie" miséricordieuse pour stimuler notre volonté paresseuse, nous détacher des séductions passagères et trompeuses, nous aider à mieux correspondre à la grâce.... 
Cette terrible description du jugement céleste serait alors à comprendre comme une aide, commente Philon d'Alexandrie, pour tous "ceux qui n'ont pas reçu de la nature la faculté de se discipliner eux-mêmes !".

Et ceci d'autant plus que le "saint" lui-même n'est pas un héros ! Aussi, cette description du "jugement" céleste - souvent terrible - et toute la morale évangélique veulent surtout souligner cette invitation adressée à chacun : "cherchez le Royaume de Dieu ; le reste vous sera donné par surcroît" (Lc 12.31).

Autrement dit : La morale chrétienne - à la suite de St Paul notamment et de la lettre aux Héreux - veut surtout lutter contre une sclérose du cœur, une mauvaise volonté qui stérilise l'action de la grâce, une inertie et une torpeur radicalement contraire au don de Dieu.

Et, de tout cela, il reste cette réalité : l'éliminé sera le paresseux ; le sauvé sera le vigilant actif ! (Cf. Lc 12.48). Tout le christianisme est ordonné au ciel - "être avec le Christ'" - et n'a de sens que par lui. L'enfer n'est le résultat que d'un refus.
D'après la lettre aux Hébreux, la damnation est réservée à l'infidélité obstinée (10.26), à ceux qui rejettent Dieu, s'en détournent et s'en détachent volontairement (Cf. 2.1-4 ; 3.12 ; 6.4-6 ; 10.24). Dieu ne fait que consommer une séparation voulue par l'homme !

Aussi, l'"enfant de Dieu", aimant et vigilant, affronte le jugement de son Père avec "parrhésie" - une conscience tranquille -. Il croit à l'infini de la charité divine (Rm 8.15 ; I Jn 2.28 ; 4.17). Il adhère de toute son âme au Christ qui l'a délivré de l'appréhension de la mort. Et celle-ci ne sera que l'achèvement de son incorporation, de son assimilation au Sauveur. Et déjà il peut s'écrier : "Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès à présent..." (Apoc.14.13).

Au fond, de tout cela, il y a un principe qui se détache : Certes, nous sommes tous pécheurs. Et la miséricorde divine est grande ! Cependant, doit toujours demeurer la recherche de Dieu - seul saint ! - qui bannit toute sclérose.
Péguy avait raison d'écrire :
“Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite.
Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite.
Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée.
On a vu les jeux incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse ; et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n’a pas vu mouiller ce qui était verni, on n’a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n’a pas vu tremper ce qui était habitué… Les “honnêtes gens“ ne mouillent pas à la grâce !“

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