Rameaux
2016 -
Après le long récit de la passion de Notre
Seigneur, quelques mots seulement pour vous parler simplement d'un homme qui passe
pratiquement inaperçu dans ce récit de la passion et qui, pourtant, aurait
certainement beaucoup de choses à nous dire.
Il s'agit d'un certain Simon..., celui qui a
aidé Jésus à porter sa Croix.
Que savons-nous de lui ? Rien ou presque
rien... Il était originaire de Cyrène. Cyrène, c'est en Afrique du Nord !
Autrement dit : c'était un émigré !
Il revenait des champs. Sans doute
avait-il travaillé dur. Et vers midi où le soleil tape fort, il rentrait,
fatigué, à la maison.
Enfin ce qu'on sait, c'est qu'il est
réquisitionné, lui, le passant.
Ce qui est frappant, c'est à la fois son
anonymat et la place privilégiée qu'il a prise dans le Mystère de la passion du
Christ.
- Anonyme... Car on n'a pas reparlé
de lui. Il n'a même pas sa place dans le catalogue des saints. Il est rentré
dans la nuit et l'oubli de l'histoire.
- Et pourfant quelle place il a eue !
Il a porté la Croix du Christ ! Le seul ! Il était à côté de Lui. Il l'a vu souffrir,
pleurer, crier peut-être ! Et ce faisant, il a été le partenaire du plus
bouleversant événement de l'histoire : ce chemin de Croix où Dieu lui-même a
donné sa vie pour que tous les hommes sans exception, soient sauvés !
En cette heure exceptionnelle, Dieu a eu
besoin d'un homme, d'un frère, de ce Simon, lui l'étranger, lui qui
simplement passait par là, ce jour-là !
Sans le savoir, il est devenu le premier
disciple de ce Jésus qui avait dit auparavant : “Celui qui veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix et qu'il me
suive !”.
En ce jour-là, Simon a pris sa place de
disciple, bien avant les apôtres qui s'étaient enfuis, bien avant cet autre
Simon qui, lui, avait renié.
Ce Simon de Cyrène est le frère de tant de
gens très simples...
Il y en a certainement parmi vous…, de ces personnes que l'on oublie
facilement, voire que l'on méprise, parfois !
Ces gens-là ne sont pas obligatoirement
très familiers de l'Eglise. Ce ne sont pas toujours des militants, comme on
dit. On ne les trouve pas forcément dans les EAP - Equipes d'animation
pastorale" -. Mais, quand il faut prendre sa place auprès de quelqu'un qui
porte douloureusement sa croix, ils savent le faire, sans publicité.
Simon de Cyrène nous montre le
chemin : lui le lointain, il s'est fait le prochain. Il a su partager la
passion du Christ.
Avec lui, désormais, nous savons que s'il y
a des croix impossibles à écarter, reste l'immense appel à s'aider à les porter
les uns les autres. "Portez les fardeaux,
les uns des autres", écrira St Paul (Gal 6.2). "C'est un devoir pour nous, les forts,
dira-t-il encore, de porter l'infirmité
des faibles !" (Rm
15.1).
Et cela, avec grande humilité, précisera-t-il, "car si quelqu'un se prend pour un personnage, lui qui n'est rien,
il est sa propre dupe" (Gal 6.3).
C'est ce qu'affirme à sa manière un beau
texte du Concile Vatican II : “Puisque le
Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement
unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous,
d'une façon que Dieu seul connaît, la possibilité d'être associés au mystère
pascal du Christ !” (G
et S - n° 22 § 5).
En s'aidant mutuellement !
Simon de Cyrène, toi, l'étranger,
l'ouvrier, le paysan, l'oublié, le simple passant, le méprisé peut-être, Simon,
priez pour nous !
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