Epsilon de Carême
Tout être
humain à besoin d'amour, de tendresse. En fut-il totalement privé, c'est la mort ! On
connait la cruelle expérience tentée par Frédéric II de Hohenstaufen sur des enfants nouveau-nés : il leur fit donner
tout ce qui était nécessaire à la vie, mais sans aucune marque d'affection. Pas
un de ces enfants ne vécut. La parole du psalmiste disant à Dieu : "Ton amour vaut mieux que la vie" (Ps. 63/4 ) peut aussi s'entendre de l'Amour
en général. L'amour est plus important que la vie elle-même !
"Tu
m'as gratifié de la vie, et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle !", disait Job à Dieu, lui dont la vie ne fut, en partie,
qu'une longue souffrance ! (Job
10.12). Etre persuadé que Dieu veille sans cesse
sur nous avec amour ! Même et surtout en des moments difficiles !
Toute la
tragédie de la vie du croyant vient du fait que nous ne sommes pas assez convaincus de l'amour
que Dieu nous porte, de cet amour ineffable, infiniment fidèle qui seul peut
nous rendre heureux.
En effet
croire en Dieu, c'est croire obligatoirement en l'Amour, "car Dieu est l'Amour !", ne cessait de répéter St Jean (I Jn 4/8).
En quoi un
saint est-il différent d'un chrétien tiède et médiocre, ou encore d'un incroyant ?
Serait-il qu'il n'a ni à lutter ni à souffrir ? Qu'il n'a point part à la
misère humaine, ou qu'il n'est point frappé avec les autres ?
Non, point !
"Malheur sur malheur pour le juste", dit le psaume (Ps 34/2O!. C'est le "juste" précisément que le Seigneur éprouve
comme "l'or au creuset" (Sg III/6) afin de le purifier en sainteté
de vie, "afin que,
bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l'or périssable que l'on vérifie
par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d'honneur, lors de la
Révélation de Jésus Christ" (I P I/7).
L'homme qui
tend vers la sainteté, c'est
celui qui, à travers tout - bonheur et malheur, joie ou souffrance, "espérant contre toute espérance"
(Rm 4.18), croit en ce Dieu-Amour qui "avec ceux qui l'aiment, collabore en
tout pour leur bien" (Rm 8/28). Ils
affirment avec le psaume : Même "Si mon père et ma mère m'abandonnent, Dieu
m'accueillera !" (cf Ps 27.1O).
"Dieu est Amour !", disait St Jean. Il n'a pas seulement
l'amour, il ne prodigue pas seulement l'amour ; il est essentiellement Amour,
un Amour qui se penche vers les hommes d'une manière absolument gratuite, un Amour
qui, miséricordieusement, sauve avant tout le pécheur. Et "la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que
nous étions encore pécheurs, est mort pour nous !" (Rm 5.8). St Jean disait encore : "Nous avons
reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru... !" (I Jn 4.16). Les savants, grands hellénistes, soulignent
qu'ici, en grec, il y a un "double parfait". Autrement dit, cette
connaissance et cette foi sont une conviction et une adhésion durables et
assurées ; il faudrait paraphraser : Nous avons connu l'amour ... et nous continuons
à le
connaître et à y croire fermement.
Oui, telle
est notre foi ! Dieu est
Amour. Il l'a manifesté en son Fils, Jésus - Dieu fait homme -, qui, par amour
pour nous, a souffert jusqu'à mourir sur une croix.
Certes, on
peut se demander le "pourquoi" de la souffrance en nous, dans le
monde... !
Sans aborder
cette grande question, reconnaissons seulement
que la
souffrance existe,
que le Fils
de Dieu a assumé cette souffrance humaine,
que sa
souffrance sur la croix fut l'expression suprême de l'amour de Dieu pour tout
homme, un amour qui sauve et nous permet de faire alliance avec Dieu-Amour, de
nous unir à Lui, dès ici-bas et pleinement au jour éternel.
Dès lors, surtout
en cette "Semaine Sainte" qui approche,
offrons nos
souffrances au Christ en croix,
plaçons nos
souffrances en les siennes.
Et sachons
encore que nos souffrances en les siennes peuvent, elles aussi, acquérir, avec
lui, une valeur de "rédemption", de salut pour les hommes, nos
frères... !
C'est tout
le mystère de Pâques que nous allons bientôt célébrer solennellement !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire