jeudi 17 mars 2016

Amour qui sauve

Epsilon de Carême

Tout être humain à besoin d'amour, de tendresse. En fut-il totalement privé, c'est la mort ! On connait la cruelle expérience tentée par Frédéric II de Hohenstaufen sur des enfants nouveau-nés : il leur fit donner tout ce qui était nécessaire à la vie, mais sans aucune marque d'affection. Pas un de ces enfants ne vécut. La parole du psalmiste disant à Dieu : "Ton amour vaut mieux que la vie" (Ps. 63/4 ) peut aussi s'entendre de l'Amour en général. L'amour est plus important que la vie elle-même ! 

"Tu m'as gratifié de la vie, et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle !", disait Job à Dieu, lui dont la vie ne fut, en partie, qu'une longue souffrance ! (Job 10.12). Etre persuadé que Dieu veille sans cesse sur nous avec amour ! Même et surtout en des moments difficiles !

Toute la tragédie de la vie du croyant vient du fait que nous ne sommes pas assez convaincus de l'amour que Dieu nous porte, de cet amour ineffable, infiniment fidèle qui seul peut nous rendre heureux.
En effet croire en Dieu, c'est croire obligatoirement en l'Amour, "car Dieu est l'Amour !", ne cessait de répéter St Jean (I Jn 4/8).

En quoi un saint est-il différent d'un chrétien tiède et médiocre, ou encore d'un incroyant ? Serait-il qu'il n'a ni à lutter ni à souffrir ? Qu'il n'a point part à la misère humaine, ou qu'il n'est point frappé avec les autres ?
Non, point ! "Malheur sur malheur pour le juste", dit le psaume (Ps 34/2O!. C'est le "juste" précisément que le Seigneur éprouve comme "l'or au creuset" (Sg III/6) afin de le purifier en sainteté de vie, "afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l'or périssable que l'on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d'honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ" (I P  I/7).

L'homme qui tend vers la sainteté, c'est celui qui, à travers tout - bonheur et malheur, joie ou souffrance, "espérant contre toute espérance" (Rm 4.18), croit en ce Dieu-Amour qui "avec ceux qui l'aiment, collabore en tout pour leur bien" (Rm 8/28). Ils affirment avec le psaume : Même "Si mon père et ma mère m'abandonnent, Dieu m'accueillera !" (cf Ps 27.1O).

"Dieu est Amour !", disait St Jean. Il n'a pas seulement l'amour, il ne prodigue pas seulement l'amour ; il est essentiellement Amour, un Amour qui se penche vers les hommes d'une manière absolument gratuite, un Amour qui, miséricordieusement, sauve avant tout le pécheur. Et "la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous !" (Rm 5.8). St Jean disait encore : "Nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru... !" (I Jn 4.16). Les savants, grands hellénistes, soulignent qu'ici, en grec, il y a un "double parfait". Autrement dit, cette connaissance et cette foi sont une conviction et une adhésion durables et assurées ; il faudrait paraphraser : Nous avons connu l'amour ... et nous continuons à  le  connaître  et à y croire fermement.

Oui, telle est notre foi ! Dieu est Amour. Il l'a manifesté en son Fils, Jésus - Dieu fait homme -, qui, par amour pour nous, a souffert jusqu'à mourir sur une croix.

Certes, on peut se demander le "pourquoi" de la souffrance en nous, dans le monde... !
Sans aborder cette grande question, reconnaissons seulement
que la souffrance existe,
que le Fils de Dieu a assumé cette souffrance humaine,
que sa souffrance sur la croix fut l'expression suprême de l'amour de Dieu pour tout homme, un amour qui sauve et nous permet de faire alliance avec Dieu-Amour, de nous unir à Lui, dès ici-bas et pleinement au jour éternel.

Dès lors, surtout en cette "Semaine Sainte" qui approche,
offrons nos souffrances au Christ en croix,
plaçons nos souffrances en les siennes.
Et sachons encore que nos souffrances en les siennes peuvent, elles aussi, acquérir, avec lui, une valeur de "rédemption", de salut pour les hommes, nos frères... !

C'est tout le mystère de Pâques que nous allons bientôt célébrer solennellement !

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