dimanche 4 octobre 2015

La Loi ou l'Amour !

27ème Dim. T.O. 03/B -          

 

“Celui qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant, n'y entrera pas... ” !

Même si aujourd'hui, chez nous, la télévision, la publicité mettent abusivement l'enfant en vedette, cependant comme il est réconfortant pour parents, grands-parents, de faire cercle autour d'un enfant, de s'amuser de ses malices, attitudes, réflexions inattendues et de lui manifester grande tendresse. Aujourd’hui, l'Évangile de Marc nous rapporte toute l'attention, l'affection que Jésus portait aux enfants !

Mais lorsque le Christ, devant un auditoire d'adultes, cite en exemple un enfant, ce n'est pas pour faire l'apologie de l'innocence, la pureté, la naïveté enfantine ; c'est pour en faire un signe éclatant du Royaume de Dieu qu'Il est venu annoncer, instaurer sur terre. Pour Jésus, les enfants, grâce à leur disponibilité, leur confiance naturelle, leur accueil pour tout ce qui est neuf, sont les seuls à pouvoir entrevoir ce Royaume.

Ce matin, quelle que soit notre situation personnelle, familiale, ecclésiale, aurons-nous la disponibilité, l'ouverture d'un enfant, pour accueillir ce que Dieu veut nous dire de l'amour et en particulier de l'amour conjugal ? A l'heure de l'ouverture, à Rome, du Synode sur la famille !

Le mariage chrétien ! Voilà bien une institution souvent remise en cause de bien des manières. Et les objections ne sont pas nouvelles. Avec des formes variées, elles sont de tous temps comme celles des pharisiens venus consulter Jésus : “Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?”

Jésus ne se dérobe pas. Mais à ceux qui voulaient seulement comme réponse - et c'est souvent notre cas - un “Oui” ou un “Non”, un “Permis” ou un “Défendu”, un "légal" ou un "illégal", Jésus propose une réflexion qui va les atteindre non pas en surface - "légal" ou "illégal" -, mais en la profondeur de leur cœur. Les pharisiens posaient une question-piège ; le Christ répond, comme souvent, en retournant la question pour mieux les engager, les rendre disponibles à une ouverture : “Voyons, dit-il, que vous a prescrit Moïse ?”.

Et au cours de la conversation, alors que les pharisiens, - comme nous bien souvent -, voulaient s'en tenir à l'application d'une Loi, le Christ va faire comprendre quel est le projet de Dieu sur l'homme, quel est son dessein d'amour. Et c'est bien cela qui importe avant tout : “Au commencement, quand Dieu créa l'humanité, il les fit homme et femme... ; et tous deux ne feront plus qu'un...”. Et Jésus élargira singulièrement : "Aimez-vous comme je vous ai aimés", comme Dieu aime !

Ce matin, avec l'ouverture d'un cœur d'enfant, allons-nous savoir accueillir, dans nos situations diverses, cette Parole de Dieu ?

Quelle idée avons-nous de l'Amour et de l'Amour conjugal en particulier ? Sont-ils, pour nous qui nous disons chrétiens, expressions du dessein généreux de Dieu, de Dieu-Amour ?

Dieu a confié sa Création à notre liberté. Comment, mariés ou engagés diversement, répondons-nous librement à l'Amour de Dieu pour nous, afin de l'accueillir et en vivre ? Y-a-t-il toujours en nous cet esprit juvénile de création, le courage enfantin des commencements et des re-commencements ? Nos fidélités diverses sont-elles simple soumission à une Loi, à des règlements ou, malgré nos faiblesses, l'expression d'un amour divin à sans cesse faire croître ?

Il nous arrive de juger, de condamner des frères en difficultés, en échec. Est-ce à cela que le Christ nous appelle ? Autant il est exigeant pour proposer un Idéal du mariage et de l'amour en général, autant son accueil respire bonté, respect vis-à-vis de ceux qui apparemment échouent. Et notre propre conduite personnelle, communautaire, familiale, ecclésiale est-elle vraiment en accord avec l'Évangile ? Pour ma part, je ne saurais l'affirmer tant - comme dira St Paul - "ce que je veux, je ne le fais pas ; et ce que je ne veux pas, je le fais". (Rm 7.18-19). - Aussi, Jésus pose la question véritable : Pour vous qu'est-ce qui est premier ? Une Loi ou des personnes toujours aimées de Dieu malgré leurs défauts, fautes ou échecs ? Et cette question - je le redis - est pour tous, est pour moi !

Et si nous avons la grâce d'une certaine fidélité conjugale, religieuse ou autre, comment allons-nous réentendre la parole de Jésus comme un appel à recréer sans cesse, comme un enfant, la vie, l'amour déjà reçus de Dieu ? Nous ne sommes pas des parfaits ; mais avec l'aide du sacrement de mariage, ou d'un autre engagement, nous avons certainement quelques progrès à réaliser. Car Jésus ne pose pas la question pour les autres ; c'est à chacun, à moi-même qu'il la pose !

Et pour nous encourager, je prendrai un exemple conjugal dans un roman (les «Noces d'Or»), en lequel une femme avouait à son mari : “Parce que tu m'offrais bijoux et fourrures, parce que tu me laissais acheter tout ce qui me plaisait, tu te croyais un bon mari. Tu n'avais pas compris que le mariage est un dialogue incessant, une création quotidienne où, comme dans un nid d'oiseaux, s'enchevêtrent les éléments les plus disparates : souvenirs et projets, corps et pensées, caprices et raisons, erreurs et pardons... Tout y a sa place sauf l'indifférence !”
Oui, l'amour que nous avons à exercer est un dialogue incessant, une création quotidienne..., comme celle d'un enfant, sous le regard de Dieu ! Et il en est pour la vie religieuse, sacerdotale comme pour la vie conjugale.

Pourtant, dira-t-on, autour de nous, tout concourt à rendre soupçonneuse la parole du Christ : “Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !”. Et on montre la courbe ascendante des divorces, des promesses avortées. On susurre que l'Église devrait se faire moins rigoureuse, qu’elle devrait chanter l’Evangile au rythme des variations des temps et des cultures.
Non, il s'agit pour tout chrétien, de relever un des défis les plus exigeants de toute époque : savoir dépasser le régime de toute loi, comme le dira St Paul aux Romains : "Vous avez été mis à mort à l'égard de la Loi pour appartenir à un Autre le Ressuscité d'entre les morts afin de porter des fruits pour Dieu" (Rm. 7.4). Il s'agira toujours, avant tout, de manifester l'originalité de tout amour chrétien : amour voulu par Dieu Créateur et sanctifié par le Christ Rédempteur afin de nous l'infuser ! Oui, il s'agit toujours - tels que nous sommes et là où nous en sommes - de magnifier l'Amour de Dieu toujours présent et toujours à recevoir comme un enfant aimé de son père ! N'est-ce pas cela l'important ?

Comprenons : l'existence à laquelle accède tout baptisé est marquée d'un caractère irréversible et déjà eschatologique, c'est-à-dire anticipant déjà la vie céleste. Certes, cette existence se développe dans le temps, parfois à travers difficultés et conflits, mais toujours sous le signe de l'espérance. Notre vie doit témoigner de la vocation ultime de la liberté humaine toujours capable de don et de fidélité. Pourquoi ? Parce que Dieu, en Jésus, est allé jusqu'au bout de l'amour et que l'alliance posée au jour de Pâques est une alliance éternelle, alliance qu'il nous propose sans cesse.

En n'importe quelle situation - voire contradictoire apparemment, tout chrétien doit avoir le souci de rester fidèle au plan de Dieu, de servir l'homme au delà de l'homme pécheur, de servir l'homme en alliance éternelle avec son Dieu, malgré ses fautes ou ses échecs ! C'est ce à quoi le Synode romain veut répondre, me semble-t-il. Car l'Amour de Dieu est toujours fidèle, Lui ; et, toujours cet Amour nous envahit et nous pousse à y répondre, d'une manière ou d'une autre, dans les diverses situations où nous sommes. Et, ici-bas, celles-ci sont souvent entachées de faiblesses, chutes, erreurs.

Que le Christ que nous allons rencontrer dans l'Eucharistie guérisse nos cœurs souvent sclérosés et que, par-delà les lois et règlements, Il nous aide, là où nous en sommes, à témoigner du véritable Amour, celui d'un enfant de Dieu.

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