29e Semaine
T.O. 2015 - Mardi -
Texte très difficile et diversement commenté tout
au long des siècles que le passage de la lettre aux Romains que la liturgie
nous propose aujourd'hui ! Aussi, je ne ferai qu'une ou deux remarques que vous
pourrez reprendre dans votre méditation !
"Nous
savons, dit l'apôtre, que par un
seul homme le péché est entré dans le monde..." ! En note, la
nouvelle traduction liturgique de la Bible éprouve le besoin de préciser le
sens littéral : "De même que
par un seul homme le péché est entré..." !
Mais chose curieuse : après ce "de même que..." (une
conditionnelle en quelque sorte, une "protase", comme l'on dit),
il est normal que l'on s'attende à un autre "de
même que..." (la proposition principale,
l'"apodose", comme l'on dit). Or il n'y en a pas ! Alors que
l'on s'attendait à un corrélatif ("de même
que..., de même que...), St Paul diverge quelque peu en soulignant les
suites, les conséquences du péché : "et
ainsi la mort est passée en tous les hommes...".
Et ce n'est qu'après avoir précisé les conséquences
du péché que l'apôtre fait intervenir le Christ. Mais il le fait non pas, comme
on s'y attendrait, en insistant sur la corrélation, la ressemblance avec Adam ("de même que..., de même que...), mais, au
contraire, en l'opposant : même s'il affirme qu'"Adam préfigure celui qui devait venir" (le Christ), il précise une différence énorme : "Il
n'en va pas du don gratuit comme de la faute !".
Il semble que l'apôtre, aussitôt lancé le premier
terme de la comparaison ("De même que Adam..."), ait senti
combien imparfait était le parallèle entre Adam et le Christ, ait perçu
soudainement que la situation du premier à l'égard du péché différait
foncièrement du rapport du Christ à la grâce.
Certes, Adam a livré passage au péché.
Le texte dit bien que c'est par Adam que "le
péché est entré dans le monde". On ne dit pas qu'il en est la
cause formelle. Adam a été comme une porte, un passage pour le péché. Il a
laissé "passer" le péché comme d'une puissance qui le dominait. Le
péché semble venir de plus loin que lui et le déborde, tel un torrent déchaîné
qui va aller grossissant.
Au contraire d'Adam, le Christ, lui,
homme et Dieu, est la source de la grâce, son principe unique et total.
Loin que la grâce le déborde, c'est lui qui en est la plénitude. Et
cette grâce "s'est répandue en
abondance sur la multitude", sans pour autant épuiser la source d'où
elle provient !
On ne saurait exagérer l'importance de cette
constatation que je confie à votre médiation.
Non seulement l'Ecriture ne parle jamais du
péché sans évoquer en même temps le remède au péché prévu par Dieu. Car Dieu
n'a pas permis le péché sans, en même temps, prévoir le remède au péché. Et un
remède qui ne se contente pas de réparer le dommage, mais qui rétablit plus merveilleusement
encore : "mirabilius refomasti",
dira la liturgie. "Heureuse faute
qui nous valut un tel Rédempteur", ose dire l'hymne de la nuit pascale
!...
Non seulement cela, mais l'Ecriture
enseigne que le péché n'a été permis qu'en vue du remède. C'est ce que St Paul
affirme explicitement ici en déclarant qu'"Adam
est figure de celui qui devait venir !".
Je ne veux pas plus m'étendre, mais retenons, méditons
; je vous y invite :
- "Là
où le péché a abondé, la grâce à surabondé !", dira St Paul (v/20). Ne soyons jamais dans la désespérance,
ni pour soi-même ni pour ce frère qui semble se "perdre", dit-on !
L'amour de Dieu qui a paru s'épuiser au Golgotha fut vainqueur au jour de
Pâques ! Soyons forts de cet Amour
de Dieu !
- Certes, il faut combattre le mal, le péché... St
Paul en parlera souvent. Mais loin de faire de la casuistique et de la morale à
bon marché, il s'agit avant tout et surtout de regarder le Christ, de
fixer notre vie en lui, de s'unir à lui pour recevoir sa grâce : "Combien plus ceux qui reçoivent avec
profusion la grâce et le don de la justice (justification) règneront-ils dans la vie par le seul
Jésus Christ !" (v/17). C'est
notre grande Espérance !
- Le Christ n'est pas seulement quelqu'un qui a
vécu, qui est mort, qui est ressuscité en un certain moment de l'histoire et qui
vit aujourd'hui "dans le ciel" où il "siège à la droite du Père et intercède pour nous" (Rm 8.34)... Le Christ es quelqu'un qui vit au
sein de son Eglise et au cœur de chacun de ses disciples, si bien que le
chrétien peut affirmer à l'exemple de St Paul : "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en
moi" (Gal. 2.20). Lui seul justifie !
Telle est notre foi !
Foi, espérance, amour envers
le Christ, source unique de la grâce divine qui justifie tout homme ! Aussi, St
Paul s'écriera avec raison : "je ne veux rien savoir que le
Christ" (I Co. 2.2). Car
lui seul justifie bien au-delà de nos fautes, si nous savons implorer sa
miséricorde
"Le Christ seul !",
comme le voyaient les apôtres au jour de la Transfiguration qui déjà annonçait
Pâques !
Que notre attachement lui soit profond. C'est cela
qui importe !
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