samedi 17 octobre 2015

"Faire synode" !

29e Dimanche  Ordinaire 15/B  

Comme chaque dimanche, quelques extraits de la Parole de Dieu nous sont proposés ! Et comme souvent, ils font partie d'une "histoire" !

- Histoire d'un peuple qui, en exil, désespère... : il y a trop de souffrances ! Où donc est Dieu ? - Isaïe, grand prophète de la foi, veut endiguer cette désespérance en présentant un “Ancien”, ce “Serviteur broyé par la souffrance”. Il a su - lui - ne pas se décourager et donner un sens à ce qu'il vivait. Il a su trouver Dieu... non plus le Dieu des "beaux jours, mais le Dieu de lumière, de paix même dans la tornade des événements douloureux !
Alors "pourquoi pas vous ?", interroge le prophète ! - Pourquoi pas nous ?

- D’autant que depuis lors, Dieu s’est révélé “Dieu parmi les hommes”, dit la seconde lecture, “capable de partager nos faiblesses”. Et l'auteur rappelle à ses chrétiens - et donc à nous - qu'il importe de “tenir ferme dans l'affirmation de notre foi..., d'avancer avec assurance” à la suite du Christ pour obtenir "miséricorde et recevoir la grâce de son secours !".

- Avancer ! Ce n'est pas se demander, comme les apôtres (Ev.) qui est le plus grand. Mais plutôt, réaliser à quel point le Christ a “délié, délivré” les hommes (sens de “donner sa vie en rançon” pour la multitude) pour qu'ils trouvent, dès ici-bas et au terme de leur existence, plénitude de vie !

Ainsi, partant de l'histoire... d'un peuple qui désespère, d'un Ancien qui trouvait sens à ce qu'il vivait de douloureux,
partant de gens qui ont de la peine à vivre leur foi dans le quotidien de leur vie plus ou moins souffrante…, nous nous retrouvons nous-mêmes !
Nous aussi, nous ne voyons pas toujours très clair parce que attaqués parfois, broyés par divers maux. Aussi nous sommes sollicités aujourd’hui : “avançons, nous est-il dit, avec pleine assurance vers ce Dieu Tout-Puissant qui fait la grâce de son secours” !

Oui, avançons ! Avançons dans l'esprit du Synode romain ! Sachons faire "synode", nous aussi !
Non pas spécialement faire "route ensemble", comme on le dit souvent. Ce n'est pas le sens exact du mot "synode", même s'il est très important de "marcher ensemble", et non chacun de son côté - ce qui est encore assez fréquent, malheureusement - !
Mais "faire synode", au sens propre, étymologique du mot : "franchir ensemble" ("sun") "le seuil de la maison" ("oudos" : maison - et non "odos" : route. - "Sun-oudos" : synode).
Autrement dit, il s'agit de "franchir ensemble le seuil de sa maison", de son "moi", de son "chez soi" pour aller annoncer la "Bonne Nouvelle" de Jésus Christ à tout homme sans exception, malgré difficultés, souffrances diverses ou contextes difficiles.

Oh ! Bien sûr, "quel bonheur de se retrouver entre frères", dit le psaume (132), de partager ensemble ses expériences de foi en Jésus ! Mais il s'agit encore et surtout peut-être de "franchir le seuil de sa maison", de son "moi" pour témoigner ensemble de sa relation avec le Christ, avec Dieu. Et cela même si l'on vit à l'intérieur d'une clôture religieuse à l'exemple de Ste Thérèse de Lisieux, "Patronne des missions" !

Oui avançons, sortons après tous ceux qui nous ont précédés, qui ont souffert comme nous, mais qui ont mis leur foi dans le Christ !

Oui avançons, sortons - soulignons-le en cette journée mondiale des missions -, avec tous ceux qui veulent proclamer, au risque de leur vie parfois (comme Mgr Siméon Berneux que l'on fête, cette année, en notre paroisse, notre diocèse) la Bonne Nouvelle du Christ à toutes les nations !

Oui avançons, sortons avec le pape François qui aime s'adresser à tout homme de bonne volonté, aux plus démunis, accablés surtout, et qui doutent au milieu de multiples souffrances et de morts diverses !

Oui avançons, sortons ! C'est ce qui était déjà demandé à Abraham, notre "Père dans la foi", dit St Paul qui nous en a parlé, tout au long de la semaine passée, par sa lettre aux Romains.
Dieu avait adressé à Abraham un mystérieux souhait : "Va-t-en pour toi" (Lek leka) ("Pars" : Gen 12/1), pour ton bonheur ! Epanouis tout ce que j'ai mis en toi quand je t'ai créé à mon "image et ressemblance". Va partout témoigner de cet amour dont je t'entoure !
Mais, chose très curieuse : lorsque Isaac, le fils de la promesse, a grandi, alors résonne encore ce mystérieux "Va pour toi", pour ton bonheur, dans une demande irrationnelle : "Prends ton fils, celui que tu aimes et "va pour toi" vers le mont de la vision" pour le sacrifier ! Dieu semble demander le sacrifice d’Isaac - exigence horrible - avec un souhait de bonheur ! C'est incompréhensible, contradictoire !
Cependant Abraham, cet homme de foi, semble comprendre le bonheur qui lui est destiné au cœur même de l’absurdité, puisqu’il est dit : “Abraham dit à ses serviteurs : Demeurez ici... ; nous irons jusque là-bas, nous adorerons ; et nous reviendrons“. (Gen 22.5). "Nous reviendrons !".
Au milieu même d'une circonstance affreuse, incompréhensible, Abraham croit qu'avec Dieu, il y a un au-delà de la mort elle-même ! Il accepte d'aller jusqu'au fond de l'absurde, parce qu'il croit à un Dieu qui est plus fort que l'absurde, que la mort elle-même, comme le dira la lettre aux Hébreux : "Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts ; c'est pour cela qu'il recouvra son fils, et ce fut un symbole" !

"Ce fut un symbole !". Car Dieu ne voulait pas le sacrifice d'Isaac. Il ne veut pas la mort de l'homme ! Et pour nous le prouver, il a finalement envoyé son propre fils mourir sur une croix, mais il l'a ressuscité d'entre les morts ! Alors, s'exclamera St Paul : "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous, Lui qui n'a pas épargné son propre Fils" (Rom. 8.31-32). Le Christ ressuscité ne cesse d'affirmer à chacun qu'il y a toujours un "pour toi", pour ton bonheur au-delà de toute souffrance, au-delà de la mort, de toute mort !

Alors, nous aussi, avançons, sortons à la suite du Christ qui a dit : "Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde" (Jn 16.28). Pour aller à la rencontre de tous les hommes et les sauver de la souffrance, du mal, du péché, de l'incompréhensible et de la mort elle-même ! Et il l'a prouvé par sa résurrection !

Oui, avançons, sortons ! Sortons de nous-mêmes, de notre "moi" pour mieux nous unir au Ressuscité et aller proclamer ensemble, dans un "beau combat de la foi" (I Tim. 6.12) : “Dieu nous conduit ! … Pour annoncer à la génération suivante que ce Dieu est notre Dieu qui nous mène ("al mouth") au-delà de tout, au-delà de la mort !“ (Ps 48). - “Notre Dieu est le Dieu des victoires ; et les portes de la mort sont à Dieu le Seigneur !“ (Ps. 68.21).

C'est l'histoire de toute destinée de celui qui sort de lui-même pour aller à la recherche de Dieu, vers la "montagne de la vision" ! Et annoncer ce Dieu Tout-Puissant !

Aussi, n'hésitons pas : Oui avançons, sortons ensemble à l'exemple de tous les saints. Ils se sont avancés d'une manière ou d'une autre ; ils sont sortis ... pour aller, comme le Christ, à la rencontre de tous les hommes, pour les sauver du mal, du péché et de la mort elle-même !

Avançons, sortons à la suite de Mère Térésa, par exemple, qui sut percevoir en tout homme souffrant le Christ vainqueur de toute mort ! N'est-ce pas là encore le leitmotiv de notre pape François ?

Avançons, sortons à la suite encore des parents de Thérèse de Lisieux, M. et Mme Martin, qui sont ensemble canonisés aujourd'hui. En bien des circonstances difficiles, ensemble, ils sont sortis d'eux-mêmes pour toujours affirmer la présence du Ressuscité qui donne force pour vaincre le mal et la mort même !

Avançons avec Marie qui, dans sa foi profonde, chantait, par avance, "les promesses faites à Abraham et à sa descendance pour toujours" !  Et cette conviction résonnait encore en son cœur au Golgotha, lors de la mort de son Fils ! Avec notre "Père dans la foi", elle était convaincue que Dieu menait par delà toute mort ! Elle se tenait "debout" dans cette foi !
Aussi, l'Eglise regarde toujours Marie comme le premier navire qui a franchi toutes les tempête et la barre de la mort elle-même ; elle est parvenue au port éternel d'où elle nous voit, nous suit, nous appelle pour aller, nous aussi, vers la "montagne de la vision", pour "voir celui qui nous voit sans cesse". C'est alors que nous serons véritablement fils de Dieu, semblables à Dieu "puisque nous le verrons tel qu'il est", dit St Jean. C'est alors que se réalisera pleinement pour chacun le "pour toi" adressé à Abraham, notre bonheur !

Aussi, que Marie, au milieu de nos tempêtes diverses et des multiples morts qui nous frappent, nous garde dans sa paix, la paix de sa foi !

Oui avançons, sortons ensemble pour "faire synode", au milieu des hommes, faire le synode de notre foi en la miséricorde de Dieu !

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