25 Janvier
– Conversion de St Paul – (Ac.
22.3sv – Mc 16.15sv)
Le
“Fils de Dieu“ s’est fait homme pour faire des hommes des "fils de
Dieu" !
Voilà
bien un retournement complet de la destinée humaine : de "fils
d'homme", chacun est appelé à être "fils de Dieu" ! Et cette
divine destinée est attestée par la rencontre avec ce "Fils de Dieu",
Jésus, qui, mort mais ressuscité, est toujours vivant !
Cette
rencontre avec le Christ, "Fils de Dieu" se manifeste - de façon
cachée ou éclatante, de façon progressive ou foudroyante, peu importe - se
manifeste toujours pour chacun à travers une lumière fulgurante et une voix
qui affirme : "Je suis
Jésus...!". Dès lors, sans rien pouvoir remettre en doute,
l'"Illuminé" va répétant : "Le
Christ est ressuscité... Il est vivant !" (Cf. I Co. 15) ; et désormais, "la vie, c'est le Christ",
"vivre, c'est Christ" (Ph. 1.21).
Telle
fut l'aventure de Paul - fulgurante pour lui - dont nous faisons mémoire.
Ce
qu'on appelle "conversion" est donc
- une
lumière sur notre chemin de vie pour reconnaître que Jésus est le "Fils
de Dieu", l'Envoyé du Père,
- une
lumière pour mieux percevoir l'appel qu'il nous adresse à être "ses
frères" en devenant "enfants de Dieu", afin qu'il soit lui-même
"frère d'une multitude..." (Rm 8.29).
- une
lumière qui transfigure tous les hommes, appelés, eux aussi, à cette même
destinée, appelés tous ensemble à faire "Corps" - Eglise - à faire
"Corps du Christ", à le rendre présent dans le monde !
- une
lumière qui nous engage à "porter
le Nom du Christ devant les peuples païens", à dire comme l'apôtre : "Malheur à moi si je n'annonce pas
l'Evangile" (I
Co. 9.16),
cette "Bonne Nouvelle" de la destinée divine de la condition
humaine.
Voilà
la conversion de Paul qui, d'une manière ou d'une autre, est aussi la nôtre.
Une conversion, un retournement à 180 degrés qui, comme pour Paul, nous saisit "de stupeur et d'effroi".
Aussi,
en quelques notations, j'aimerais souligner ce complet et extraordinaire
"retournement" de l'apôtre qui nous engage à sans cesse bousculer
notre propre vie. Car la vie chrétienne ne sera jamais une vie de rentier
spirituel bien installé sur de hautes certitudes, mais une permanente
conversion, une incessante interrogation pour mieux réaliser une symbiose de
vie de plus en plus profonde avec celle du Christ !
Contemplons
quelque peu la vie St Paul pour mieux saisir sa conversion !
Car
enfin, Paul était avant tout un Juif
et un Juif très fervent !
Son nom “Shaoul“ signifiait : “Demandé à Dieu !“…
Toute sa vie, il restera fier d’être né
Juif :
- Circoncis dès le huitième jour (application stricte des prescriptions de la Loi) (Phil. 3.4),
- il était “de la race d’Israël“ (Phi. 3.5), “de la descendance d’Abraham, de la tribu de
Benjamin“ (Rm 11.1), “Hébreu, fils d’Hébreu“ (Phi. 3.5).
- “Quant
à la Loi, un Pharisien ; quant au zèle, un persécuteur de l'Église ; quant à la
justice que peut donner la Loi, un homme irréprochable“. (Phi.
3.6).
- Toujours, d'ailleurs, il gardera pour son peuple une
tendresse filiale…
[“J'éprouve une grande tristesse et une douleur incessante.
Car je souhaiterais d'être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes
frères, ceux de ma race selon la chair, eux qui sont Israélites, à qui
appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, le culte, les
promesses...“ (Rm 9.1-5)].
Le
père de Saul était sans doute d'un tempérament énergique et entier (dont
il a hérité). Il avait cru bon - comme d'autres, à l'époque - quitter la
"Terre Sainte", la Haute Galilée pour fuir les conditions sociales
très difficiles, les divers tracas administratifs des pouvoirs en place tant
juifs que romains qui n'hésitaient pas à grever d'impôts extravagants
l'artisan-commerçant qu'il était (marchant de tissus et
fabricant de tentes). Mais, malgré cette émigration, il avait conservé une foi
très vive en le Dieu d'Israël. Il était pharisien de la plus stricte
observance.
Il
initia lui-même son fils à la lecture de la Bible, mais qu’à l’école il apprit
à connaître probablement dans la version grecque des Septante (3ème
s. av. JC),
Les
Juifs possédaient, en effet, un excellent système d’éducation par la famille.
C’était le secret de leur force.
- Dès
l’âge de 5 ans, l’enfant apprenait l’essentiel de la Loi.
- A 6
ans, il fréquentait ce que l’on appelait “La Vigne“ (jardin
d’enfants). C’était une petite école synagogale. L’écolier, assis sur
le sol, la tablette de cire sur les genoux et le stylet à la main, apprenait
l’histoire de son peuple. Ses maîtres l’entretenaient aussi de l’avenir de ce
peuple : un jour le Roi-Messie viendrait et parcourrait victorieusement la
terre…
- A 10
ans, Paul fit l’expérience, moins heureuse sans doute, de la tradition
orale : préceptes, purifications diverses, règlements, distinctions subtiles
dont les rabbins avaient entouré la Loi.
Dans
cette période qui lui ravit son paradis d’enfant, Paul fit l’expérience typique
et bouleversante de l’homme imparfait, non encore racheté. Parvenu à l’âge
adulte, il la résumera dans sa lettre aux Romains (7.9sv).
- A chaque pas qu’il faisait, il entendait : “Tu ne dois pas !“ - “Ne fais pas ceci !“ - “Ne touche pas à
cela !“... etc. Paul s’habitua à respirer cette atmosphère religieuse
quoique étouffante… Peut-être se souviendra-t-il de cette période lorsqu’il
donnera ce conseil pédagogique : “Et
vous, pères, n’exacerbez pas vos enfants !“. (Eph.
6.4).
- Un
principe très sain était en honneur dans les familles pharisiennes :
concilier étude de la Torah avec un travail manuel. Le jeune Saul apprit donc le
métier de son père qui lui servira plus tard, ne serait-e que pour “n’être à la charge de personne“
( (I Thess 2.9 – II Thess 3.8 – etc)
- A 18
ans, le jeune Saul se rendit à Jérusalem pour achever sa formation auprès
d’un grand maître. Ce fut sans doute avec grande émotion. Et encore davantage
lorsqu’il s’assit près du Rabbi Gamaliel “vénéré de tout le peuple“ (Ac 5.34).
Ce Maître était un homme au cœur généreux et compréhensif.
Les
théologiens d’alors se partageaient à Jérusalem en deux écoles :
+
l’école d’Hillel (grand-père de Gamaliel), de caractère souple et
conciliant, qui connaissait toujours un moyen d’échapper à la rigidité de la
Loi.
+ et
celle de Shammaï qui s’attachait fanatiquement à la lettre.
Plus
tard, Paul dira : “Je faisais des
progrès dans le judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en
partisan acharné des traditions de mes pères“. (Gal
1.14)
Ce
qui absorba Paul, ce fut la Bible et encore la Bible !
Il l’apprit par cœur pour ainsi dire. Plus tard, dans ses pérégrinations, il ne
lui sera pas possible d’emporter les volumineux et précieux rouleaux de la Loi.
Malgré cela, ses lettres regorgent de citations et d’allusions empruntées à
presque tous les livres de l’Ancien Testament. C’est que Paul tenait la Bible,
la "Parole de Dieu" pour le plus grand trésor du monde !
Je me
suis permis ces détails de la vie de Paul pour mieux considérer tout ce qu'a
opéré la grâce de Dieu en ce "pharisien, fils de pharisien". Ne
nous décourageons donc jamais ! La grâce de Dieu l'emporte toujours,
dira l'apôtre. On peut dire cependant qu'il a fallu sans doute beaucoup de
temps à Paul, malgré sa fulgurante conversion, pour assimiler la Vie du Christ
en la vie d'un Juif fervent.
Il est
bon de remarquer d'ailleurs son silence presque complet après sa conversion...
durant dix ans environ (entre le chemin de Damas et l'appel de Barnabé à Antioche) Qu’a donc pu
faire, pendant tout ce temps, le bouillant et actif Paul ? Il me plaît
encore de penser que ce “pharisien, fils de pharisien“, cet ancien
élève de Gamaliel à Jérusalem, relut et relut encore toutes les Ecritures à
la lumière du Christ ressuscité. Il fit certainement avec le Christ
l’expérience des deux disciples d’Emmaüs : “Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur
interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait“ (Lc 24.27).
De pharisien
à chrétien, quel "retournement" !
Car ce qu'il faut surtout retenir, c'est qu'à partir de sa conversion, Paul a toujours
transmis, en toutes circonstances, le message essentiel de la foi :
“le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Ecritures ;
il a été enseveli…“ : précision d’un fait qui semble indiscutable et qui
exprime la certitude de la mort du Christ !
“Il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Ecritures“, précise-t-il
encore.
“Il a été vu par Pierre, puis des Douze !“.
“Puis, il a été vu de plus de cinq cents frères en une seule fois - la
plupart sont encore vivants ! -“.
- “En tout
dernier lieu, il m’est aussi apparu à moi, l’avorton“.
Et
cette "apparition" fut une transformation, un
"retournement" de vie.
Puissions-nous,
à notre manière, vivre ce "retournement" de vie qu'est une véritable
conversion !
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