EPIPHANIE 2014
Il y a quelque chose de profondément mystérieux
et même de dramatique dans ce récit de l'Epiphanie :
Les mages, des païens, arrivent à
Jérusalem d'un pays lointain et, sans avoir jamais entendu parler du vrai Dieu,
ils reconnaissent dans le petit enfant de Bethléem son envoyé, le Sauveur
promis par Dieu.
Et, au même moment, les responsables
religieux de Jérusalem qui sont sur place, qui sont croyants, qui
connaissent le vrai Dieu, restent parfaitement indifférents à la nouvelle de la
naissance de Jésus : Aucun ne se dérange pour aller voir le Nouveau-né ; Et, plus
tard, ils le rejetteront, rejetteront le Messie!
Ce récit est donc un peu comme une
prophétie,
comme une annonce de ce qui se passera par la suite : globalement, le peuple
juif, c'est-à-dire le peuple croyant, rejettera Jésus ; En revanche, ce sont des étrangers, des
païens, qui se convertiront au Christ et qui constitueront par la suite - je ne
dis pas depuis le Concile Vatican II - le "nouveau Peuple de Dieu",
mais "le Peuple de Dieu" régénéré par l'Enfant de Bethléem, englobant,
comme dit St Paul, Juifs et païens qui le cherchent !
Il y a là un mystère, le mystère de la
foi et le mystère de l'incroyance : ce sont les plus lointains qui découvrent
Jésus, et ce sont les plus proches, les croyants traditionnels, ceux qui
semblaient les plus prêts à l'accueillir, qui le rejettent.
Est-ce que cela ne doit pas nous interroger
? Car ne sommes-nous pas, nous aussi, de ces croyants traditionnels : nous
croyons en Dieu ; mais accueillons-nous véritablement Jésus et son message
? Sommes-nous prêts à être sans cesse dérangés pour mieux connaître l'Envoyé de
Dieu ?
Dans ce récit de l'Evangile, une
première chose est frappante, me semble-t-il : les Mages, tout
païens qu'ils sont, sont en recherche
du vrai Dieu qu'ils ignorent. Les croyants de Jérusalem, eux, s'imaginent
le posséder, le connaître une fois pour toutes : ils sont satisfaits, contents
d'eux-mêmes, sûrs de leurs certitudes, sûrs de leur savoir religieux. On leur
demande où doit naître le Sauveur ; ils ont immédiatement la réponse ; ils
estiment ne rien avoir à apprendre des autres…, ni même du Saint-Esprit.
Et pourtant, la Bible ne leur dit-elle pas
sans cesse comme à nous-mêmes : "Cherchez
le Seigneur, recherchez toujours sa face !… Cherchez le Seigneur et vous vivrez
!… Recherchez le Seigneur, il se laisse trouver !" (Ps 68 - Is 55/6).
Les Mages, eux, ont faim et soif de Dieu ;
ils cherchent à le découvrir : "J'ai
soif de Dieu, du Dieu vivant ! Quand pourrais-je découvrir sa face ?"
Pour trouver quelque chose ou quelqu'un, il
faut le chercher.
Si je ne cherche pas, je passerai à côté sans le voir. Ce jeune homme qui a
remarqué une jeune fille (ou inversement, peu importe), va-t-il attendre
passivement qu'elle vienne vers lui ? Au contraire, il cherchera à la
rencontrer à nouveau, à faire sa connaissance et à la fréquenter. C'est ainsi
que s'établit toute relation.
Pour trouver Dieu, pour découvrir le
Christ, il faut chercher. Les autorités juives de Jérusalem s'imaginaient avoir
trouvé Dieu parce qu'elles connaissaient leur doctrine religieuse. Mais Dieu
n'est pas une doctrine ; Dieu n'est pas une idéologie. Dieu est quelqu'un ; et
on n'a jamais fini de le connaître. Comme dit St Paul, ici-bas, nous ne le connaissons
que d'une manière confuse, comme à travers un mauvais miroir. - D'ailleurs,
même entre nous, qui nous connaît parfaitement ? Personne ! A plus forte raison
quand il s’agit de Dieu ! -.
Une deuxième chose est frappante à propos des Mages
: ils avaient certainement leurs croyances personnelles, leur manière de
penser, leur mentalité. Or, ils n'hésitent pas à "se remettre en question", comme on dit, pour aller
à la recherche du vrai Dieu. Ils quittent leur pays, ils quittent leur famille,
ils partent pour un long voyage qui les mènera ils ne savent où. Ils ne sont
pas prisonniers de leurs idées personnelles ; ils sont conscients d'avoir bien
des choses à découvrir. Alors, ils sont prêts, ils sont ouverts à la lumière.
"Lumen réquirunt lumine",
dit l'hymne de ce jour, "Par la
lumière, ils cherchent la lumière !".
Les croyants de Jérusalem, au contraire,
sont prisonniers de leurs certitudes ; ils sont fermés à tout ce qui leur
viendrait de l'extérieur, ils prétendent tout savoir ; leur lumière, c'est eux-mêmes
! Ils se prennent pour Dieu !
Pour découvrir le vrai Dieu, pour découvrir
Jésus-Christ, il nous faut un peu d'humilité, être convaincus que la vérité
nous dépasse, que Dieu nous dépasse, que Jésus-Christ nous dépasse. Personne ne
détient toute la vérité, nul n'en est propriétaire ; ceux qui croit en avoir
découvert quelques lueurs, qu'ils continuent donc à chercher humblement avec
les autres, avec tous ceux qui, eux aussi, croient en avoir découvert quelque
chose.
Car le vrai Dieu est toujours surprenant.
Il correspond rarement à nos idées toutes faites.
Le message de Jésus est toujours
surprenant. Il répond rarement à ce que nous attendrions. Quand il parle par
exemple des pécheurs et des prostituées qui parviendront avant les autres dans
le Royaume.
Et l'Esprit de Dieu, lui aussi, est
toujours surprenant. Il bouscule souvent les "bons principes" qui
sont les nôtres.
La découverte du vrai Dieu, la rencontre de
Jésus-Christ, c'est le début d'une aventure jamais terminée, une aventure qui
mène on ne sait où. Mais comme les Mages, il ne faut pas avoir peur, pour s'y
lancer, de quitter nos certitudes un peu trop confortables.
Mais il y a surtout une troisième chose
frappante et nécessaire pour découvrir Jésus-Christ ; une troisième chose
toute simple, mais c'est la plus difficile. Il faut faire comme les premiers
apôtres de Jésus : se mettre à son écoute, le contempler et commencer à le suivre sans attendre
d'avoir parfaitement découvert qui il est.
Oui, c'est ce qu'ont fait les premiers
apôtres : ils ont suivi Jésus, ils se sont attachés à Lui ; ils sont devenus
ses disciples ; et c'est longtemps après qu'ils ont vraiment découvert que cet
homme Jésus, c'était le Messie, l'Envoyé de Dieu, ...et même le Fils de Dieu !
Jésus disait un jour : "Celui qui fait la vérité vient à la lumière !".
Cela veut dire : Pour trouver la pleine
lumière, pour découvrir qui est Jésus-Christ, commence donc, comme
l'enseigne souvent le pape François, par le suivre dans ses solidarités avec
les petits, les pauvres, tous ceux qui souffrent et tous ceux qu'on rejette !
Comme Lui-même a souffert et a été rejeté !
Pour découvrir peu à peu qui est Dieu, commence donc par
suivre Jésus-Christ dans sa prière à Dieu son Père, en priant toi-même avec Lui
et comme Lui dans le secret de ton cœur ; et tu viendras à la lumière !
Pour découvrir ce qu'est l'Eglise, commence donc par
rejoindre quelques chrétiens pour créer avec eux une véritable communion, une
communion agissante de foi et d'amour ; et tu parviendras à la lumière !
Oui pour découvrir ce que c'est que d'être
chrétien, il faut commencer par suivre Jésus-Christ en essayant de vivre
comme Lui.
La lumière de Dieu, la lumière de Jésus…
n'est pas au bout de discussions ou d'idées savantes ; elle vient dans la
foulée de l'amour et de la vie ; elle jaillit de ce que l'on fait, des
engagements que l'on prend, et de la manière dont on aime, à la suite de
Jésus-Christ !
Aujourd'hui, c'est la fête des Mages, c'est
donc la fête de tous ceux qui cherchent Dieu et qui se mettent en route à la
découverte de Jésus-Christ !
Demandons au Seigneur de creuser en nous
cette soif de Dieu qui stimulera notre recherche.
Prions surtout pour nos frères incroyants
qui, comme les Mages, sont attirés par Jésus et cherchent à le connaître.
Prions pour tous ceux qui nous entourent. Comment
pourront-ils découvrir et rencontrer la vraie lumière, Jésus et son message ?
N'avons-nous pas, là, une responsabilité à la fois personnelle et, ici surtout,
collective, c'est-à-dire ecclésiale ?
Pour retrouver les textes, voir Blog : sur Google, taper : A la diaspora sol
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire