2ème
Dimanche après Noël
Après la fête de Noël, il y aura demain - 6
Janvier - la fête de l'Epiphanie qui n'est finalement, pour nous en Occident,
qu'une reprise de la fête de la Nativité de Notre Seigneur - le mot
"Epiphanie" signifiant "Manifestation", Manifestation de
Dieu aux hommes !
Dans ce contexte, le Dimanche situé entre
ces deux fêtes veut fixer notre attention sur ce grand mystère de Dieu
qui s'est fait homme en Jésus, l'"Emmanuel", "Dieu avec"
nous ! Et il le fait en soulignant les deux grands aspects de ce mystère
exprimés à Noël par la célébration de la nuit et par celle du jour dont
l'évangile est repris aujourd'hui. Car, si je puis dire, le jour n'est pas la
nuit ! Quelle différence !
En la nuit de Noël, nous avons été
attirés par la crèche, nous avons vu l'Enfant, nous avons vécu l'événement avec
Joseph et Marie, nous avons pris place parmi les bergers. Nous nous sommes
émerveillés de tant d'humanité : Dieu devenu l'un des nôtres, "Emmanuel"
! Sirac le Sage, dans la lecture, nous le rappelle à sa manière : La Sagesse de
Dieu - le Fils de Dieu - nous fait cette confidence : "Le Créateur de toutes choses m'a donné un ordre... Il m'a dit :
"Viens t'établir parmi les fils de Jacob... Je me suis enraciné dans un
peuple...".
Mais, au jour de Noël, nous avons
entendu des choses très différentes. Il n'était plus question d'Enfant dans la
crèche, il n'y avait plus un mot pour Joseph et Marie, et les bergers étaient
très loin. Qu'avons-nous donc entendu ? Ce qui nous est proclamé
aujourd'hui : "Au commencement
était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu.
Tout fut par Lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans Lui" (Jn 11sv). Nous sommes
subitement soulevés loin au-dessus des événements de la crèche. Sur ses ailes
d'aigle, Jean l'évangéliste s'élève jusqu'auprès de Dieu. Et nous avec
lui.
Car tel est le grand mystère de Noël : Nous
sommes invités à considérer à la fois deux réalités.
Ce petit enfant dans la crèche est un vrai
bébé,
"né d'une femme", selon les
mots de St Paul. Le fils de Marie - Jésus - est tout entier homme et rien
d'humain ne Lui est étranger. Il est en tout notre frère. Nous pouvons nous
attendrir sur cet être humain, petit et sans défense.
Nous pouvons avoir de la compassion pour
Lui. Il est frère de tous les êtres humains. Il partage d'ailleurs le sort de
tant d'hommes, à travers les siècles : pour Lui, comme pour des millions
d'autres, il n'y avait pas de place à l'auberge. Né réfugié, il reçut comme
premiers visiteurs d'humbles bergers qui n'avaient d'ailleurs pas tellement
bonne réputation en ces temps-là.
C'est pourquoi, comme l'a rappelé le pape
François, la fête de Noël reste-t-elle la journée de "la grande compassion" pour tous les pauvres, les
exclus, les expatriés, pour tous les enfants qui ne sont pas les bienvenus. À
Noël, Dieu est tellement concerné par le sort des pauvres qu'il a voulu devenir
l'un des leurs. Celui qui célèbre Noël, ne peut jamais oublier la nuit de Noël
: la nuit de l'"empathie", la nuit des "grands
cœurs" qui ne peuvent supporter que des gens soient forcés d'être
couchés sur la paille dans le froid. Car Jésus, l'enfant Jésus, est tout homme,
et en particulier tout homme en détresse. C'est précisément pour cela qu'Il s'est
fait "homme aimable", homme à aimer !
Mais cet enfant Jésus est aussi un
"Dieu adorable". Car ce petit enfant est le fils même de Dieu : "Il
était auprès de Dieu". Si nous nous émerveillons près de la crèche,
c'est précisément parce qu'il n'est pas un petit enfant comme les autres petits
enfants qui est couché là, si "aimable" que nous ne pouvons plus
chasser son image de notre cœur et de notre mémoire.
Ce petit enfant est le
propre Fils de Dieu ! Cet enfant n'est pas fruit des hommes, mais le Verbe
de Dieu. Né du sein de Marie assurément, mais venu de beaucoup plus loin. Bien
avant qu'il ne vienne dans le sein de Marie et s'y développe comme un fruit, Il
existait auprès de Dieu. Cet enfant dans la crèche nous confie avec le livre
des Proverbes : "Avant que n'aient
surgi les montagnes, avant les collines, j'ai été enfanté, alors que le
Créateur n'avait pas encore fait la terre et les espaces ni l'ensemble des
molécules du monde. Quand il affermit les cieux, moi, j'étais là : j'étais là quand
il condensa les masses nuageuses en haut et quand les sources de l'abîme
montraient leur violence..., quand il traça les fondements de la terre. Je fus
maître d'œuvre à son côté, objet de ses délices chaque jour, jouant en sa
présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre ; et je trouve mes
délices parmi les hommes". (Prov. 8.25-31).
Ceci est un tout
autre décor qu'une étable dans les pâturages de Bethléem ! C'est l'univers
entier qui est sa demeure. Ce n'est pas d'une créature qu'il s'agit ici,
mais du Créateur, "Dieu adorable !".
Ainsi donc, l'Enfant dans la crèche, cet
"in-fans", incapable d'émettre la moindre parole, est le
Verbe, la Parole. Le bébé qui ne dit rien est tout ce que Dieu veut dire
aux hommes : son unique Parole. Dans le mutisme de cette bouche enfantine, tout
l'évangile est déjà présent : la "Bonne Nouvelle", tout ce que l'amour
de Dieu pour l'homme veut nous dire... depuis toujours : "Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé
autrefois aux pères par les prophètes, Dieu, en la période finale où nous
sommes nous a parlé à nous en son Fils... Ce Fils est resplendissement de sa
gloire et expression de son être...". (Héb. 1.1-3).
Celui qui entre dans l'étable de Noël
ne doit pas seulement se laisser attendrir ou rester bouche bée de surprise ou
d'émerveillement ! Il doit surtout tomber à genoux et adorer. Avec les bergers
de la crèche, tout étonnés en un premier temps, nous devons, avec eux, nous élever
à la stature des Mages venus avec des présents pour adorer. Et nous retrouverons
alors les bergers qui chantent : "Gloire
à Dieu au plus haut des cieux !".
Mais il y a davantage encore !
L'étable de Noël est certes remplie de multiples
personnages plus nombreux encore que les "santons" de nos crèches
provençales, pourtant pittoresques et haut en couleurs. Mais la Provence tout
entière n'a pas été à même d'y ajouter le personnage principal.
Ce dernier est
en effet invisible : c'est le Père qui est aux cieux. Noël est en
premier lieu sa fête : c'est ce que nous avons chanté en la nuit de Noël avec
le psaume 11ème : "Le
Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils ; Moi aujourd'hui, je T'ai engendré"
(Ps.
11.7).
Au plus profond de la nuit de Noël, se tient le vrai Père, grand et invisible,
le seul qui soit vraiment Père. Il est souvent totalement ignoré à Noël : nous
tournons nos regards vers l'Enfant, vers Joseph et Marie, vers les bergers et
les mages. Mais les tournons-nous vers le Père ? Toute énergie, toute vitalité,
toute bonté sur terre proviennent de Lui. Si cet Enfant est venu au monde,
c'est parce qu'Il a obéi à ce Père : "Voici,
Je viens avec le rouleau d'un livre écrit pour Moi. Je viens faire ce qui Te
plaît" (Ps.
40.8).
Aussi, à travers le toit de paille de
l'étable, tournons nos regards vers ce Dieu qui est aux cieux, vers Celui qui
habite par-dessus les étoiles. Il est le Père de cet Enfant, le Père de
Jésus. Il est aussi notre Père et le Père de tous les humains. De
Lui tout est sorti, vers Lui tout retourne ; si le Fils de Dieu est devenu
homme, c'est pour nous mener tous vers ce Père. Dieu est en effet devenu homme,
afin que l'homme devienne Dieu. "En
Jésus, nous disait St Paul, le Père
nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l'amour,
saints et irréprochables... Il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des
fils par Jésus Christ".
En ce temps de Noël, puissions-nous faire
cette prière les uns pour les autres : "Que
le Dieu de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un
esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu'il ouvre votre
cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l'espérance que donne son appel,
et la gloire sans prix de l'héritage que vous partagez avec les fidèles".
Pour retrouver les textes, voir Blog : sur Google, taper : A la diaspora sol
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