mardi 7 janvier 2014

Le Christ des nations !

Lendemain de la fête de l'EPIPHANIE 2014         (I Jn 3.22-4.6 ; Mth 4.12-25)

En cette période "mondaine" de l'échange des vœux de nouvel an...
- ce qui prend du temps mais qui est une bonne façon d'entretenir entre nous une fraternité humaine et spirituelle, tout à la fois - ...
En cette période, je n'ai pas eu le temps de formuler une homélie en bonne et due forme...
Oh ! Excuse facile, direz-vous, comme tant d'autres excuses pour mieux céder à la tentation de m'endormir, de nous endormir, alors que nous devrions être sans cesse, nous chrétiens, des "éveillés", des "veilleurs". Vous le savez : pour le signifier, St Paul emploie le verbe "apokaradokein" ("apo-kara-dokein") : des gens qui se dressent ("kara") pour mieux voir ("dokein") au loin ("apo") le Seigneur qui vient, sa "Manifestation", c'est-à-dire son "Epiphanie" !

Mais nous nous endormons si facilement - c'est notre nature de pécheurs - d'autant plus lorsque des maux divers (d'estomac ou autres) viennent compliquer les choses et alourdir la léthargie naturelle de notre esprit... !
Nous en sommes tous là, plus ou moins !

Aussi, en m'accusant de cette tendance néfaste, je vous propose aujourd'hui, à bâtons rompus, une étincelle d'épiphanie, à la lecture des textes que la liturgie nous propose au lendemain de cette fête de l'Epiphanie de Notre Seigneur (1).

Hier, St Matthieu nous relatait l'épisode de la visite des Mages à l'Enfant-Jésus. Aujourd'hui, l'Eglise propose un autre texte de ce même Evangéliste pour souligner le grand mystère de la "Manifestation" du Seigneur, de son "Epiphanie" (rappelons : "Epiphanie" veut dire "manifestation") :
"Pays de Zabulon et pays de Nephtali, pays tourné vers la mer (Ouest) et pays au-delà du Jourdain (Est), Galilée, toi le carrefour des nations : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière...". St Matthieu cite là une prophétie d'Isaïe.

Pays de Zabulon et pays de Nephtali, Galilée...: c'est la région de Capharnaüm qui fait la jonction des autoroutes du temps, les voies romaines : celle d'Egypte vers l'Asie mineure ("voie de la mer") et cette qui vient de Pétra vers Damas, vers l'Est ("voie royale"). Et la jonction de ces autoroutes se fait à travers la plaine d'Izréël (entre le Mont Carmel et le lac de Tibériade), aux alentours de Capharnaüm.

Il est bon de remarquer que Jésus, enfant, jeune homme, du balcon de Nazareth qui dominait la plaine d'Izréël (2) voyait sans cesse les chariots des commerçants, des pèlerins, les caravanes des voyageurs divers, le défilé des légions romaines, l'arrivée des grands personnages ou le passage des bandits de grands chemins..., comme aujourd'hui en bien des régions !

Ainsi la géographie du lieu de son enfance le prédisposait à des rencontres très diverses et facilitera certainement ses incursions en pays totalement païens (Décapole, Césarée de Philippe, Syro-Phénicie). Et il ne devait pas être totalement étranger aux langues qui se pratiquaient internationalement en ces régions, notamment le latin et le Grec (D'ailleurs, il devait connaître plus ou moins, la tradition des Septante !).

Et St Matthieu - ce bon scribe qui, toujours, "tire de son trésor du neuf et de l'ancien" - voit en Jésus la Lumière de toutes ces nations - du nord comme du sud, de l'est comme de l'ouest - dont bien des représentants traversaient cette plaine d'Izréël. C'était l'objet d'une prophétie d'Isaïe qu'avait reprise le vieillard Syméon.
Ainsi note l'évangéliste, des foules de bien des régions - Galilée, Décapole, Judée, Transjordanie... - suivent Jésus dès le début de sa mission.

Et pourquoi ces foules suivent-elles Jésus ? Ces foules, celles d'hier, celles d'aujourd'hui et celles de demain ? St Jean nous le dit dans la première lecture : "Tout inspiré qui proclame que Jésus est venu parmi nous dans la chair ("Verbe fait chair", dira-t-il par ailleurs), celui-là appartient à Dieu !". Le Christ est en lui !
"Vous n'êtes pas du monde", ne cesseront de répéter autant St Jean que St Paul parce que "l'Esprit du Christ est en vous !". Et parce que l'Esprit du Christ est en vous, celui qui appartient à Dieu ( = qui reconnait la venue de Dieu en la chair) vous écoute,... écoute l'Eglise !

Malgré notre tendance et parfois la fatigue qui nous entraînent à nous endormir, restons suffisamment "éveillés" pour proclamer, par toute notre vie, la venue du Fils de Dieu dans la chair, sa venue en nous-mêmes par son Esprit qu'il nous donne et qui nous permet de mieux proclamer :
"LE CHRIST EST VIVANT ! IL EST EN MOI ! IL EST EN VOUS ! Sachons le reconnaître et annoncer sa "manifestation" permanente !

(1) le lendemain du 6 janvier ou du dimanche réservé à cette fête, comme en France

(2) plaine très fertile, "Yzréël" voulant dire "Dieu sème !".

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