mercredi 11 mars 2009

Le prophète Jérémie… ! - Carême 2 - Mercredi

Vous rencontrerez le prophète Jérémie tout au long du Carême. Il faut, me semble-t-il, connaître la vie de ce prophète méconnu, le contexte politique, social et religieux de son époque pour mieux le comprendre. Aussi, aujourd’hui, je me permets simplement quelques annotations sur la vie de ce prophète ! Donc un peu d'histoire pour mieux comprendre la réalité de la Parole de Dieu en notre histoire !

Jérémie est un prophète qui vivait à une époque qui ressemble un peu à la nôtre : relativement prospère mais très troublée humainement et surtout spirituellement. Elle connaîtra diverses déportations et, finalement, la destruction de Jérusalem et du temple !

Le prophète Isaïe était peut-être encore vivant quand le fils du fidèle Roi Ezéchias, Manassé, commence son long règne (697-642), règne le plus impie qui fut. Politiquement, il resta le vassal prudent et servile de l’empire Assyrien - ce qui entraîna une forte pénétration du culte des idoles - ; il voyait souvent aller et revenir les armées assyriennes qui allaient guerroyer contre l’Egypte, en épargnant, en un premier temps, Jérusalem.

Vers 630, l’empire Assyrien commence à s’affaiblir face aux Babyloniens et les Mèdes. Manassé en profite pour retrouver une certaine indépendance. Toutefois et curieusement, ce sont les Babyloniens (et non les Assyriens) qui s’emparent de lui et l’emmènent en captivité à Babylone. C'est que Manassé fut sans doute un tout petit pion sur le grand échiquier de la lutte entre Babyloniens et Assyriens ! Il fit pénitence… et retrouva son trône.

Après sa mort, Amon , son fils, devint roi à vingt-deux ans, mais n’y resta que deux ans (642-640). “Il fit ce qui est mal aux yeux de l’Eternel, comme son père ; il servit les idoles… ; il abandonna l’Eternel, le Dieu de ses pères… Il fut assassiné… et le peuple établit (le saint) roi Josias, son fils, à sa place” (2 Rois 21.20-24).
Ainsi, le fidèle Ezéchias eut un fils impie. Et l’impie Amon eut un fils fidèle! Car Josias fut un roi exemplaire ! Il régna trente-neuf ans, (640-609). “Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, et il marcha dans toute la voie de David, son père ; il ne s’en détourna ni à droite ni à gauche” (2 Rois 22.2). A l’âge de vingt ans, il s’attacha à purifier tout le pays de ses idoles. En 622, (il a 26 ans), il engage de vastes réparations pour remettre le Temple en état. C’est alors que l’on retrouva dans le Temple un exemplaire de la Loi de Moïse, sans doute un exemplaire du Pentateuque.

Ainsi, Josias, à cette occasion, engagea une profonde réforme religieuse ; et tout lui réussit pendant un temps. Profitant de la faiblesse de l’empire Assyrien, il reconquit plus ou moins la Samarie et la Galilée voulant reconstituer un grand royaume Juif, fidèle à Dieu.

Cependant, en 609, Néco, Pharaon d’Egypte, inquiet de voir la puissance assyrienne s’effondrer, et ne voulant pas voir le peuple Babylonien, dominer en Mésopotamie, monta secourir ce qui restait de la puissance assyrienne, son ancien ennemi. Ainsi va la politique de tous les temps ! Josias n’hésita pas à attaquer les Egyptiens. Mal lui en prit ! Son armée fut balayée, et lui-même périt dans la bataille, dans la vallée de Meguiddo.

Les Egyptiens occupèrent alors Jérusalem. Le peuple avait établi sur le trône de Josias son fils Joachaz, âgé de 23 ans. Au bout de trois mois de règne, les Egyptiens le destituèrent et mirent sur le trône son frère Jojakim, (609-598). Pendant ce temps, les Assyriens ne parvenaient plus à repousser leurs envahisseurs. En 612, Ninive fut détruite. Malgré l’intervention des Egyptiens, les Babyloniens prirent le contrôle de la région. Ce fut le début de l’empire Babylonien. Une célèbre bataille eut lieu entre le roi de Babylone et le Pharaon Néco à Karkemish, sur les rives de l’Euphrate. Néco battu, plus rien n’arrêta désormais la puissance de Babylone. En 605-604, les Babyloniens reprirent notamment la Samarie et la Galilée... En 597, ils firent le siège de Jérusalem, qui fut prise en trois mois. Le jeune roi Jojakin fut emmené prisonnier à Babylone, avec un premier contingent de déportés. Il fut remplacé par son oncle Sédécias qui régna onze ans (597 à 587).

En 588, sur les conseils de l’Egypte, Sédécias se révolta contre le roi de Babylone qui revint mettre le siège devant Jérusalem.En 587, la ville fut prise et brûlée. Le Temple fut incendié et détruit. Sédécias, les yeux crevés, après avoir vu ses fils égorgés devant lui, fut emmené captif à Babylone, avec le reste de l’élite de la population - deuxième déportation - Le gouverneur Juif laissé sur place fut assassiné, ce qui fit réagir les Babyloniens, qui revinrent en 582, et procédèrent à une troisième déportation.

Voici le cadre général dans lequel s’inscrivent la vie et le ministère du prophète Jérémie ! Toute cette histoire compliquée et tragique, depuis la prospérité du règne de Josias, jusqu’à la destruction de sa ville bien-aimée, fut intensément vécue par le prophète.

Jérémie naquit vers 650, à la fin du règne du roi Manassé. Cela faisait fort longtemps que depuis Ezéchias, l’iniquité régnait à Jérusalem. Les hommes pieux se lamentaient en silence, impuissants, devant l’abandon du Temple et du vrai culte.

Il était originaire de la petite ville d’Anathoth, près de Jérusalem, et appartenait à une famille sacerdotale. Il fut appelé très jeune au ministère de prophète, vers l’année 627, alors qu’il avait environ 23 ans, sous le règne de Josias. Ce roi pieux avait déjà commencé ses réformes religieuses. Il s’appuya sur le ministère de Jérémie pour faire revenir le cœur du peuple à l’Eternel, mais le mal était profond.

Pourtant, le ministère de Jérémie dura quarante ans, de 627 à 587, année de la prise de Jérusalem. Le peuple eut donc le temps d’entendre la Parole de Dieu ! … Après la prise de Jérusalem, Jérémie fut entraîné de force en Egypte par les fuyards de Juda. D’après la tradition Juive, il aurait fini ses jours en Egypte, où il aurait été assassiné en 570, à l’âge de 80 ans. Pauvre prophète Jérémie !

Jérémie voyait bien, avec une profonde tristesse, et malgré les efforts énergiques du jeune roi Josias, que le réveil religieux était superficiel. Sous la férule de Josias, la prospérité était revenue, la main pesante de l’occupant assyrien s’était relâchée. Le pays était purifié des idoles, le vrai culte était rétabli. Qui aurait alors pu prendre au sérieux les avertissements et les menaces du prophète, sinon une petite minorité, un petit reste fidèle ? Jérémie était conscient de cela. Il discernait parfaitement le véritable état spirituel du peuple. Des décennies d’impiété et d’idolâtrie n’avaient pas pu déraciner le mal en profondeur.

Il reprenait facilement les paroles du grand prophète Isaïe : “Le Seigneur dit : Quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres…“, paroles que Jésus lui-même reprit (Marc 7 : 6-9). Rien ne pouvait autant faire souffrir le cœur du prophète ! Il se rendait compte qu’il n’y avait en réalité aucun amour véritable du Seigneur, et il savait que les mauvaises tendances du peuple reprendraient toujours le dessus… Il annonce donc le châtiment divin dont les raisons sont multiples : culte des idoles, indifférence aux choses divines, impureté, impudicité, injustices et exploitations des pauvres, d’imposteurs ou prophètes indignes, et surtout obstination dans l’égarement spirituel. Paul fera allusions à tous ces méfaits qui avaient lieu de son temps également (2 Tim. 3 : 1-5 ; 2 Tim. 4 : 3-5).

Jérémie avertit encore le peuple que la prospérité apparente des méchants n’était aucunement le signe d’une approbation divine, mais simplement celui de la patience de l’Eternel, qui espérait toujours une réforme des cœurs, réforme qui n’allait pas venir.

Il était déchiré entre son amour pour son peuple et la nécessité où il se trouvait d’accomplir sa mission et d’annoncer les châtiments à venir.

Dès après la mort prématurée du Roi Josias, Jérémie avait été condamné à une vie solitaire, entouré d’une petite poignée de fidèles, en butte constante aux persécutions et aux dangers de toutes sortes, alors que de sombres nuages s’accumulaient à l’horizon de Babylone.

Pourtant, en dépit de tous ces cataclysmes annoncés, le cœur du message de Jérémie demeure un message d’espoir. Le sommet de son ministère prophétique reste la magnifique annonce de la restauration future d’Israël, et d’une “nouvelle alliance” avec le Seigneur. (31.1-14).

N’est-il pas vrai finalement que le message de Jérémie est de tout temps, et du nôtre aussi ? Ainsi, vous comprendrez mieux, je l’espère, le message de ce grand prophète à nous adressé également !

Saint Carême.

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