dimanche 29 mars 2009

Descendre - Remonter , avec la lumière du Christ ressuscité ! - 5e Carême 09

“J’ai vu, disait Dieu à Moïse, j’ai vu la misère de mon peuple… Je connais ses souffrances… Je suis descendu pour le déli-vrer… et le faire monter vers moi“. (Ex. 3.7). Affirmation divine qui sera proclamée par le premier des martyrs, St Etienne, lors de son procès auquel assistait un certain Saul, le futur St Paul (Act 7.19).

Descendre, remonter ! De cette constante pédagogie de Dieu à l’égard de l’homme que souligne la seconde lecture en rappelant la richesse du sacrifice du Christ en croix, l’unique qui permet de remonter vers Dieu, St Paul en était pénétré. Ce pharisien fils de pharisien, cet ancien disciple de Gamaliel, le maître le plus universaliste de son temps, avait bien compris cette pédagogie de Dieu à l’égard de tout homme, Juif ou païen : J’ai vu ; je suis descendu pour faire remonter. Partout, en toutes circonstances, Paul voyait la croix du Christ comme une échelle de Jacob solidement plantée en terre et sur laquelle les anges de Dieu ne cessaient de descendre et de remonter pour le bien des hommes…

Cette démarche divine se récapitule, enseignera Paul, dans la vie même du Christ, Fils de Dieu fait homme, descendu pour remonter vers son Père, nous “conduisant tous, écrira-t-il, au salut par la foi“ (2 Ti 3.15). – De cette démarche divine, il en avait été le bénéficiaire sur le chemin de Damas. - Cette démarche divine, affirmera-t-il avec force, concerne tout homme de bonne volonté. Dieu descend toujours pour faire monter.

Aussi, Paul ne cessait de contempler le Christ ! “Je ne veux rien savoir d’autre que le Christ et le Christ crucifié!“ (I C..2,3). Reprenant une hymne liturgique, il écrira (Phil. 2.6sv) : Lui, le Christ, de condition divine, il est descendu jusqu’à mourir sur une croix. Aussi, Dieu l’a élevé pour que tout homme puisse proclamer la gloire de Dieu, le Père ! “Il est remonté ! Qu’est-ce à dire sinon qu’il est aussi descendu dans les régions inférieures de la terre ?“ (Eph. 4.9).

“… Dans les régions inférieures“… Le Christ n’était-il pas descendu, lors de son baptême, dans le Jourdain ? En ce fleuve dont le nom signifie “descendre“, il est descendu dans les régions inférieures de la terre, vers la mer morte, cette région d’enfer. Là, il prit sur lui le péché du monde dont le “salaire était notre mort“, dira-t-il (Ro 6.23). Et il est remonté, tel un nouveau Moïse, traversant à nouveau le fleuve, comme jadis les Hébreux la mer rouge “en laquelle ils furent déjà baptisés“, osera-t-il affirmer (1 Co. 10.2). Il est remonté vers Jérusalem, disant : “Détruisez ce temple, je le relèverai en trois jours !“ (Jn 2.19).

Aussi, quelques jours avant sa Pâques, le Christ se trouve à Jérusalem en la fête de Soukkot, appelée “fête de lumière“, toute la ville étant illuminée pour rappeler la colonne de lumière qui, jadis, guidait le peuple au désert. Et Jésus, après avoir guéri un aveugle-né, avait proclamé solennellement : “Je suis la lumière du monde“. - “Vivez en enfants de lumière, conseillera St Paul, (Ep 5.3). Autrefois, vous étiez ténèbres. Maintenant, vous êtes lumière dans le Christ !“

“Je suis la lumière !“. Lumière qui avait brillé sur le chemin de Damas ! “Je suis !“… Ce “Je suis“ était le Nom de Dieu, du Dieu de vie qui relève tout homme. Et Jésus, en cette même “fête de lumière“ avait relevé un paralysé, car désormais, par lui, même les estropiés de la vie, ces interdits du temple, pourront entrer dans le nouveau temple qu’il est lui-même : “Relève-toi !, criera St Paul, et sur toi le Christ resplendira de sa lumière divine !“ (Ep 5.14). Bien plus, dira-t-il, “c’est en lui, que toute construction s’ajuste et s’élève pour former un temple saint… Vous êtes intégrés à cette construction pour devenir temple de Dieu“ ! Aussi, à la mort du Christ en croix, le voile de l’ancien temps se déchire afin que tout homme - malade de corps, d’esprit ou d’âme - puisse entrer, tout illuminé, en ce nouveau temple pour voir par la foi ici-bas, et véritablement un jour, Celui qui nous voit sans cesse ; car il est descendu pour nous faire monter. “A présent, nous voyons de façon confuse. Mais alors, ce sera le face à face… Et je connaîtrai (verrai) comme je suis connu“ (vu).

Descendre - Remonter avec le Christ pascal! De cette pédagogie divine, Paul en fera souvent allusion. De cette prévenance de Dieu, il en avait été tellement marqué. Le Christ n’était-il pas descendu pour le relever sur le chemin de Damas. “Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu“ à la lumière de Dieu, dira-t-il ( I Co 15.16). Il s’en souvenait bien. “Il ne respirait que menaces et meurtres “, écrira St Luc. Et l’apôtre d’expliquer lui-même : “j’approchais de Damas quand une lumière venue du ciel m’enveloppa de son éclat“ - “Je suis la lumière “, avait dit Jésus -. “Je tombai à terre et l’éclat de cette lumière m’avait ôté la vue“, tant le pécheur est un aveugle. “Mais, écrira-t-il, Jésus est descendu pour relever les pécheurs dont je suis, moi le premier“, “l’avorton que je suis“.

Le Christ lui avait dit : “relève-toi !“, comme il l’avait dit au paralysé de Jérusalem. Ce n’est qu’au bout de trois jours - les trois jours du mystère pascal -, qu’après avoir reçu le baptême, il ira, dira-t-il, vers l’Arabie (Gal 5.17), sans doute vers la montagne de l’Horeb, la montagne de Dieu, celle de Moïse, celle d’Elie qui vit et entendit Dieu qui passait au souffle d’une brise légère, (I Reg 19.12), en mot à mot “dans une poussière de silence“, “dans l‘éclatement d’un silence“. Qu’a-t-il donc vu, qu’a-t-il entendu, Paul ? “Je connais un homme, écrira-t-il, était-ce dans son corps ? je ne sais. Etait-ce hors de son corps, je ne sais ; Dieu le sait…Cet homme fut élevé jusqu’au ciel… Et il entendit des paroles inexprimables, tant le langage de Dieu s’adresse toujours à une personne en particulier, incapable alors de le traduire parfaitement. Une chose est certaine, Paul ne cessera alors de proclamer, à temps et à contre temps, la présence du Christ ressuscité, toujours vivant, rayonnant de lumière divine.

“Le Christ est ressuscité !“. Il est remonté ! Ce sera l’objet principal de sa prédication. “Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi“, dira-t-il. “Mais non ! Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts“ ! (I Co. 15.14,20)

Cet homme si vaillant, si nerveux en actes et en paroles qu’il était parfois difficile de le suivre, s’avoua lui-même, découragé, déprimé quand à Athènes son témoignage sur la résurrection du Christ fut non seulement refusé, mais ridiculisé, raillé. Obligé de quitter rapidement cette ville pourtant si raffinée, il descendit jusqu’à Corinthe, ville portuaire aux mille et mille turpitudes bien connues. Mais c’est Dieu, là encore, qui avec lui descendait vers les hommes pécheurs pour les libérer, les faire monter. Et c’est en cette ville mal famée que Paul fonda sa première grande communauté.

La Résurrection du Christ ! Notre propre résurrection ! La possible montée de l’homme vers Dieu ! Tel fut pour Paul le pre-mier objet de sa prédication ! Lors de son procès à Césarée, le juge, Festus expliqua à d’illustres invités, le roi Agrippa et la reine Bérénice, l’objet du litige entre Paul et ses accusateurs : Les Juifs, “ont avec Paul je ne sais quelles querelles relatives à leur religion, et en particulier à propos d’un certain Jésus qui est mort et dont Paul affirme qu’il est vivant“. (Act 25.19). Il n’y a pas, me semble-t-il, de meilleure définition du Christianisme. Elle fut prononcée par un païen ! Pourtant, Paul, au cours du procès, s’était adressé au roi Agrippa : Tu devrais comprendre cela, toi qui es Juif. Notre Dieu n’est-il pas le Dieu qui a les issues de la mort elle-même ? (cf Ps 48)

Aujourd’hui encore Dieu, “riche en miséricorde, descend vers nous pour nous faire monter vers lui ! Aussi, en ce moment, Paul nous lance ce message qu’il adressait aux Corinthiens : Oui, “le Christ a été crucifié dans sa faiblesse...“ (II Cor. 13.4sv). Désormais, “vous connaissez la générosité du Christ qui de riche qu’il était s’est fait pauvre pour que dans sa pauvreté vous deveniez riches“ (II Co. 8.9). Et il ajouterait en ce temps de carême : “Alors, faites-vous-mêmes votre propre critique ! Ne reconnaissez-vous pas que le Christ Jésus est en vous ?“. (II Cor 13.4 sv).

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