lundi 9 mars 2009

Ecouter, remède au péché ! - Carême 1. Vendredi - (Ezéchiel 18.21sv)

“Dieu dit : « Ecoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui est déroutante ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? »“.

Vous savez le fond du problème : Dieu avait un projet : “Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance !“. Et pour cela il met l’humanité en marche vers cette Ville dont lui, Dieu, est “l’Architecte et le fondateur“ (Heb 11.10). Et cette ville sera faites de pierres précieuses dont aucune ne ressemble à l’autre (cf. Apoc. 21). Et au lieu de rentrer dans ce projet divin avec enthousiasme, foi, confiance, amour, l’homme, par orgueil prométhéen, élabore des contre-projets : sans cesse les hommes font des briques pour construire des tours à l’assaut du ciel : “Faisons des briques et construisons une tour !“.Cette histoire de la tour de Babel est toujours d’actualité. L’homme veut construire sans Dieu, voire contre Dieu ! C’était l’attitude d’Adam : se mettre à la place de Dieu et sans Dieu. Notre vie et nos projets divers ne manifestent-ils pas cette absence de Dieu ? Faire des briques et encore des briques ! Nous sommes faits pour les épanouissements d’une fécondité divine, alors que l’on s’active dans les esclavages de la production : faire des briques !

Et l’on s’étonne alors de tomber dans les divisions, dans la multiplicité des contre-projets humains… C’est ce que l’on pourrait appeler “l’inversion sacrilège“, que l’on rencontre partout, à chaque page de la Bible : ces “infidélités d’Israël !“, stigmatisées par le prophète : “Quel renversement des rôles. Prendra-t-on le potier pour l’argile ? L’œuvre dira-t-elle de l’ouvrier : « il ne m’a pas faite » ? Le vase dira-t-il du potier : « Il n’y entend rien ! » ?“. (Is 29.16sv). N’est-ce pas là parfois notre attitude, consciente ou inconsciente ? Voilà le péché dans sa racine !

Et faut-il s’étonner que cette attitude émousse considérablement la fine pointe de notre intelligence qui n’est plus capable de se mettre à l’écoute de Dieu, de comprendre le langage discret - pour toujours respecter notre liberté - que Dieu prend de mille et mille façons.

Dieu parle par les Ecritures, évidemment, les Evangiles…, par son Fils…

  • Il parle par la liturgie qui nous fait ruminer la Parole de Dieu !
  • Il nous parle par la vie des saints qui accomplissent la Parole de Dieu !
  • Il nous parle par la nature, langage qu’un Saint François d’Assise savait si bien déchiffrer.
  • Il nous parle par tous les événements de notre vie (En hébreu, le mot “dâbâr“ signifie autant “parole“ que “événement“). Même et surtout peut-être par les événements douloureux. Les auteurs païens de l’Antiquité grecque employaient souvent un jeu de mots, repris par l’épître aux Hébreux (5.8) : “pathêmata – mathêmata“ : “souffrances - leçons“. C’est souvent par la souffrance qu’on apprend ce qu’il y a de plus important et qui ne s’apprend pas dans les livres. Et nous pensons - c’est normal, en un premier temps - : “Cette parole est dure, et qui peut l’entendre ?“ (Lc 8.15) Accueillons-la cependant avec “un cœur noble et généreux“ (Lc 8.15).
  • Dieu parle aussi au-dedans de nous : “Je veux écouter ce que le Seigneur Dieu dit au-dedans de moi“ (Ps 85.9 Vulgate).
  • Dieu parle par des signes qui vont au-delà des paroles humaines : “Souvent il faut se taire : les mots sacrés nous font défaut ; les cœurs battent, et pourtant le langage reste en arrière“ (F. Hölderlin). La mort du Christ en croix par amour n’est-il pas le signe le plus éloquent ? St Ignace d’Antioche appelle la mort du Christ “un mystère retentissant qui fut accompli dans le silence de Dieu“, littéralement “un mystère qui crie“… si nous savons écouter…

“Faites donc attention à la manière dont vous écouter“, nous conseille St Luc. En effet, avant de lancer (consciemment ou inconsciemment) notre cri de rébellion contre Dieu : “Non, je ne servirai plus !“ (Jr 2.20), ce qui est le fond du péché, nous lui disons d’abord (consciemment ou inconsciemment) : “Non, je ne veux pas écouter !“ (Jr. 22.21).

Ayons donc un cœur qui écoute !

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