mercredi 25 mars 2009

Annonciation

"L'Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre"...

On peut dire que le Christianisme est une alliance, une alliance de deux Amours en Jésus-Christ :
  • l'Amour de Dieu qui s'abaisse vers nous par l'Esprit-Saint.
  • l'Amour de l'homme qui monte vers Dieu par Marie.
  • Et Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est le nœud de cette Alliance, la rencontre de cette double tendresse.
Voilà pourquoi nous répétons chaque dimanche : «Par l'Esprit-Saint, Jésus-Christ a pris chair de la Vierge Marie ». Enoncé apparemment fort simple mais lourd de conséquences incalculables dont nous n'achèverons pas de comprendre ni d'épuiser la fécondité.

Certes, l’évangéliste relate bien un événement du passé, si incroyable fût-il : "L'Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre !"

Cependant, sa formule n’est pas anodine ! Elle évoque la présence divine dans l'arche Sainte, couverte de l'« Ombre du Très-Haut », durant les quarante années du peuple hébreu dans le désert ! Marie sera donc, par l'action de l'Esprit-Saint, une nouvelle "arche" où Dieu reposera. Luc veut éveil­ler chez son lecteur le souvenir de la "shékinah", cette présence divine et libératrice qui descend sur Marie comme la gloire du Seigneur était autrefois descendue sur la tente du Témoignage et l'avait remplie d'une divine présence.

Mais est-ce là, de la part de St Luc, pure rela­tion d'un fait historique, lointain, révolu ? Ou veut-il nous laisser entrevoir une loi immuable de l'action de Dieu dans le monde, en chacune de nos âmes ? Restreindre l'Alliance de l'Esprit-Saint et de Marie à la seule naissance de Jé­sus, c'est la réduire au niveau d'un épisode historique qui, si grand soit-il, n'a duré qu'un rapide moment, puis est entré dans le passé ; c'est situer Marie dans l'histoire, mais non dans le présent, dans notre présent, ni dans l'avenir. L'Esprit-Saint ne vient-il pas à tout jamais "couvrir Marie de son ombre" fécondante ? Avec toute l'Eglise, nous croyons que l'union du Saint-Esprit et de Marie est conclue pour tous les siècles, que l'Alliance reste désormais indissoluble, et qu'aujourd'hui encore Jésus continue de naître invisi­blement dans les âmes "de Spiritu Sancto ex Maria Virgine", "par l'Esprit-Saint, de la Vierge Marie". Voilà pourquoi Notre Dame elle-même s'écrira : « Toutes les générations m'appelleront "Bienheureuse" ».

Dès que l'on a compris le sens de cette Alliance, nous comprenons du même coup que nous-mêmes, nous ne pouvons être unis au Christ sans l'Esprit-Saint et, à son rang, sans Marie.

L'Esprit-Saint ne cesse de venir en nous comme l'Envoyé du Fils, comme Celui qui prolonge et achève sa tâche en chacun d'entre nous : «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, avait dit Notre Seigneur, Mais vous ne pouvez les porter à présent. Quand l'Esprit de vérité viendra, il vous guidera vers la vérité tout entière.... Il recevra ce qui est à moi et il vous l'annoncera» (Jean 16/12sv).

Certes, le Christ nous a tout mérité par sa Passion et sa Résurrection, par son sang "versé pour la mul­titude", selon la formule de la consécration eucharistique. Mais ce sang doit être répandu "goutte à goutte", si je puis dire, sur tous les hommes de tous les temps afin d’opérer ce que l’on pourrait appeler la Ré­demption consentie. Et c’est le rôle de l'Esprit-Saint que d’irriguer nos âmes de la vie divine communiquée par le Christ en son mystère pascal.

Oui, le Christ continue de se communiquer à nous "par l'opération du Saint-Esprit". Après avoir produit le "chef œuvre", si je puis dire, il en suscite les imitations. Il fait que le Christ est en nous et que nous sommes dans le Christ. Aussi St Paul s'écrira : «Seuls sont enfants de Dieu ceux qui se laissent mouvoir par l'Esprit-Saint». Qui veut vivre du Christ doit s'ouvrir à l'Esprit-Saint. Qui reçoit l'Esprit s'unit au Christ. - Puissions-nous sans cesse mieux le recevoir pour devenir de plus en plus "vrais fils de Dieu".

Mais on ne peut l'être également sans Marie : « Par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie ». On ne peut séparer Marie de son Fils. On ne peut devenir d'autres christs sans Marie.

Mieux que St Paul, Marie peut témoigner : « Ce n'est pas moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi !». Entre Elle et Lui s'est établi un échange admirable : Marie donnait à Jésus son humanité ; Jésus donnait à Marie une participation toujours croissante à sa divi­nité. La Mère faisait vivre le Fils de sa vie à Elle ; le Fils faisait vivre la Mère de sa vie à Lui.

Or, ni l'Esprit-Saint, ni Marie n'arrêtent leur action à eux-mêmes.

L'Esprit est "don de soi" par le fond même de son être divin. Il est par tout lui-même tendu "vers le Père et le Fils", comme le Père et le Fils sont orientés vers Lui. Il ne peut s'enfermer dans sa perfection propre, fruit de leur amour mutuel, mais Il se porte sans cesse vers eux.

Et Marie, la créature la plus proche de Dieu, participe à cette ou­verture divine, à ce "don" incessant de soi-même. Plus une âme est unie à Dieu, plus elle unit à Dieu. Plus une âme vit en Dieu, plus elle fait vivre de Lui. Marie ne peut donc que nous unir à Dieu, que nous "engendrer" en son Fils. Donner Jésus à chaque âme et au monde entier reste l'unique ambition de cette Mère. Bien plus que St Paul, elle ne cesse de nous dire : « Petits enfants que j'enfante de nouveau jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous !» (Gal 4/19).

En ce temps qui nous achemine vers la fête de Pâques, unissons-nous à l'Esprit-Saint et à Notre-Dame, de sorte que, par leur union en cha­cune de nos âmes, il puisse nous être annoncé à chacun d'entre nous également : Celui qui vient en toi est Saint ; il est le Fils du Dieu Très-Haut… … car rien n'est impossible à Dieu.

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