T.O. 1 Lundi
13 -
l'épitre aux Romains
Avec la lettre aux Romains, nous sommes, avec Paul,
durant l'hiver ou le printemps de l'an 56 ou 57 (au plus tard 58). Pour
l'apôtre, son écrit se situe 21 ou 22 ans après sa conversion sur le chemin de
Damas, 26 ou 27 ans après la résurrection du Christ !
Après moult réflexions émises tout au long des
circonstances de ses voyages apostoliques, de son annonce de l'évangile,
l'apôtre offre certainement dans cette lettre une véritable synthèse où il
aborde les points les plus fondamentaux du dogme chrétien. Il présente cette
synthèse non pas tellement comme le
résultat de réflexions personnelles, mais comme des "lettres de créance"
auprès de cette Communauté de Rome qu'il ne connaît pas.
Aussi, il aborde simplement les problèmes qui
préoccupaient sa pensée.
Il se trouve à un moment capital de sa
"carrière" apostolique :
- Il estime avoir achevé sa tâche en Orient : "Depuis Jérusalem, dit-il, en rayonnant jusqu'à l'Illyrie, j'ai
pleinement assuré l'annonce de l'Evangile du Christ" (15.20).
- Et il se dispose à inaugurer en Occident un
nouveau champ d'apostolat : "J'ai un
vif désir, dit-il, d'aller chez vous
quand j'irai en Espagne" (15.23-24).
Auparavant, il lui reste une mission à remplir : aller
à Jérusalem y porter le fruit des différentes collectes (15.25-26). Bien plus qu'une aumône, c'est, dit-il une obligation
de justice (15.27) dont l'accomplissement
doit affirmer et proclamer publiquement l'unité entre les chrétiens d'origine
païenne avec ceux d'origine juive.
L'Unité, une préoccupation permanente de Paul ! Car
un danger sérieux menaçait cette unité dans l'Eglise. Les crises des Communautés
de Galatie et de celle de Corinthe venaient de le souligner. Bien plus, Paul
n'est pas sûr de l'accueil que va lui réserver Jérusalem. Les Actes des Apôtres
nous montrent que ses craintes n'étaient pas sans fondement ! (Ac. 21.20-26).
C'est pourquoi, en une émouvante supplication, il
implore les chrétiens de Rome de lutter avec lui dans les prières qu'il adresse
à Dieu "non seulement afin qu'il échappe aux incrédules de Judée"
(aux embûches des Juifs), mais aussi afin que "le secours apporté par lui à Jérusalem soit agréé des
Saints" (15.30-31).
St Paul laisse donc apparaître ses préoccupation du
moment, principalement le problème central de l'Evangile et de la Loi qu'il
vient de traiter pour les Galates sur le point de "passer à un autre Evangile". (Gal 1.6). En sa lettre aux Romains, la polémique n'a plus sa
raison d'être. Mais si le ton change, les questions abordées demeurent :
- justification et salut indépendamment de la Loi,
- Œuvre rédemptrice du Christ qui nous est
communiquée par la foi en sa personne,
- Liberté chrétienne et vie dans l'Esprit,
- Unité du dessein salvifique de Dieu depuis Adam
jusqu'à la parousie (rapports entre l'A.T. et le N.T.).
Après une salutation de circonstance et une
affirmation de son union dans le Christ avec la Communauté de Rome qu'il ne
connaît pas mais qu'il désire aller visiter, Paul termine son introduction par
cette phrase lourde de signification :
"Je n'ai
pas honte de l'Evangile!
Il est
puissance de Dieu pour le salut...
(entendons par "salut" : délivrance du
péché, du mal et acquisition de la vie même de Dieu).
Il est
puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d'abord, puis du
Grec".
Origène écrira que pour posséder l'intégrité de
cette vie divine, il faut passer de la foi (ex fide) du peuple ancien, à la foi
(in fidem) du peuple nouveau. Il faut, pour posséder véritablement le Nouveau
Testament, posséder l'Ancien Testament (contre l'hérésie de Marçion). Il faut
affirmer que le Christ récapitule en lui-même toute l'histoire du salut
(l'"économie" divine) depuis Adam jusqu'à l'introduction de tout
homme qui croit dans la Vie divine (décrite par l'Apocalypse).
Il est bon de remarquer aussi que comme pour St
Jean, l'Evangile que Paul proclame n'est pas un système, une théorie, un
ensemble de dogmes, mais toute une pédagogie de Dieu vis-à-vis de l'homme qu'il
appelle au salut, pédagogie qui comprend des vérités à croire, une morale à pratiquer. La foi
n'est pas simple adhésion intellectuelle, mais l'entrée spontané de l'homme
dans le dessein salvifique de Dieu, le don total qu'il fait de lui-même au Dieu
Sauveur !
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