Saints Maur
et Placide, disciples de St Benoît -
15 Janvier
Historiquement, on ne sait pas grand chose sur
St Maur et sur St Placide, tant St Grégoire le Grand qui nous les présente
mêle facilement le "merveilleux" et l'histoire !
Il est très probable, cependant, que St Maur, de par son père et de par sa
mère, était de familles patriciennes les plus illustres de Rome où il naquit en
512. A douze ans, selon une pratique assez répandue, il fut confié aux soins de
St Benoît qui le reçut avec allégresse et l'entoura de son affection
spirituelle. Il le forma si bien au service du Seigneur qu'il put le proposer
en exemple aux autres religieux plus âgés. Très austère, surtout durant la
période du Carême, il était assidu à la prière et gardait un silence rigoureux
!
Par contre, St Grégoire ne satisfait que peu notre
curiosité sur St Placide. On apprend
par le chapitre 9ème de ses "Dialogues" que, lui aussi
fils d'une noble famille, fut présenté à St Benoît en même temps que Maur.
Tandis que Maur, largement son aîné, pouvait recevoir quelques charges, Placide
n'était encore qu'un enfant. Mabillon propose la date de 522 pour la
"présentation" de ces deux jeunes à St Benoît.
Au chapitre 5ème des mêmes
"Dialogues", nous voyons St Benoît, au cours d'une nuit, faire avec
le petit Placide ("parvulo puerulo"),
l'ascension d'un sommet pour y prier afin que le Seigneur y amène l'eau
nécessaire pour la Communauté des moines !
On connait surtout le fameux épisode qui relate que
Placide faillit se noyer en allant puiser de l'eau dans un lac tout proche. St
Benoît dépêcha Maur pour le secourir. Celui-ci, par la force de l'obéissance,
marcha sur les eaux pour ramener le jeune enfant sur la berge. St Grégoire
veut, là, donner une leçon autant d'humilité que d'obéissance !
C'est tout ce que St Grégoire nous rapporte de
Placide. Certaines traditions, peu fondées historiquement, attestent que St
Placide, envoyé par St Benoît fonder un monastère en Sicile, à Messine, fut
pris par les Sarrazins et mourut martyr. Mais rien n'est certain !
Il en est de même, pratiquement, pour St Maur. On
sait cependant que St Benoît emmena avec lui son jeune disciple au Mont-Cassin
pour y combattre l'idolâtrie et établir, avec son concours, un monastère qui
deviendra, si je puis dire, comme la capitale de l'Ordre bénédictin.
L'histoire de la fondation de Glanfeuil à laquelle
les moines de France son attachés - évidemment -, l'histoire de la mort de St
Maur et celle des diverses translations de ses reliques sont moins fondées,
reposant principalement sur une biographie d'un certain pseudo-Faustus...
Mais
peu importe, finalement ! Tout le monde s'accorde pour retenir de ces deux
disciples de St Benoît leurs grandes vertus d'obéissance et d'humilité,
vertus qui, bien pratiquées, disposent fortement à accueillir le Christ en
notre vie, "Lui
qui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à
Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant
condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme
un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et
à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom
qui est au-dessus de tout nom..." (Phil. 2.6sv).
Dès lors,
sachons, à l'exemple des Sts Maur et Placide, que si l'humilité fut l'échelle
par laquelle le Fils de Dieu descendit jusqu'aux fils des hommes, elle est
aussi l'échelle qui nous permet de monter vers Dieu..., comme l'enseigne si
bien et si fortement St Benoît.
La fête des Sts
Maur et Placide est une occasion, peut-être, d'approfondir ces deux grandes
vertus qui peuvent avoir, évidemment, de nombreuses déviances.
- Il faut
toujours un grand acte de notre volonté libre pour obéir, à l'exemple du Christ qui disait : “Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé..."
(Jn 4.34), et qui, la veille de sa mort, priait ainsi : "Père, ... que ce ne soit pas ma
volonté, mais la tienne qui se fasse !" (Lc 22.42). Oui, l'obéissance demande un acte de notre volonté libre, sinon on
risque fort de ne pas obéir, mais de subir. Et ce n'est pas chrétien ! Il ne
s'agit pas tant d'acquérir l'Amour, cette Charité divine que recommande si bien
St Paul par exemple, ...de l'acquérir par obéissance que de pratiquer
l'obéissance par amour... Puissions-nous
arriver à cette Vie d'Amour qui nous place toujours dans les mains
providentielles du Seigneur à notre égard. Ste Thérèse de Lisieux osait écrire
: "Le Bon Dieu fera toutes mes
volontés au ciel, parce que je n'ai jamais fait ma volonté sur la terre"
!
- Cette forme
d'obéissance exige une grande humilité.
Et en ce domaine, il est bon d'avoir beaucoup d'humour. On a dit que
l'humilité, c'est s'oublier soi-même ! C'est surtout, me semble-t-il,
simplement savoir en général se mettre à sa place ! Et c'est déjà beaucoup ! Et
sachons que l'orgueil le moins facile à déraciner, c'est celui de ceux qui
croient ne pas en avoir !
Là encore Ste
Thérèse de Lisieux est une bonne enseignante : A une novice qui affirmait d'un
air nâvré : "Oh ! Quand je pense à
tout ce que j'ai à acquérir !“, elle rétorquait avec humour : "A perdre, voulez-vous dire !" -
Car c'est Jésus qui se charge de remplir votre âme à mesure que vous la
débarassez de ses imperfections... Vous voulez gravir une montagne. Or le Bon
Dieu veut vous faire descendre : il vous attend au bas de la vallée fertile de
l'humilité...".
Et pour
terminer, je ne peux m'empêcher, ici, de citer la première abbesse de Solesmes,
Cécile Bruyère : "Notre Seigneur remplit
avec magnificence les âmes qui sont vides d'elles-mêmes...". Et Dom
Delatte de commenter : "Les âmes qui
reçoivent bien la grâce, la reçoivent toujours dans l'humilité...!“.
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