Ste Geneviève
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Il y a deux ans (!), à propos de Ste Geneviève, je
faisais cette réflexion que même s’il faut faire la part du “merveilleux“ dans
la biographie de cette grande Sainte de notre pays, il est important cependant
de retenir le trait principal de sa personnalité, celui de l’importance de la
prière ! C’est par la prière qu’elle obtenait de Dieu de faire tant de
prodiges !
Car prier, disait St Augustin, c’est simple : c’est penser et aimer tout à la fois.
Penser à Dieu et l’aimer ! Rien autant que la prière ne rend l’homme
familier de Dieu. Et alors, sans même s'en apercevoir toujours et surtout
immédiatement, on obtient beaucoup du Seigneur si la prière est faite avec une
entière confiance. En effet, si prier Dieu, c’est penser à lui et l’aimer, c’est
également penser à son frère et
l’aimer en Dieu. Et cette prière ne peut être sans résultat ! Ste
Thérèse de Lisieux avait bien compris cela ; elle écrivait : “Quelle est grande la puissance de la
prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant accès auprès du roi et
pouvant obtenir tout ce qu’elle demande !“.
Benoît
XVI a expliqué, dans l’une de ses catéchèses, que “plus nous prions avec constance et intensité, plus nous nous
assimilons au Christ qui entre vraiment dans notre vie lui donnant joie et
paix“.
De
plus, disait-il, la prière donne le goût
de prier davantage pour connaître le Christ. Et il expliquait : “Plus nous connaissons, aimons et suivons
Jésus, plus nous ressentons le besoin de nous arrêter en prière avec lui,
recevant sérénité, espérance et force dans notre vie“.
On rencontre le Christ d’abord dans la célébration
de l’Eucharistie, bien sûr ; dans l’Office divin, évidemment ! Mais il faut
le retrouver très souvent en soi-même ; et, pour cela, vaquer plus explicitement,
à certains moments, à la prière silencieuse et personnelle : “faire
oraison“, comme l’on dit !
L’oraison, c’est la rencontre de Dieu dans la foi.
La prière se fera alors, le plus souvent, une très humble recherche. Car
la prière requiert obligatoirement une très grande humilité. Marie de
l’Incarnation disait : “Il n’y a pas
de vraie oraison ni de vrai esprit intérieur sans l’esprit d’humilité et de
vraie abnégation de soi-même. L’oraison et l’humble abnégation doivent aller du
même pas. Autrement, toutes nos dévotions sont suspectes !“.
D’ailleurs, disait Maxime le Confesseur, “l’humilité
elle-même est une prière continuelle !“. Tout ce qui est humble est
prière !
Oui, la prière est d’abord une très humble
recherche de Dieu, recherche obscure et comme à tâtons, recherche parfois
douloureuse, crucifiante même ! Car la prière peut être une très longue
marche, comme à travers l’aridité d’un désert, vers la montagne de Dieu, à
l’exemple du prophète Elie, le grand priant !
Et si le Seigneur manifeste sa présence, s’il daigne
nous visiter, il faut savoir que cela ne provient pas de nos propres efforts -
Pauvres de nous ! -, mais de sa miséricorde toute gratuite !
Oui, la prière est une très humble recherche de
Dieu, un grand désir - le “saint désir“, a-t-on dit - de la visite du Seigneur,
la désirer de tout son cœur ! Car prier, c’est d’abord veiller dans cette
attente de sa venue, à l’heure que lui connaît ! Il faut chaque jour
renouveler ce “saint désir“, sans jamais se lasser, se décourager.
Oui, prier, c’est avoir soif de la visite du
Seigneur, c’est marcher à la rencontre de Celui qui vient, qui ne cesse de
venir, c’est chanter comme le psalmiste : « De toi, mon cœur a dit : “Cherche sa face“. C’est ta face,
Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face ». (Ps 27.8-9).
Si le Seigneur tarde, il faut savoir attendre, car
il viendra sûrement !
Et quand le Seigneur fait visite, la prière n’est
plus alors qu’un élan du cœur vers le Seigneur dans l’allégresse de l’Esprit-Saint.
Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus disait encore : “Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur ; c’est un simple
regard jeté vers le ciel ; c’est un cri de reconnaissance et d’amour au
sein de l’épreuve comme au sein de la joie. Enfin, c’est quelque chose de
grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus !“. Jean-Baptiste
ne disait-il pas que “l’ami de l’époux est
ravi de joie à la voix de l'époux. Telle est ma joie, et elle est complète“ (Jn 3.29). Evagre le Pontique écrivait : “Si, dans l’oraison, tu rencontres une joie
supérieure à toute autre, tu as trouvé la vraie prière“.
Sachons encore que si la visite du Seigneur est une
manifestation toute gratuite de la bienveillance divine, il ne faut surtout pas
pour autant oublier de s’y préparer. Dieu reste le Maître de ses dons ;
mais la prière est normalement ce qu’aura été sa préparation. Toute la
Tradition de l’Eglise, tous les saints le disent à l’envie : Il ne faut ne
rien négliger pour se recueillir, se purifier, afin d’être totale disponibilité
à l’exemple de Marie : “Je suis la
servante du Seigneur !“
L’oraison se fera parfois sous forme d’adoration,
d’action de grâces, de demande de pardon ou de supplication en vue d’obtenir
certaines grâces.
Parfois ces quatre mouvements de l’âme se
succèderont au cours d’une même prière. Parfois, l’Esprit-Saint invite à
s’arrêter de préférence à l’un ou l’autre d’entre eux.
Finalement, il n’existe qu’une seule méthode pour
prier : celle du Saint-Esprit qui l’adapte à chacun selon son bon vouloir.
C’est lui qui prie en nous : “L’Esprit
lui-même intercède en nous en gémissements inexprimables“ (Rm 8.26). “Dieu
a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : « Abba -
Père ! »“ (Gal. 4.6). L’Esprit
vient pour laisser Jésus continuer en nous sa prière solitaire et rédemptrice,
pourvu qu’on le laisse faire et que nous soyons assez dépouillés et vides de
nous-mêmes pour s’abandonner à son action sanctifiante, sans le “contrister“, ni l’“éteindre“, nous dit encore St Paul (Ephes
4.30 ; I Thess 5.19). Car la prière et la grâce sont dans les mêmes
relations qu’un cri et son écho.
Et puis, disons-le franchement : quand
fatigués physiquement, psychiquement, intellectuellement, et spirituellement,
il nous semble que nous n’avons vraiment rien à donner au Seigneur, nous
pouvons encore plus que tout : une prière, et quelle prière !... Une
belle prière de pauvre !
C’est ainsi que St François de Sales écrivait à
l’une de ses pénitentes : “Ma très
chère fille, ne vous amusez point au temps de l’oraison à vouloir savoir ce que
vous faites et comme vous priez, car la meilleure prière ou oraison, c’est
celle qui nous tient si bien employés en Dieu que nous ne pensons point en
nous-mêmes ni en ce que nous faisons !“.
Autrement dit : Ne nous amusons pas en
nous-mêmes, mais seulement en Dieu… !
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