St Basile le
Grand !
On ne peut, ici en ce prieuré, ne pas
parler quelque peu de St Basile, appelé “Le Grand“, père des moines d’Orient
que St Benoît lui-même nomme “notre père !“ en finale de sa Règle.
Basile était d’une famille chrétienne
remarquable. Certains de ses aïeux s’étaient rendus célèbres par leur
ferveur dans la foi durant la dure persécution dioclétienne (303-304). La foi chrétienne considérée, pour
diverses raisons, comme une atteinte au pouvoir impérial, était alors un crime
de “lèse-majesté“ passible de mort !
Son père exerçait à Césarée de Cappadoce la
profession de rhéteur et d’avocat.
Sa mère était fille de martyr et sœur d’un
évêque !
Cette famille, à tout le moins exemplaire, compta
dix enfants (5 garçons, 5 filles). Trois
devinrent évêques (Basile, Grégoire de Nysse - célèbre sur le plan monastique par sa “Vie de Moïse“
- et Pierre de Sébaste). L’aînée
des filles fut Ste Macrine. Famille chrétienne s’il en fut, difficile à
surpasser !
Le jeune Basile (né
en 329) fut instruit par son père qui le confia ensuite à des maîtres de
Césarée. C’est alors que débuta sa grande amitié avec Grégoire de Nazianze.
Puis, il partit achever ses études à Constantinople et enfin à Athènes où il
retrouva Grégoire. Leur amitié fut un bain d’humanisme avant d’être une
immersion dans le Christ !
Je ne peux m’empêcher, sur ce sujet, de citer
Grégoire de Naziance :
“Si quelqu’un
devait me demander, écrira-t-il, quelle
est la meilleure chose en cette vie, je répondrais : des amis !“
En la ville d’Athènes il écrivait : “Comme le courant d’un fleuve, à partir
d’une source unique, se divise en plusieurs bras, Basile et moi, nous nous
étions séparés pour aller chercher le savoir dans des régions différentes. Mais
nous nous sommes retrouvés comme à la suite d’un rendez-vous, alors que c’était
Dieu qui nous menait…“. Au début, “nous
nous étions avoués notre passion commune, à savoir que nous n’avions d’ardeur
que pour la philosophie. Alors, nous fûmes tout l’un pour l’autre, ayant même
toit, même table, même vie, même horizon. Nous étions conduits par les mêmes
espérances envers la richesse la plus enviée : la science ! Mais il y
avait entre nous aucune envie, nous ne cherchions que l’émulation. Il y avait
entre nous deux, non pas à qui obtiendrait la première place, mais comment
chacun la cèderait à l’autre. Car chacun considérait l’éloge obtenu par l’autre
comme étant le sien !“.
Et ainsi, de plus en plus, “nous n’avions tout deux qu’une seule
affaire : la vertu ; et notre vie était dirigée vers les espérances
futures, pour nous préparer à quitter ce monde en y renonçant déjà. C’est dans
cette espérance que nous organisions toute notre vie et notre manière de
faire…, nous excitant mutuellement à l’amour de la vertu… Pour nous, la grande
affaire et le grand nom, c’était d’être chrétiens et d’en porter le
nom !“.
Ainsi, tous deux nous montrent que si le chemin de
l’amitié commence souvent par des sentiments humains - toujours à purifier parce
que toujours ambivalents par trop de sensiblerie égoïste qu’ils peuvent recéler
- le chemin de l’amitié peut aller jusqu’à l’amour même de Dieu rayonnant alors
sur toute relation. C’est l’idéal qui se réalisera totalement en Dieu, car
c’est en lui que nous nous verrons mutuellement.
Après Athènes, Basile revint en Cappadoce où
il fut baptisé par l’évêque de Césarée, Dianios. C’est alors qu’il se voua
totalement à la vie monastique. Il entreprit, en 327, un voyage d’étude au
cours duquel il visita les solitaires les plus renommés d’Egypte (les fameux déserts de Scété et de Nitrie), ceux
de Palestine (Peut-être St Hilarion à Gaza, le
fondateur de la vie monastique en Palestine), ceux de Syrie…, de
Mésopotamie…
C’est ainsi qu’il put disposer toutes choses avec
sagesse dans la fondation monastique qu’il établit, dans le Pont, sur les bords
du fleuve Iris. Les disciples accoururent. Les moines menaient une vie
consacrée à Dieu par la prière et le travail - intellectuel et manuel -,
dispositions que l’on retrouve, bien sûr, chez St Benoît.
En 358-359, Basile rédigea pour ses moines des
instructions générales dites “Grandes Règles“, remarquables de
sagesse et de modération. Plus tard, il écrivit des exhortations et des
conseils plus particuliers, dénommés “Petites Règles“. Il composa en
outre une anthologie du grand Origène, la “Philocalie“ !
Assez vite, cependant, il fut arraché à son
monastère et mêlé aux controverses religieuses. Pour cette raison, il fit un
séjour à Constantinople. Il revint à
Césarée où il assista à la déposition de Dianios, l’évêque qui l’avait baptisé.
Il retourna en son monastère, mais revint
très vite à Césarée assister cet évêque mourant et repentant (362).
C’est alors qu’Eusèbe fut élu au siège vacant. Eusèbe
est un intellectuel, admirateur d’Origène ; on le connaît surtout par sa fameuse “Histoire ecclésiastique“. Hésitant perpétuel sur le plan de la doctrine et de
la pratique, se sentant pas très capable, il eût la prudence de s’adjoindre
Basile comme conseiller !
Il est vrai que Basile était plus nécessaire que
jamais, l’empereur Valens étant très favorable à l’arianisme. Partout, il
faisait signer à beaucoup d’évêques les formules hérétiques du Concile de
Rimini (359). Il déposait et remplaçait
les récalcitrants. Mais à Césarée, le prestige extraordinaire de Basile en
imposa tellement à Valens que les chrétiens ne furent pas inquiétés.
Eusèbe de Césarée mourut en 370. Et Basile, non
sans difficultés, fut élu à sa place. Il eût beaucoup à souffrir des
tenants de l’arianisme. Mais, avec l’aide d’Athanase (évêque d’Alexandrie +373), il sut défendre la doctrine du
Concile de Nicée !
Cependant, sa santé qui avait toujours été faible,
fut ruinée par les travaux, les soucis et une trop rigoureuse ascèse. Il mourut
le 1er janvier 379, à 49 ans seulement, au moment où la persécution
avait pris fin.
Ainsi le grand soldat du Christ mourut au moment où
s’apaisait la tourmente.
Il me plait pour terminer de souligner un des
grands enseignements de Basile. Voici ce qu’il écrivait, jeune converti à
l’idéal monastique, dans une lettre à son ami Grégoire de Naziance :
“Une
excellente méthode à suivre pour s’initier à la perfection, c’est… la
méditation des Ecritures divinement inspirées. On y trouve des règles de
conduite ; de plus, les histoires des bienheureux y sont narrées comme
autant d’exemples expressifs de la vie selon Dieu.
Celui qui
aime la chasteté feuillettera assidûment l’histoire de Joseph…
De même, Job
est un modèle de force d’âme.
David
enseigne patience, douceur et courage.
Moïse supportait les
injures personnelles, mais vengeait avec éclat les outrages à Dieu…“.
Suivons les conseils de ce grand “Docteur“ de
l’Eglise. Méditons les Ecritures. Lisons la vie des Saints également.
Imitons-les pour toujours mieux suivre le Christ… !
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