21 Janvier 13 – Ste Agnès
Ste Agnès, fut
d'abord vénérée et grandement admirée comme martyre, célèbre entre toutes. Son
exécution, (accompagnée de récits
merveilleux selon la légende), eut lieu,
par décapitation, vers 303, durant la terrible persécution de Dioclétien. St
Ambroise qui en fait le récit dans son célèbre ouvrage "De Virginibus“
(écrit en 375) fut fortement ému par le courage de cette jeune fille de douze ans
seulement ! Il émaille son discours d’antithèses qui soulignent son
enthousiasme admiratif :
- “Elle n’avait point l’âge pour le supplice et elle
était capable d’en triompher !“.
- “Elle était maîtresse consommée en fait de courage,
elle qui en était dispensée par son âge !“. ...
A l'occasion de la fête de cette petite fille devenue
grande martyre, il est bon de nous
rappeler que la vie chrétienne suppose cette héroïcité du sacrifice total de
soi-même, et que la vie monastique fut d'abord conçue, après les
persécutions, comme le succédané du martyre...
Quiconque adhère
à Dieu par la charité doit avoir une horreur foncière du mal : “Que votre charité, dit St Paul, soit
sans feinte, détestant le mal, solidement attachés au bien..." (Rm 12.9). Il doit se garder pur, recomandation que fait St Paul à
son disciple Timothée : "Garde-toi
pur" (I Tim 5.22). Or, cette
exigence est toujours un combat qui peut aller jusqu'au martyre...
Ainsi, le chrétien doit sans cesse se dévêtir du vieil
homme corrompu, comme d'un manteau souillé : "Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements..." (Col 3.9.). "Nous
devons rejeter le péché qui nous assiège..." (Héb 12.1). Selon le
précepte du Seigneur, le disciple doit être constamment "sur ses gardes“ :
"Tenez-vous sur vos gardes, de peur
que vos cœurs ne s'appesantissent dans la débauche, l'ivrognerie, les soucis de
la vie" (Lc 21.34). Il faut
toujours “prendre garde“, qu'il s'agisse de l'hypocrisie - ferment de
corruption - ou de la doctrine des pharisiens : "Méfiez-vous du levain - c'est-à-dire de l'hypocrisie - des
Pharisiens“. (Lc 12.1). "Méfiez-vous
des scribes qui se plaisent à circuler en longues robes, qui aiment les
salutations sur les places publiques, et les premiers sièges dans les
synagogues et les premiers divans dans les festins. (20.46).
Bien des textes du N.T. indiquent que le diable, le monde
ou l'"épithumia" - le
désir, la passion - ne cessent de faire la guerre à l'âme : "je vous exhorte,disait St Pierre, à vous abstenir des désirs charnels, qui
font la guerre à l'âme. (I Pet 2.11).
Cette pureté n'est pas affaire seulement de sanctification,
de purification, mais de résistance et de lutte. De même que le Christ a
supporté un violent assaut des pécheurs contre sa personne (Cf Héb. 12.3), ses disciples
se caractérisent par un antagonisme radical contre le péché. "Le Royaume des Cieux, disait
Jésus, souffre violence, et ce sont les
violents s'en emparent" (Mth 11.12).
Aussi, le chrétien est essentiellement un combattant, ce
que le Nouveau Testament - surtout avec St Paul - exprime sous des métaphores
athétiques et militaires, ce qui suppose non seulement ascèse et entraînement
rigoureux (Cf I Co.
9.25), mais une
endurance et un courage inlassable dans les conjonctures les plus dangereuses :
"Nous sommes pressés de toute part,
mais non pas écrasés ; ne sachant qu'espérer, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; terrassés, mais
non annihilés" (2 Co. 4.8-9).
Aussi bien, St Paul évoque le croyant comme un soldat de
métier (I Tim 1.18), suppportant
virilement tous les sacrifices de sa profession : "Partout des tribulations, disait St Paul : au-dehors, des luttes ; au-dedans, des
craintes" (2 Co. 7.5).
Mais si les armes des chrétiens sont évoquées par des
méataphores militaires et de lutte, par contre, le combat lui-même est
désigné par référence au supplice du Seigneur qui "endura une croix" (Heb 12.2) et "une si
grande contradiction de la part des pécheurs" (V/13). Le Maître, en
effet, avait fait du portement de croix la condition essentielle du disciples :
"Quiconque ne porte pas sa croix et
ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple" (Lc 14.27). Il entendait
par là un esprit d'abnégation, un renoncement effectif à soi-même qui pouvaient
conduire - le cas échéant - jusqu'à la mort.
A une époque de persécutions, où les disciples supportaient
de tels assauts de souffrances -
"Rappelez-vous ces premiers jours, où après avoir été illuminés, vous avez
soutenu un grand assaut de souffrances..." (Heb. 10.32) -, la perspective
du martyre était parlante. C'est ainsi qu'il faut comprendre la remarque de la
lettre aux Hébreux : "Ce n'est pas
encore jusqu'au sang que vous avez résisté..." (Heb 12.4). Il semble
d'ailleurs que certains magistrats du pouvoir persécuteur aient hésité parfois
à prononcer des condamnations à mort, "n'osant
aller jusqu'à l'effusion de sang", dit Eusèbe de Césarée (Histoire Ecc.
VIII.4,4).
En tous les cas, accepter de suivre le Christ
éventuellement jusqu'au calvaire, c'est de toute façon faire d'avance le
sacrifice de sa vie.
Lorsque les apôtres mettent le Christ crucifié au centre
du "kérygme", au centre de leur première prédication, ils le
désignent d'abord comme auteur du salut, mais aussi comme le Maître
que les disciples doivent imiter : "Le
Christ ayant donc souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de cette même
pensée..." (I Pet 4.1) Le Christ est
le Docteur d'une morale de crucifixion, à savoir : une opposition radicale soit
aux ambitions et aux jouissances terrestres, soit aux passions et aux
convoitises de la chair : "Ceux qui
appartiennent au Christ Jésus, dit St Paul, ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises..." (Gal 5.24) - "Pour moi, dit-il encore, que jamais je ne me glorifie sinon dans la
croix de notre Seigneur Jésus Christ, qui a fait du monde un crucifié pour moi
et de moi un crucifié pour le monde" (6.14).
"Ceux
qui apparatiennent au Christ...", dit St Paul. Ceux qui vivent du
Christ, pourrait-on dire, qui vivent dans le Christ, qui vivent
de son Amour, de cet Amour qu'est Dieu, Père, Fils, Esprit-Saint ! Voilà la
source de tout renoncement, du renoncement à la vie d'ici-bas, s'il le faut.
Ceux qui adhèrent au Christ par la charité... C'est la seule explication que l'on peut donner
pour expliquer un tel renoncement comme celui de Ste Agnès... et de tant
d'autres ! Voilà pourquoi, les martyrs revendiquaient facilement et avec joie le titre de
"Chrétien“ !
Que le Seigneur nous donne un peu de cet esprit de combat
et, s'il le faut, de renoncement au milieu des difficultés, voire des dangers,
que nous pouvons parfois rencontrer !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire