22 Novembre - Ste Cécile -
Ste Cécile, patronne des
musiciens, des chorales liturgiques !
Le pape Benoît XVI qui naguère
a écrit un petit ouvrage sur "le
sens de la musique" disait dans son célèbre discours au collège des Bernardins
à Paris, le 22 Septembre 2008 : "De
l'exigence capitale (pour une chrétien) de parler avec Dieu et de le chanter sont
nés le chant, la musique. Ce n'est pas
là l'œuvre d'une créativité personnelle où l'individu, prenant comme
critère essentiel la représentation de son propre moi, s'érige un monument à
soi-même (car il y
a toujours ce problème de l'orgueil prométhéen !). Il
s'agit plutôt de reconnaître attentivement, avec les oreilles du cœur, les
lois constitutives de l'harmonie musicale de la création, les formes essentielles
de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l'homme, et d'inventer
une musique digne de Dieu qui soit en même temps authentiquement digne de
l'homme et qui proclame hautement cette dignité".
C'est clair : pour le pape, la
musique religieuse dérive de la liturgie qui chante le mystère de Dieu et
les "merveilles" qu'il accomplit pour les hommes. Pourquoi ? St
Augustin répond en un mot que la vie de Ste Cécile, amante du Christ, ne peut
que confirmer : "Cantare amantis
est, chanter est le fait de celui qui aime !". Aimer Dieu et le
chanter ! Aimer les "merveilles" de Dieu et les célébrer !
Aimer Dieu et le chanter !
- La liturgie est une
participation au dialogue trinitaire du Père et du Fils exprimé dans le souffle d'amour de leur Esprit commun.
Elle s'enracine en cette affirmation de St Jean (1.1) : Au commencement était le Verbe (Parole). Et le Verbe était en élan vers
le Père. Les textes liturgiques, les chants liturgiques nous font participer à
cette "Parole divine" - le Verbe de Dieu - adressée au Père par le
lien de leur Esprit d'Amour
- "Et le Verbe était Dieu. Tout fut par Lui ! Et rien de ce qui fut
ne fut sans Lui !" La liturgie est une "action de grâces"
pour tout le créé confié à l'homme. Elle chante le chant aux
extraordinaires harmoniques qui éclatent du plus petit atome jusqu'aux
constellations des étoiles en passant par la "merveille" qu'est
l'homme lui-même : "Je chante la
merveille que je suis", déclamait le psalmiste (138.14). Toute la Bible et
principalement les psaumes chantent l'action permanente du Verbe de Dieu,
Créateur de toutes choses ! Et la liturgie est bien une action de grâce
reconnaissante !
- "Et le Verbe s'est fait chair" pour nous faire connaître
Dieu, nous mettre en relation, en alliance avec Dieu ! La liturgie célèbre
ce "Verbe divin" qui s'est fait chair afin de nous conduire déjà
jusqu'à l'intime de Dieu et de nous faire participer aux chants des myriades
d'anges qui, sans cesse, célèbrent les noces éternelles de l'Epoux et de
l'Epouse : du Christ et de l'Eglise. En union avec la Jérusalem céleste, la
liturgie nous permet de célébrer, avec toutes les fibres de notre être, les
réalités du ciel vers lesquelles on aspire...
Aussi, les Anciens disaient
que la liturgie nous fait "psalmodier
avec sagesse" - "psallite sapienter" - ...nous fait
psalmodier un chant qui dépasse nos capacités humaines et en lequel la
recherche orgueilleuse d'un "bien chanter" est déplacée ! Car s'il
y a le chant du corps, il y a surtout le chant du cœur ; et c'est ce chant
du cœur qui est le plus important, car c'est un chant que Dieu lui-même nous
inspire !
St Augustin l'affirme à sa
manière en parlant de la "jubilation" bien supérieure à toutes
expressions corporelles : "Bien
chanter pour Dieu, c'est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela
consiste-t-il ? C'est comprendre qu'on ne peut pas expliquer par des paroles ce
que l'on chante dans son cœur. En effet, ceux qui chantent, en faisant la
moisson ou les vendanges, lorsqu'ils se mettent à exulter de joie par les
paroles de leurs chants, sont comme gonflés d'une telle joie qu'ils ne peuvent
pas la détailler par des paroles ! Ils renoncent à articuler des mots, ils
éclatent en cris de jubilation ! Ce cri est un son manifestant que le cœur
enfante des sentiments qu'il ne peut exprimer".
Le mouvement
d'action de grâce qui s'exprime pour nous dans la liturgie est comme une
réponse à l'incarnation du Verbe de Dieu - "Et le Verbe s'est fait chair !" -.
Le Verbe de
Dieu s'est fait parole d'homme ! Il se fait en nous parole humaine, chant
humain, musique humaine. Il y a bien "passage" du divin aux sens
humains : incarnation. Mais - remarquons-le bien également -, ce
"passage", cette transformation du Verbe divin en paroles humaines,
en chants humains est aussi, inversement, spiritualisation de la chair, de nos
sentiments qui, à un certains degré, n'arrivent plus à s'exprimer ! Et c'est
cela "jubiler" : manifester un au-delà des mots, un au-delà
du rationnel parce qu'on rejoint le "Verbe de Dieu" inexprimable,
parfaitement et totalement !
Et c'est
d'ailleurs en ce sens que le pape Benoît XVI invite fortement à la liturgie
même ceux qui ne peuvent chanter : "Il
est de fait, dit-il, que beaucoup de
gens sont davantage capables de chanter avec le cœur qu'avec leur bouche, et
leur cœur chante véritablement lorsqu'ils entendent le chant de ceux à qui il a
été donné de chanter aussi avec la bouche. Si bien qu'en ces derniers, ils chantent
en quelque sorte eux-mêmes ; et ainsi écoute reconnaissante et chant des
chanteurs deviennent ensemble une louange unique de Dieu !". Une
parfaite jubilation !
En reprenant
un apologue de Gandhi, le pape écrivait : "Dans
la mer vivent les poissons, et ils sont muets ; les animaux sur la terre crient
; mais les oiseaux, dans le ciel, chantent. A la mer appartient en propre le
silence, à la terre le cri et au ciel le chant. Mais l'homme est participant
des trois. Il porte en lui la profondeur de la mer, la pesanteur de la terre et
la hauteur du ciel. Et c'est pourquoi leurs trois caractéristiques sont aussi
les siennes : le silence, le cri et le chant".
C'est dire sans
doute que c'est du silence que jaillit le chant. C'est dire aussi que le
chant doit souvent revenir à sa source : ce silence qui, discrètement, secrète
toutes les jubilations d'adoration.
Que Ste
Cécile nous aide à célébrer le Seigneur et par nos silences, et par nos chants,
et par nos jubilations inexprimables mais si riches qu'elles contiennent toute
notre foi, toute notre espérance, tout notre amour de Dieu et des hommes, nos
frères... !
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