11 Juillet - St Benoît,
Fête de St
Benoît (+ 547), proclamé "Patron de l'Europe", par le pape Paul VI, le 24 Octobre
1964.
Si on
parcourt le second livre des "Dialogues"
du pape St Grégoire le Grand (+ 604) qui relate
la vie de St Benoît, on constate que le grand fondateur de la vie monastique en
Europe est souvent qualifié d'"homme
de Dieu" ou de "serviteur
de Dieu" !
Les deux
expressions sont, me semble-t-il, identiques : l'"homme de Dieu" est
au service de Dieu, au service du Christ, le "Serviteur"
par excellence qu'il doit imiter, suivre.
Il doit être
comme Marie, la mère du Christ, qui, elle-même, dès l'Annonciation, se
reconnaît "Servante de Dieu"
(Lc 1.38), de sorte que toute l'Eglise
dont elle est l'image doit sans cesse être, elle aussi, en
"diaconie", en état de service !
Autrement
dit, l'"homme de Dieu", le "serviteur de Dieu" doit
faire de toute son existence une vie "diaconale", doit s'élever,
du fait même de son baptême, à la dignité de "diacre" (1) sans
obligatoirement recevoir le sacrement de l'ordination diaconale.
Il est à
remarquer d'ailleurs qu'une tradition issue de St Bonaventure rapporte que St
Benoît était diacre. Probablement ! En tous les cas, toute sa vie fut un "service du Seigneur", un "opus Dei", un travail pour
Dieu.
Et ce serait
pour suivre cet exemple que St François d'Assise serait resté diacre sa vie
durant, par humilité.
Il est à
remarquer encore que le Concile Vatican II fait du ministère épiscopal lui-même
une "diaconie", un véritable "service" en faveur de Dieu,
en faveur du peuple de Dieu (L.G. 24). Aussi, le
pape lui-même se dit "Serviteur des
serviteurs" de Dieu !
St Benoît
avait bien conscience que sa fonction de Père Abbé (du "Mont-Cassin") devait être pour lui non pas un
titre honorifique, mais un signe, le signe de la présence du Christ, lui
qui n'était venu en ce monde que pour servir et non pour être servi (Mth 20.28).
Ainsi, quand
on prend conscience de notre vie de baptisé - a fortiori d'une vie consacrée, d'une
vie sacerdotale -, on doit tendre obligatoirement à une vie de sainteté,
celle du Christ, "Serviteur et Sauveur" ; et "Sauveur"
parce que "Serviteur" ; on doit tendre à cette vie de sainteté que le
Christ-Serviteur communique à celles et ceux qui veulent le suivre
véritablement et humblement sur le chemin de l'Evangile !
De ce fait, la
vie "diaconale" dont St Benoît est un exemple, cette vie de
"service", - celle de tout baptisé d'abord - qui exige donc une vie
sainte, comporte obligatoirement un aspect pastoral, un "ministère de
la parole" afin, dit St Benoît dans sa Règle (2.5), de répandre autour de soi le "ferment de la sainteté" !
Aussi est-il
dit encore que, pour témoigner, pour prendre la parole au milieu de ses
frères en bien des circonstances, le P. Abbé doit avoir grand souci de
fréquenter assidûment la "Parole
de Dieu", les Ecritures, tant à l'Office divin que dans ce qu'on
appelle la "lectio divina", la lecture amoureuse de la "Parole
de Dieu" !
C'est sans
doute pour cette raison que le "Patriarche
des moines d'Occident" est facilement représenté avec un livre à la
main. Non pas spécialement le livre de sa Règle ! Mais bien plutôt celui des
Evangiles, le Livre de la Parole de Dieu ! St Benoît en était si pénétré que
personne - pas même un cruel tyran du nom de Zella venu pour le maltraiter (2.31) - ne pouvait le distraire de
cette lecture, ne pouvait lui ôter la paix de l'âme qu'il en recevait, ne pouvait
l'empêcher de transmettre cette paix même à ce tyran qui de féroce devint doux
comme un agneau... !
A l'exemple
de ce Père spirituel qui reçut tellement force et puissance de vie de la "Parole
de Dieu", aimons, nous aussi, nous en nourrir. Elle nous maintiendra en "paix"
malgré les adversités du monde présent - si cruelles soient-elles -, en cette "paix"
devenue la caractéristique de toute "maison monastique" :
"Pax" - "Paix" !
[Avec
l'aide, bien sûr, de Marie, la mère de Dieu, bâtissons véritablement et sans
cesse le Prieuré "La Paix Notre-Dame" !].
De même
encore, cette "vie diaconale", cette "vie de service", fera
acquérir pour tous - même non prêtres ou diacres - une grande et
respectueuse attention pour le "Corps du Christ" qu'est l'Eucharistie.
St Benoît recevait ce "Pain venu du
ciel" avec une foi si profonde et en même temps avec une si grande
liberté que beaucoup en étaient étonnés.
Un jour, il
avait menacé d'excommunication des Religieuses bavardes et médisantes (Cela
peut arriver, mais rarement, à n'en point douter !). Elles moururent et, même
ensevelies, on les voyait quitter l'église au moment de la communion. Benoît à
qui ces faits furent rapportés donna la consigne suivante : "Allez, et faites présenter pour elles
au Seigneur cette offrande (de l'Eucharistie), et elles ne seront plus
séparées de la communion des fidèles !".
Et St Grégoire
le Grand d'ajouter : "Dès que cette
offrande fut présentée pour elles et que le diacre avertit, selon l'usage, ceux
qui ne communiaient pas de sortir de l'église, on ne les vit plus sortir comme
auparavant, ce qui prouve avec évidence... qu'elles avaient été reçues à la
communion de Dieu, par le ministère de son serviteur", Benoît (2.23). Récit bien naïf, amusant, et
peu historique sans doute ! Cependant il souligne chez St Benoît une grande foi
en la puissance de l'offrande eucharistique pour les vivants comme pour
les défunts. Pratique moins fréquente aujourd'hui ! C'est dommage. Car célébrer
le Christ en son mystère pascal renouvelé par l'Eucharistie, c'est toujours
relier pour quiconque ciel et terre, c'est établir pour vivants et défunts un
"pont" entre terre et ciel. Le Christ est bien notre
"Pontifex", celui qui fait le "pont", le lien entre Dieu et
les hommes !
Et à propos
de sa propre mort, St Benoît, dit St Grégoire le Grand, "prépara son passage à une autre vie par la réception du Corps
et du Sang de Notre Seigneur !" (2.37). Il est impressionnant de
constater combien St Benoît, dès le 6ème siècle, était assidu à la
participation de l'Eucharistie, combien il avait compris cette parole du
Seigneur : "Celui qui me mange vivra
par moi" (Jn 6.57).
St Paul, en
sa lettre aux Colossiens, évoquant les questions complexes de nourriture et de
boisson, de fêtes, de lunes et de sabbats, écrivait : "Tout cela n'est que l'ombre des choses à venir ; mais la
réalité, c'est le Corps du Christ !" (2.17). Le Réel, c'est le Corps du
Christ. Réalisons-nous, à l'exemple de St Benoît, que l'Eucharistie contient
substantiellement le Bien spirituel de toute l'Eglise, contient le Corps du
Ressuscité qui seul peut donner Vie éternelle ?
Facilement,
nous cherchons, nous, non plus des solutions à des questions "de nourriture, de boisson",
etc, comme au temps de St Paul..., mais nous recherchons des impressions, des
relations, des affections et que sais-je encore. Et c'est parfois bon. Mais
souvent, nous nous faisons illusion et nous trompons notre faim et notre désir.
Laissons-nous surtout attirer par le Christ, aimons son Corps eucharistique ;
c'est par Lui que nous faisons déjà partie de son Corps qu'est l'Eglise en
attendant de participer pleinement et éternellement à la vie de son Corps
glorieux !
Laissons
cette parole descendre en notre âme comme elle était descendue en celle de St
Benoît : "La réalité, c'est le Corps
du Christ !".
(1) "Diacre" en grec signifie
"service".
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